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Même les médecins légistes chevronnés restent sans voix devant le massacre du Mozote

San Salvador, 28 août (Prensa Latina) Le degré de barbarie dont firent preuve les auteurs du massacre du Mozote est tel que même un médecin chevronné comme l’anthropologue argentine Patricia Bernardi en est restée marquée à jamais.

Pour cette fondatrice de l’Equipe Argentine d’Anthropologie Légale qui a effectué plus de 900 exhumations dans sa vie professionnelle, l’enquête qu’elle a menée sur l’exécution massive réalisée par les militaires salvadoriens en 1981 s’est avérée être une pénible épreuve.

En fait, elle avoue qu’elle n’avait jamais travaillé auparavant dans une fosse commune d’une telle taille et contenant autant d’enfants en bas âge. Avec 34 années passées à étudier les ossements humains, elle n’hésite pas à affirmer que Le Mozote est une date marquante dans sa trajectoire professionnelle. Il y aura un « avant » et un « après ».

Dans l’enquête  qu’elle a menée à La Joya et à Los Toriles, des villages voisins du Mozote, elle a pu s’assurer que jamais il n’y avait eu de tirs croisés:  » il s’agit du massacre d’une population civile, composée en grande partie de femmes et d’enfants, qui habitaient dans ces cantons ».

Entre le 10 et le 12 décembre 1981, le bataillon Atlacátl, formé dans l’École des Amériques par la CIA (l’Agence Centrale de Renseignements des États-Unis), tua un millier de civils autour du Mozote.

À ce jour, on n’avait jamais établi le nombre exact de personnes assassinés dans cette zone au début d’une guerre civile qui dura 12 années et laissa le Salvador exsangue, mais ce massacre est considéré comme le plus affreux de l’Hémisphère Occidental.

La loi d’amnistie promulguée en mars 1993 interdit d’exhumer les cadavres enterrés au Mozote. Elle fut reconduite sept ans plus tard pour des raisons humanitaires mais l’évidence qu’on découvre aujourd’hui contredit absolument la version militaire selon laquelle les personnes tuées étaient des guérilleros.

Les analyses des anthropologues d’Argentine qui y ont travaillé réfutent totalement cette thèse. Les cadavres exhumés d’enfants entre 6 et 12 ans ne sont pas les corps de soldats morts au combat ou pris dans des tirs croisés: ils ont été exécutés délibérément par l’Armée salvadorienne.

D’autant plus que les analyses balistiques confirment que les projectiles et les armes utilisées n’étaient alors employés que par les membres de l’Armée Salvadorienne, ce dont peuvent encore témoigner les parents et les survivants des victimes du Mozote.

peo/agp/C mv

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