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Les véritables intérêts de la coalition menée par les États-Unis contre la Syrie

Par Pedro García Hernández *

Damas, ( Prensa Latina) Les États-Unis et la coalition internationale à la tête de laquelle ils se trouvent ont parié sur les groupes terroristes contre la Syrie et ont exacerbé les contradictions entre les groupes religieux du pays.

Ils ont également encouragé leurs alliés dans la région du Moyen Orient et en Europe Occidentale à leur fournir un soutien financier et pratique, ainsi qu’à durcir le blocus économique contre la Syrie et à mener des campagnes médiatiques sans précédent.

Après huit années de guerre imposée, ces choix n’ont pas abouti à tout ce qui avait été prévu et planifié longtemps en avance, comme l’écrit -dans un travail de recherche approfondi publié il y a plus de cinq ans sur le site www.politico.eu – l’avocat Robert Kennedy, neveu du président des États-Unis assassiné, John Fitzgerald Kennedy.

Kennedy ne mentionne pas les théories de conspiration si souvent utilisées dans ce domaine. Il ne fait que citer les informations révélées par WikiLeaks et fait remarquer qu’ « en 2009, peu après que le président Syrien Bashar Al Assad, ait rejeté l’offre de construire un oléoduc proposée par le  Qatar, sur les instances de Washington, l’Agence Centrale de Renseignements nord-américaine (CIA) commença à financer les groupes d’opposition en Syrie ».

Dans son analyse, Robert Kennedy va au-delà. Il indique que, dans cette guerre imposée, « ce n’est pas une coïncidence si les régions de Syrie occupées -au début par l’État Islamique (Daesh) et maintenant par les soi-disant Forces Démocratiques Syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis- correspondent exactement au tracé prévu pour cet oléoduc ».

En fait, cette guerre que l’on dit être « contre le terrorisme » est en fait une guerre pour le pétrole, pour le gaz et les autres ressources naturelles, comme on peut clairement s’en apercevoir sur une étude du Pentagone demandée par la Fondation Rand en 2008.

Parce que « les gisements de pétrole et de gaz seront toujours des objectifs stratégiques prioritaires pour les États-Unis » et qu’il est nécessaire d’en tenir compte, l’étude du Pentagone recommande de mener des actions déguisées, des opérations de désinformation non-conventionnelles et de continuer les tactiques classiques du « diviser pour mieux régner ».

À  ces révélations de WikiLeaks sont venues s’ajouter celles du réseau Voltaire, et même celles de médias occidentaux. Dorénavant, malgré les efforts de Washington, Londres ou Paris, on ne peut plus occulter la vérité  ou embrouiller les faits par des « fake news » et autres manœuvres de diversion sur internet, sur les réseaux sociaux, ou sur tout autre type d’information.

Comme l’écrit Fawzi Shueibi, le président du Centre d’Études Stratégiques  et de Documentation de Damas: « la supposée révolution syrienne n’est qu’un écran médiatique qui tente de dissimuler une intervention militaire occidentale pour s’emparer des gisements de gaz et de pétrole ».

LES VÉRITABLES RAISONS

La réalité démontre que la destruction de la Syrie en tant qu’État permettrait de profiter de sa position stratégique qui est une véritable porte de l’Occident vers l’Asie; mais que le véritable enjeu du conflit est d’abord le contrôle de la prospection des gisements de pétrole et de gaz et, ensuite, l’exploitation des vastes réserves de la région, ainsi que de celles des 31 régions qui se trouvent sur le pourtour de la Méditerranée, en particulier le long des côtes de Chypre, d’Egypte, de Turquie, d’Israël, du Liban et, bien entendu, de Syrie.

C’est pourquoi les deux associés des États-Unis (Israël et la Turquie, mais cette dernière a quelque divergences avec Washington) ont déjà commencé à prospecter dans certaines des zones mentionnées ci-dessus et ont précédé l’Égypte, Chypre, la Grèce, la Jordanie, la Palestine et l’Italie qui, au début de 2019, ont créé ensemble un forum des gaz dont le siège est au Caire.

Le XXIème siècle sera le siècle du gaz. Il occupera une place de plus en plus importante, ce qui implique, qu’entre 2017 et 2022 la demande mondiale pour cette énergie propre -c’est ainsi qu’on l’a définie- devrait nécessiter un investissement global de plus de 290 milliards de dollars, 50 pour cent de plus que pendant les cinq années antérieures, selon les analyses de Douglas Westwood, la compagnie de consultants experts en la matière.

Par ailleurs, les chiffres fournis par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement au Moyen Orient ( Unctad) indiquent qu’étant donné la présence voisine de ces deux formes d’énergie, le Moyen Orient, en plus de posséder sept des dix plus grands gisements de pétrole, détient également 40 pour cent des réserves mondiales de gaz, surtout le long des côtes maritimes des pays mentionnés ci-dessus.

Aux États-Unis, l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac) (l’un des plus importants groupes de lobby politique qui compte parmi ses conseillers des personnalités comme Henry Kissinger, Robert McFarland, Condoleezza Rice et plusieurs autres anciens fonctionnaires du Gouvernement nord-américain) pèse de tout son poids et ne ménage pas ses efforts pour assurer le soutien militaire et économique de Washington au régime sioniste de Tel Aviv.

Étant donné ces conditions objectives, il n’est pas surprenant de voir que, dans cette guerre pour le pétrole, jouent un rôle important  non seulement les pays de la région, mais aussi l’Europe Occidentale et les États-Unis, ainsi que des compagnies nord-américaines  comme ExxonMobil, Chevron, ConocoPhillips; ou des compagnies britanniques, anglo-hollandaises ou françaises comme British Petroleum, Royal Dutch et Total, c’est-à-dire six des plus grandes compagnies transnationales au niveau mondial.

LA SITUATION EN SYRIE

La Syrie, avec sa modeste production de pétrole, a, en fait, les réserves les plus importantes de la région mais elle est victime de harcèlement et de limitations technologiques dans bon nombre de ses 50 gisements de pétrole et de gaz dans les provinces de Hasaka, Homs, Raqqa et Deir Ezzor, où le pétrole du gisement de Al Furat, (sous contrôle des FDS soutenus par les États-Unis) est de haute qualité et contient peu de souffre, ce qui le rend idéal pour un processus de raffinage peu onéreux.

Bien que  soumise à cette guerre imposée, et dévastatrice, ainsi qu´à un blocus économique extrêmement sévère, la Syrie n’en est pas moins traversée par deux oléoducs et un gazoduc, dont le A15, long de 890 kilomètres et qui part de la localité irakienne de Hadifhah jusqu’au port Syrien de Banias, où se trouve l’une des deux raffineries du pays, mais qui souffre des attaques terroristes et des limitations techniques imposées par les troupes nord-américaines installées illégalement dans le nord est du pays, près de la frontière irakienne.

D’autre part, et étant donné la situation de guerre dans laquelle vit la région, le Gouvernement de Damas a été dans l’impossibilité de concrétiser ses projets de développement avec la Russie, notamment en ce qui concerne les accords signés entre les deux pays lors du Forum de Yalta en 2013 pour la première exploitation offshore en Méditerranée Orientale, en face de la côte du port de Tartus, sur un site, loué à Moscou, et qui doit encore être aménagé.

De même, selon des  études de prospection réalisées, près de la côte syrienne et s’étendant sur plus de 300 kilomètres, il existe trois importants gisements de gaz, reliés d’une manière non précise, aux 10 autres gisements proches de Chypre; auxquels il faut  ajouter deux gisements au Liban et 13 distribués entre Israël, l’Egypte, Gaza, la Cisjordanie et les territoires palestiniens.

La complexité de la situation ne rend pas les solutions faciles mais il devrait être possible d’en trouver de réalistes si  -bien que notre époque soit davantage tentée par la poudre et le sang et que la raison ne semble pas à la mode- le bon sens  finissait, un jour, peut-être, par primer.

Peo/arb/pgh

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