Nations Unies (Prensa Latina) Le rôle du Conseil de Sécurité des Nations Unies est de traiter des affaires présentant un danger pour la paix et la stabilité mondiale mais les États-Unis lui ont demandé d’aborder la situation au Venezuela, une affaire qui ne concerne que les citoyens de ce pays.
C’est ce que le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait confirmé au ministre des Affaires Étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza, lorsque ce dernier s’était rendu au siège des Nations Unies, à New York, le 16 janvier dernier.
Malgré cela, les représentants des États-Unis à l’ONU ont fait pression pour réunir une session d’urgence sur le Venezuela -sujet que certains membres, la Russie entre autres, considèrent comme ne relevant pas de la compétence de cette organisation.
Robert Palladino, le porte-parole du Département d’Etat nord-américain a annoncé que le secrétaire d’État, Mike Pompeo, assistera en personne à la réunion des 15 membres du Conseil de Sécurité de ce samedi.
Selon ce porte-parole, Pompeo insistera pour que les membres du Conseil de Sécurité et la communauté internationale expriment leur soutien au président autoproclamé par intérim du Venezuela, Juan Guaidó, lui-même membre d’un Parlement que le Tribunal Suprême de Justice du Venezuela (TSJ) a inhabilité en 2016 pour refus d’obéir à la Constitution.
Il y a deux jours, franchissant un pas supplémentaire dans son ingérence dans les affaires internes du Venezuela, Donald Trump, le Président des États-Unis, a reconnu Guaidó comme président de ce pays.
Devant ce nouvel acte d’interventionnisme, le président en titre du Venezuela, Nicolás Maduro, qui a remporté les dernières élections haut la main, a décidé de rompre les relations diplomatiques entre son pays et les États-Unis.
Il a également condamné le fait que Washington dirige une opération destinée à aboutir à un coup d’État qui permettrait de remplacer le Gouvernement élu actuel par un gouvernement subordonné à ses intérêts, raison pour laquelle la Maison Blanche a accepté un mandataire autoproclamé, utilisant des méthodes anticonstitutionnelles, tout en traitant d’illégitime le président qui est sorti vainqueur des dernières élections.
C’est dans ce contexte que la délégation étasunienne a commencé à exercer des pressions pour porter la situation au Venezuela devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, chose qu’elle a déjà fait dans d’autres occasions avec des États qui ne se pliaient pas aux volontés de Washington, le Nicaragua, par exemple.
La situation au Venezuela relève des affaires internes de ce pays; il n’y a aucune raison pour qu’elle soit débattue au Conseil de Sécurité de l’ONU car ce type de sujet ne fait pas partie des thèmes pouvant être abordés par l’organisation, comme l’a indiqué Vassily Nebenzia, le représentant permanent de la Russie à l’ONU.
La Chine, également, a adopté la même analyse jugeant que les affaires internes des États membres ne relevaient pas de la compétence des Nation Unies.
De son côté, l’ambassadeur à l’ONU d’Afrique du Sud, Jerry Matjila, a fait remarquer qu’il sera difficile pour le Conseil de Sécurité de trouver une position unifiée sur ce sujet.
Ce jeudi, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné la nécessité urgente pour tous les acteurs concernés de s’engager à permette un dialogue politique et crédible sur la totalité des problèmes auxquels était confronté le Venezuela.
De plus, a-t-il insisté, il faut que les diverses parties évitent d’augmenter la tension régnante et les violences: il est essentiel que le Gouvernement et les acteurs politiques cherchent une solution négociée en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme et les lois internationales.
Le Gouvernement de Caracas a appelé au dialogue les secteurs de droite du pays à maintes reprises au cours de ces dernières années; plusieurs négociations ont été entamées bien que, au dernier moment, l’opposition ait abandonné la table des négociations.
La veille, Maduro avait assuré qu’il se rendrait au siège des Nations Unies à New York si cela s’avérait nécessaire pour défendre la souveraineté de son pays.
Chaque fois qu’ils voudront débattre sur le Venezuela au Conseil de Sécurité, j’accueillerai cette démarche positivement et demanderai un visa aux autorités nord-américaines pour participer personnellement aux débats, a fait savoir le président pendant une conférence de presse donnée depuis le Palais de Miraflores.
Maduro a précisé que le ministre des Affaires Étrangères de la République, Jorge Arreaza, se fera le porte parole devant l’ONU de la vérité sur la réalité de la situation au Venezuela et, notamment, sur la tentative de coup d’État et le non-respect de la Constitution par les partis de droite.
De même, il n’a pas rejeté la possibilité d’un dialogue avec les autorités de Washington bien qu’il estime que Donald Trump et son cabinet sont aveuglés par une arrogance qui leur fait perdre la raison.
Une telle attitude, a-t-il ajouté, empêche tout échange bilatéral parce qu’en fait les États-Unis ne souhaitent pas le dialogue.
Et malgré tout cela, Caracas s’obstine à chercher des moyens pour s’entendre car le Venezuela est en faveur de la paix, pas de la violence: la seule voie pour éviter les conflits ne peut être que la voie du dialogue, a réitéré le président vénézuélien.
De son côté, le Procureur Général du Venezuela, Tarek William Saab, a mis en garde la population contre la volonté d’une partie de l’opposition qui veut relancer les « garimbas » – les émeutes politique dans la rue- actions qu’il a qualifiées de véritables actes de guerre.
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