Quito, 22 octobre (Prensa Latina) Le mouvement indigène de l’Équateur reste ferme. Il continue à refuser les propositions économiques néolibérales et exige que le Fond Monétaire International (FMI) arrête d’exercer ses pressions sur le gouvernement pour que ce dernier signe des accords et des conventions portant préjudice à la population.
La demande a été faite officiellement dans une « Lettre d’Intention » envoyée par les autorités de 18 peuples, 15 nationalités, 52 fédérations provinciales et 10 mille communautés à Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI.
La présence de cette haute fonctionnaire en Équateur est rejetée par de vastes secteurs de la population, notamment par les plus défavorisés qui sont les premières victimes des soi-disant recettes du FMI appliquées par l’exécutif.
Le texte de cette lettre a été rédigé par les dirigeants de la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Équateur (Conaie), la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Amazonie Équatorienne (Confeniae), la Confédération des Peuples de Nationalité Kichwa de l’Équateur (Ecuarunari) et la Confédération des Nationalités et des Peuples Indigènes de la Côte Équatorienne (Conaice).
Cette Lettre d’Intention s’élève contre « l’insistance à vouloir appliquer, de manière obstinée, des politiques d’austérité qui non seulement ne tiennent pas compte des réalités complexes de nos peuples, mais ignorent de manière aveugle nos priorités ».
Le texte souligne le fait que les politiques recommandées par l’institution financière imposent une idée du « développement » qui ne répond pas aux nécessités concrètes du pays et semblent être uniquement concernées par la « résolution » de problèmes qui n’ont rien à voir avec le peuple.
L’une des critiques du mouvement indigène porte sur l´exonération de charges d´une valeur de 987 millions de dollars accordée il y a quelques mois à 214 compagnies, et ce sous l´exigence et la pression du FMI.
Les associations indigènes affirment qu’il existe déjà une dette de quatre milliards de dollars au passif de ces mêmes 214 importantes compagnies et qu’il serait donc plus judicieux de commencer par régler cette dette avant de les exonérer d´impôts.
La solution logique, à leur avis, serait de chercher un financement, d’abord auprès des banques dont l’intérêt est le plus bas, car les prêts offerts par le FMI relèvent presque de l’usure.
Dans leur analyse, les associations indigènes remettent en question la nécessité d’appliquer des mesures d’ajustement structurel agressives, ainsi que d’augmenter le prix des carburants dans le seul but de régler mathématiquement des problèmes fiscaux. Elles critiquent également les demandes de flexibilité dans le domaine du travail et de la politique de l’environnement afin d’améliorer, paraît-il, la compétitivité à long terme.
De plus, les signataires de la lettre rappellent que les dispositions prises par l’administration nationale de leur pays pour respecter les engagements avec le FMI ont été à l’origine d’une explosion sociale qui a duré 11 jours, marquée par une violente répression qui s’est soldée par huit morts, 340 blessés et mille 340 arrestations.
Par conséquent, les associations indigènes demandent au Fond Monétaire International d’arrêter ses pressions sinon « les gouvernants et les groupes de pouvoir bénéficiant ou soutenant le FMI devront assumer les conséquences de l’application d’une politique économique orthodoxe, complice, défaitiste et anti-démocratique qui porte atteinte à nos droits et à ceux de Notre Mère Terre ».
Cette lettre, publiée sur le site digital de la Conaie, coïncide avec une étape du dialogue entre les indigènes et le gouvernement qui a débuté le 13 octobre dernier lorsque le président de la République, Lenin Moreno, a accepté d’annuler le Décret 883 qui éliminait les subventions aux carburants et d’élaborer de nouvelles mesures conjointement avec les secteurs de la population qui s’étaient mobilisés contre ce décret. Pour le moment, le dialogue n’a pas encore porté de fruit.
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