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Le FMI et son rôle dans la crise en Haïti

Par Anelî Ruiz García*

Port-au-Prince, 2 décembre (Prensa Latina) Le 25 novembre dernier, le controversé Fonds Monétaire International (FMI) a affirmé que la crise actuelle en Haïti est sans précédent et peut entraîner une baisse de 1,2 pour cent du produit intérieur brut.

Nicole Laframboise, directrice de l’équipe du FMI, après une brève visite dans la nation caribéenne, a fait remarquer que si la crise continue, elle pourrait avoir des conséquences ‘dévastatrices’ à long terme, y compris des pertes de capital physique et humain.

Laframboise a évoqué l’aggravation de la pauvreté et de l’insécurité et comment le Gouvernement s´est privé de moyens d’investissement productif et d’activités de soutien; bien qu’elle ait omis la responsabilité de l’organisme financier dans la situation que vit le pays.

Mobilisation générale.

À la mi-septembre, a débuté la dernière vague de manifestations antigouvernementales, la plus longue et la plus intense depuis l’arrivée au pouvoir du président Jovenel Moïse en février 2017.

Les manifestations ont été précédées par une grave pénurie de carburant, dont le prix a presque triplé sur le marché informel, malgré les interdictions des autorités officielles.

Bien que l’approvisionnement en carburant se soit stabilisé, la poudrière de décennies de non-conformité, de chômage, de politiques publiques minimales, d’aggravation des inégalités, de manque d’accès aux services de base et d’opportunités, s’est déjà répandu sur presque tout le territoire national.

‘Jamais le long de ce XXIe siècle, il y a eu tant de conscience que les choses doivent changer ; il y a un peuple immense au niveau de tous les secteurs, un rejet total de la population’, a déclaré lors d´une conversation avec Prensa Latina, Susy Castor, célèbre intellectuelle et historienne.

Exilée pendant la dictature des Duvalier (François et Jean Claude), Castor souligne qu’au-delà des revendications évidentes, il ne s’agit pas seulement d’un départ d’un gouvernement, mais de la revendication à la citoyenneté et à la souveraineté, ‘les gens veulent vivre et être citoyens d’un vrai pays’.

Lors de la récente crise, presque tous les secteurs de la vie nationale ont été balayés par des revendications telles que le changement de système, un gouvernement d’union nationale et le procès de ceux qui ont détourné le trésor public.

Malgré la revendication populaire, dans un pays où 60 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, 70 pour cent de la population active est au chômage et près de 4 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, le mandataireJovenel Moïse insiste pour rester en poste et appelle à l’unité et au dialogue national.

Sa proposition a été rejetée à plusieurs reprises par des secteurs d’opposition qui ont déjà officialisé un comité de transition pour guider le pays après une éventuelle démission du chef de l’État.

Les manifestations antigouvernementales se sont accompagnées d’une récession économique forcée, de la fermeture de certaines entreprises ou d’une réduction des effectifs dans d’autres; sans compter les barrages routiers et le fonctionnement précaire de l’administration publique.

Depuis le début de la mobilisation, on estime qu’environ deux millions d’enfants n’ont pas pu aller à l’école, et bien qu’Haïti ait connu une trêve tendue en novembre, de nombreuses écoles de la capitale et de la périphérie de Port-au-Prince sont encore fermées.

Le rôle du FMI dans la crise nationale

La crise qui a fait les gros titres de la presse régionale, avec des histoires de corruption, l’implication du mandataire dans le détournement de fonds publics, qui auraient dû permettre de faire face aux urgences de la nation déchirée, mais le rôle du FMI dans la dégénérescence de l’économie nationale et ses conséquences sur la société haïtienne a souvent été négligé.

Au crépuscule du régime de Jean-Claude Duvalier (1971-1986), quand il a fui le pays au milieu d’une insurrection populaire contre son gouvernement, le FMI et d’autres organismes internationaux, menés par les États-Unis, ont vu en Haïti un marché vierge et proche pour le riz subventionné des agriculteurs nord-américains.

À cette date, la nation caribéenne produisait tout le grain dont elle avait besoin pour survivre, mais les ‘amis’ du FMI, en échange d’un prêt de 24,6 millions de dollars, essentiel pour un pays pillé par la dictature, ont exigé la réduction des taxes commerciales qui protégeaient laproduction nationale de riz et l’agriculture.

Trente ans plus tard, celui qui est appelé le pays le plus pauvre de l’hémisphère nord est totalement tributaire du riz étasunien, alors que les agriculteurs ont dû abandonner la campagne parce qu’ils ne pouvaient pas concurrencer les produits importés.

Plus récemment, à la mi-2018, le FMI a conditionné un prêt au gouvernement à l’élimination de la subvention sur le carburant, ce qui a provoqué une ‘insurrection populaire’ de ceux dont la vie serait dorénavant encore plus coûteuse.

D’après certains experts, ce moment marque le début de la crise qui se prolonge jusqu’à ces jours-ci et dont on ne voit pas la résolution à court ou moyen terme.

Toutefois, ces causes n’apparaissent pas dans le rapport de l’organisme international, qui se contente d’indiquer la nécessité de désigner un gouvernement ‘attaché à la réforme de l’économie’.

La priorité immédiate des autorités, selon le texte, devrait être de stabiliser l’économie, d’augmenter la recette des impôts, de réduire les exonérations fiscales et de prendre des mesures pour rationaliser les dépenses publiques.

La conclusiond´experts nationaux préconise elle la relance urgente de la production agricole, qui permettra au pays de devenir plus indépendant sur le plan économique, pour que le taux de chômage diminue, et que l’insécurité alimentaire soit réduite.

*Correspondante de Prensa Latina en Haïti

peo/rr/arg

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