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Cuba fait face à un blocus absurde, assure Salim Lamrani

Par Waldo Mendiluza *

Paris, 6 novembre (Prensa Latina) Au cours de près de six décennies d’application, le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis a reçu les qualificatifs les plus divers, allant d’injuste et criminel à aberrant et génocidaire.

Les adjectifs pour décrire cette mesure basée sur la haine et l’aveuglement politique, mise en œuvre par les 11 dernières administrations de la Maison Blanche, sont comptés par dizaines et ont été utilisés par des citoyens ordinaires, des personnes solidaires, des diplomates et des chefs d’État ou de gouvernement, tant de l’île que du monde entier.

En ce qui concerne l’Organisation des Nations Unies, l’Assemblée Générale, son seul organe où les 193 pays membres de l’organisation sont représentés sur un pied d’égalité, se prononcera à nouveau le 7 novembre sur le blocus, sur la base d’un nouveau projet de résolution présenté par Cuba qui défend la nécessité d´y mettre fin.

Année après année depuis 1992, des initiatives similaires ont reçu un appui catégorique de la part de la communauté internationale, indépendamment des positions politiques et des zones géographiques, le responsable de l’atrocité se retrouvant isolé de façon répétée, uniquement accompagné de son fidèle complice, Israël.

L’universitaire et essayiste français Salim Lamrani, un spécialiste des relations entre Cuba et les États-Unis, a accepté de s’entretenir avec Prensa Latina au sujet du blocus et du prochain vote à l’ONU.

Lamrani convient qu’il s’agit d’une mesure cruelle et anachronique, mais ajoute un adjectif peu utilisé : absurde, qui mérite d’être analysé avec soin.

A son avis, le blocusde près de 60 ans est absurde parce qu’il n’atteindra pas ses objectifs qui, selon la superpuissance militaire et économique, n’est autre que de faire céder son petit voisin rebelle, coupable de construire une révolution socialiste à moins de 100 milles de ses côtes.

Les Cubains n’ont pas l’intention de renoncer à leur indépendance et ont démontré à plusieurs reprises que la seule méthode acceptable est le dialogue fondé sur le respect des spécificités de chaque nation, dans la réciprocité, l’égalité souveraine et la non-ingérence dans les affaires intérieures, a-t-il souligné.

Pour le professeur de l’Université de La Réunion, située dans le département français d’outre-mer du même nom, Washington mise sur l’illusion que la menace et le chantage porteront leurs fruits avec le pays des Caraïbes.

C’est une grave erreur, et quiconque connaît un minimum l’histoire de l’île sait que le peuple cubain ne cède jamais à la politique de la violence, a-t-il rappelé.

UNE VIOLATION FLAGRANTE

Selon Lamrani, le blocus étasunien constitue une violation flagrante des règles les plus élémentaires du droit international public.

C’est une ingérence dans les affaires intérieures de l’État souverain de Cuba, car l’objectif recherché est d’obtenir un changement de régime sur l’île, ce qui viole le principe sacré du droit des peuples à l’autodétermination. Le système politique et le modèle social sont des compétences exclusives du peuple cubain, a-t-il précisé.

Washington a intensifié sa violation du droit international par des lois extraterritoriales qui ont été condamnées sur les cinq continents.

La loi Torricelli de 1992 aggrave le caractère extraterritorial de l’état de siège économique imposé à Cuba, bafouant la législation internationale qui interdit qu’une loi nationale ait une dimension internationale, a déclaré l’universitaire français.

C’est un principe fondamental du droit, la loi d’un pays ne peut s’appliquer à un autre. Pourtant, les États-Unis imposent la leur à toutes les nations du monde en ce qui concerne l’hostilité envers la plus grande des Antilles, a-t-il ajouté.

Par exemple, un navire étranger qui entre dans un port cubain ne peut plus atteindre un portnord-américain pendant les six mois suivants.

Quatre ans après la loi Torricelli, le Congrès a adopté la loi Helms-Burton, qui codifie le blocus et cherche à en renforcer l’extraterritorialité, avec des titres tels que les numéros III et IV, activés pour la première fois il y a quelques mois par le président Donald Trump.

Les sanctions économiques ont également un caractère rétroactif, ce qui constitue une aberration juridique. Aucune loi ne peut être rétroactive, sauf si elle favorise les parties. Ainsi, la loi Helms-Burton sanctionne les entreprises étrangères qui réalisent des investissements dans des propriétés nationalisées dans les années 1960 et qui appartenaient à des citoyens nord-américains, a-t-il expliqué.

Selon Lamrani, l’ensemble des lois et des mesures qui façonnent la politique de la Maison Blanche à l’égard de l’île représente le principal obstacle à son développement.

Toutes les catégories de la population cubaine et tous les secteurs sont concernés. L’objectif est de dissuader par des menaces les investisseurs étrangers et d’empêcher les flux de capitaux. C’est une politique illégale car elle contrevient aux règles du droit international, a-t-il insisté.

En plus d’être illégal, ce blocus est cruel parce qu’il affecte les couches les plus vulnérables de la population, et anachronique puisqu’il remonte à la guerre froide, a déclaré l’intellectuel, répétant l’absurdité d’une telle hostilité.

Lamrani espère que le nouveau vote de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le projet de résolution cubain contre le blocus confirmera une fois de plus l’isolement des États-Unis vis-à-vis de la communauté internationale.

Même les plus fidèles alliés de Washington refusent de soutenir cette politique fondée sur l’illusion que la menace et le chantage porteront leurs fruits avec Cuba, a-t-il déclaré.

peo/arb/wmr

*Correspondant de presse latino en France.

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