Rome, 25 juin (Prensa Latina)Graça Machel, la militante internationale pour la défense des droits des enfants et des femmes, a qualifié de « honteux » l’échec de la communauté internationale dans sa lutte contre la faim, contre la migration forcée et pour un développement équitable dans tous les pays de la planète.
Machel s’est adressée vendredi à la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) au cours des 41èmes rencontres de cette organisation à son siège, à Rome. Elle en a également profité pour dénoncer le fiasco au niveau des gouvernements nationaux qui se montrent incapables de dégager les fonds nécessaires pour combattre les causes profondes de la pauvreté.
Graça Machel, la veuve de l’ancien dirigeant sud-africain Nelson Mandela, s’adressait à la FAO dans le cadre de la Conférence McDougall, un discours commémoratif délivré tous les deux ans par une personnalité éminente dans le domaine de l’agriculture et de la lutte contre la faim pour honorer la mémoire de Frank Lidgett McDougall, économiste australien et l’un des Pères fondateurs de l’Organisation en 1943.
En 2109, Graça Machel a été élue membre honoraire de l’Alliance FAO-Lauréats du Prix Nobel de la Paix pour la Sécurité Alimentaire, en reconnaissance du travail inlassable qu’elle a accompli pour obtenir la libération de son célèbre époux qui devint, par la suite, président de l’Afrique du Sud.
« Nous sommes bien bons avec nos discours politiques et nos plans, mais lorsqu’il s’agit de mettre la main à la pâte et de rendre des comptes, nous échouons lamentablement », a déclaré Machel, avant de faire remarquer que « le manque de conscience politique et l’acceptation tacite et égoïste du statut quo est responsable d’une véritable banqueroute de la solidarité humaine ».
« Je suis ici, devant vous », a-t-elle continué, s’adressant aux membres de la FAO en réunion plénière, « et, alors même que je vous parle, il y a des enfants qui, chaque minute, meurent de malnutrition en Afrique et en Asie. Et je vous demande d’imaginer un seul instant ce que vous ressentiriez, ce que vous feriez, s’il s’agissait de votre petit-fils ou de votre petite-fille qui était en train de mourir de faim ».
« Nous tous, ici présents, pouvons avoir trois repas par jour, nous pouvons même choisir ce que mous mangeons, alors qu’il existe des enfants dont on pourrait sauver la vie avec un simple morceau de pain et un peu d’eau potable ».
« Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe », a-t-elle insisté, « de ne pas prendre, de toute urgence, des mesures courageuses pour mettre fin à la pauvreté et à la faim et pour créer des communautés rurales plus prospères et dynamiques ».
Machel a exhorté les représentants des pays présents à changer de manière radicale leur approche du problème de l’agriculture car il reste dix ans à peine si l’on veut atteindre les Objectifs pour un Développement Durable proposés par l’ONU pour l’année 2030.
Si, vraiment, nous voulons éliminer la faim, « il nous faut multiplier nos efforts, passer à l’échelle supérieure dans nos actions, revoir tout notre système de priorités dans le domaine des investissements. Nourrir tous les habitants de notre planète », a-t-elle répété, « est possible ».
« Les femme jouent un rôle essentiel dans la chaine alimentaire et dans la production agricole au niveau mondial », a-t-elle rappelé. « Il faut impérativement transformer l’agriculture, en faire un secteur attractif pour les jeunes afin qu’ils ne soient plus obligés d’abandonner la campagne et les champs s’ils veulent survivre ».
« La FAO a un rôle unique à jouer dans toutes ces transformations des zones rurales car elle est la seule organisation de l’ONU qui aborde ce problème de manière globale et voit les relations entre la migration, l’agriculture et le développement rural », a-t-elle conclu.
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