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Le modèle économique social communautaire productif et le « miracle bolivien »

Par Viviana DìazFrias *

La Paz (Prensa Latina)Depuis cinq ans, le Produit Intérieur Brut (PIB) de la Bolivie a augmenté, en moyenne, de cinq pour cent, ce qui en fait le pays ayant le plus fort taux de croissance économique de toute l’Amérique du Sud.

Ce progrès est reconnu à sa juste valeur par la communauté internationale, car, avant l’année 2006 et le début du changement, la Bolivie faisait partie des pays de la région ayant le taux de croissance le plus bas.

La clef de ce « miracle bolivien » est une politique économique différente que l’administration a mise en œuvre lorsque Evo Morales est devenu président. Son nom: le modèle social communautaire et productif.

ORIGINE DE CE MODÈLE.

D’après la revue « Économie Plurielle » du Ministère bolivien de l’Économie et des Finances Publiques, le modèle social communautaire productif s’est développé comme contrepoint au modèle néolibéral.

Quelque part autour de 1999, quand la Bolivie vivait les années d’apogée du néolibéralisme, à l’époque où les investissements du capital étaient à leur maximum, des anciens militants du Parti Socialiste -1 (PS-1) commencèrent à imaginer le post néolibéralisme.

Ce groupe de militants – qui adopta plus tard le nom de « Duende »

(« Lutin »)- se composait de professeurs comme Luis Alberto ArceCatacora, professeur à la Grande Université de San Andrés (UMSA) et ancien ministre de l’Économie dans l’administration d’Evo Morales.

Les concepteurs de ce nouveau projet partaient du principe que Francis Fiukuyama, dans son livre intitulé « La Fin de l’Histoire », émettait des hypothèses erronées car le capitalisme  n’est pas, comme il le supposait, l’unique ou le dernier stade de l’histoire. Au-delà, il existe encore autre chose, affirmaient les membres de « Duende »dans leurs écrits.

À peu près à la même époque, Alvaro Garcia Linera, maintenant vice-président de Bolivie, faisait de son côté des recherches sur les questions sociales. Lui aussi forma une équipe: « Comuna » (« La Commune »), que rejoignirent Raul Prada, Luis Tapia et Oscar Véga, entre autres.

Lors d’une rencontre avec le groupe « Duende »,  Garcia Linera s’aperçut que plusieurs positions des deux groupes coïncidaient et qu’ils poursuivaient le même objectif mais en considérant les problèmes sous des angles différents et en utilisant d’autres outils.

« Comuna » analysait le processus socio-politique en profondeur alors que « Duende » travaillait sur les possibilités de parvenir au socialisme en construisant un nouveau modèle économique.

Une fois que ces deux modes de pensée eurent fusionné et que débuta la campagne électorale pour les élections de 2005, ArceCatacora s’attaqua au Plan Économique de gouvernement en compagnie de Carlos Villegas, lui aussi professeur à l’UMSA.

Les recherches d’Arce et de Villegas constituèrent l’embryon de ce que l’on nomma  le « Nouveau Modèle Économique Social Communautaire et Productif » au moment où, en 2005, fut rédigé le programme de gouvernement du « Mouvement Vers le Socialisme » (ou le MAS, pour employer son acronyme en espagnol).

COMMENT FONCTIONNE CE MODÈLE?

Le modèle économique social communautaire productif repose sur deux piliers: le secteur stratégique qui produit des excédents et le secteur qui s’occupe des investissements et crée de l’emploi, affirme l’économiste bolivien Luis Alberto Arce.

En Bolivie, les quatre secteurs stratégiques générateurs d’excédents économiques sont: les hydrocarbures, les mines, l’électricité et les ressources fournies par l’environnement.

Ce sont, en fait, les anciens secteurs  exploités par l’ancien modèle basé sur l’exportation. Le pays ne peut pas être transformé du jour au lendemain, explique Arce; il nous faut élaborer une stratégie qui s’appuie sur cet ancien modèle afin de pouvoir nous extraire du cercle vicieux.

Parmi les secteurs générateurs d’investissement et d’emploi figurent l’industrie de production, le tourisme, l’habitation et le développement agricole.

Ce nouveau modèle estime que pour développer la Bolivie, générer une transformation productive et modifier l’ancien modèle primaire basé sur l’exportation, le pays doit transférer les excédents fournis par les hydrocarbures, l’énergie électrique et les ressources naturelles vers les secteurs qui génèrent des emplois pour tous les boliviens. Dans ce modèle, explique Arce, l’Etat joue le rôle de redristibuteur pouvant faire circuler les ressources excédentaires d’un secteur et les employer dans d’autres secteurs créateurs d’emploi.

En d’autres termes, l’objectif est de libérer le pays en le rendant indépendant de l’exportation de ses matières premières et c’est uniquement en se défaisant de l’ancien modèle primaire que la Bolivie pourra devenir un pays industrialisé et productif, souligne cet économiste.

Toutefois, il reconnaît que, pendant un certain temps,  la Bolivie restera un pays primaire exportateur mais, cette fois, son objectif est clairement défini: elle doit s’engager avec détermination sur le chemin menant à l’industrialisation de l’économie.

À son avis, ce nouveau modèle économique doit d’abord se baser sur la volonté politique de transformer le pays pour le bien de tous les boliviens et cet objectif ne pourra être atteint que si l’administration réussit à gérer avec efficacité les ressources du pays.

En conclusion, le principal mérite de ce modèle est qu’il s’agit d’un modèle économique pour la Bolivie, conçu et mené à bien par les boliviens.

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