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Moria, une poudrière sur l’île grecque de Lesbos

Par Mario Muñoz Lozano *

La Havane, 24 octobre (Prensa Latina) Avec son périmètre fortement gardé par des barbelés menaçants, le camp de réfugiés de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, déborde de migrants étrangers.

Mur de confinement, aux côtés d’autres îles grecques, face aux tentatives de milliers d’africains d’atteindre le territoire de l’Union Européenne (UE), les plages de Plomari, Molyvos et Ereso, sur l’île, ont perdu leur attrait touristique.

L’agriculture, une autre de ses principales sources de revenus, a également été affectée. Les oliviers couvrent 40 pour cent de Lesbos, tandis que les forêts occupent 20 pour cent de son territoire, où se trouve la deuxième forêt de séquoias au monde.

Il est devenu courant de voir les rangs de réfugiés, pieds nus et encore tout mouillés, sortant tout juste de la mer, marchant tristes, et toujours essouflés, a commenté à Europa Press un pêcheur de 74 ans, Michalis.

Ce sont des choses qu’aucun touriste ne veut venir apprécier, assure-t-il. Et rappelle-toi que Lesbos avait l’habitude de gagner de l’argent avec le tourisme, maintenant la principale source de revenus est la souffrance et la misère sans fin, affirme Michalis.

Les habitants de l´île ont également vu défiler le pape François, Angeline Jolie, et de nombreux hommes politiques et célébrités internationales qui en sont même arrivés à les nominer pour le prix Nobel de la paix pour leurs actions.

Mais le temps s´écoule. Ils vivent maintenant dans l’oubli, après l’entrée en vigueur d’un pacte de retour des réfugiés entre l’Union Européenne et la Turquie.

Inondé de tentes qui se distinguent à peine par leur numérotation peinte avec du spray noir sur les bâches blanches et protégé par des patrouilles maritimes internationales, le camp de réfugiés de Moria est aujourd’hui le plus grand d’Europe.

Le camp de Moria peut accueillir seulement trois mille personnes, mais il en accueille treize mille, dont sept mille sur un versant de l’île où les conditions sont extrêmement difficiles pendant l’hiver.

D’après les organisations humanitaires internationales, à Moria, les personnes survivent entassées et subissent toutes sortes de violences, y compris sexuelles, et de traumatismes.

Les réfugiés avertissent qu’il n’y a pas d’échappatoire possible à la puanteur des corps non lavés, des vêtements moisis, des ordures et des égouts ouverts.

Début octobre, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a demandé aux autorités grecques de décongestionner immédiatement le camp.

Selon le porte-parole de cette agence de l’ONU en Grèce, Boris Sheshirkov, la situation y est plus que tragique, encore plus particulièrement après un incendie, le 29 septembre dernier, qui a coûté la vie à une femme et à un enfant, et qui a été suivi de violentes émeutes.

Nous demandons la décongestion immédiate de nos îles et le renforcement du contrôle aux frontières, a déclaré le maire de Lesbos, Stratos Kytelis, à une chaîne de télévision grecque.

À la suite des événements, le vice-ministre grec de la Protection Civile, Lefteris Okinomou, a reconnu que le pays traversait sa pire période migratoire depuis que l’Union Européenne (UE) et la Turquie ont signé un accord en 2016.

Il a indiqué qu’avec l’augmentation des arrivées dans les îles de la mer Égée, la Grèce accueille près de 70 mille migrants et réfugiés, principalement syriens, qui ont fui leur pays à partir de 2015 et se sont risqués à la dangereuse traversée depuis les côtes turques voisines.

La brusque augmentation des arrivées a tendu les relations entre la Grèce et la Turquie, alliés au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN); relation qui était déjà compliquée en raison du conflit concernant les droits d’extraction du gaz naturel en Méditerranée orientale et à d’autres différends de longue date.

Il y a un an, Athènes a discrètement assoupli les règles pour soulager la surpopulation des camps et apaiser les esprits des insulaires, affectés par les effets de la crise du tourisme.

Des milliers de demandeurs d’asile ont été transportés sur le continent, où le réseau de camps géré par l’État a été étendu.

Mais la situation dans les îles a continué de se détériorer et les patrouilles sont toujours incapables d’arrêter les migrants qui fuient la guerre et la pauvreté.

 Les organisations humanitaires internationales ont dénoncé à maintes reprises la situation de ceux qui y vivent et ont demandé à Athènes de trouver des solutions.

Afin de rassurer sa population, le gouvernement grec a récemment annoncé qu’il renforcerait les patrouilles en mer, facilitera le transfert continu de migrants de leurs îles vers le continent et la construction de centres fermés pour les migrants en situation irrégulière et pour ceux qui n’obtiennent pas de permis d’asile.

Au cours de sa campagne électorale, le nouveau pouvoir exécutif grec du conservateur Kyriakos Mitsotakis a promis d’accélérer le traitement des demandes d’asile et d’alléger la pression sur les îles, mais les habitants de Lesbos ne savent toujours rien de l’application et du résultat de ces mesures.

peo/arb/gas/mml

*Journaliste de la rédaction internationale de Prensa Latina.

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