Par Antonio Rondón García
Moscou, 6 janvier (Prensa Latina) L’assassinat par les États-Unis d’un général iranien à Bagdad est aujourd’hui considéré par la presse russe comme un précédent négatif au regard du droit international, une violation de la souveraineté des États.
Cette action provoque une nouvelle escalade des tensions au Moyen-Orient et démontre la méconnaissance par Washington des particularités ethniques et religieuses des pays de cette région, en particulier en Iran, commente l’agence RIA Novosti.
Un chroniqueur de ce média déclare que, bien que la plupart des experts ici présents estiment qu’une confrontation entre les États-Unis et l’Iran est peu probable, ceux-ci estiment que Téhéran et Washington sont tenus de faire preuve de fermeté.
L’Iran a dénoncé la violation de la souveraineté de l’Irak par les États-Unis, considérant qu´ils ont commis un acte de terrorisme d’État en assassinant délibérément un fonctionnaire d’une autre nation.
Cela crée un précédent dans lequel un pays s’arroge le droit de prendre pour cible un haut fonctionnaire d’un autre pays. Les spécialistes russes avertissent que cette situation pourrait devenir un boomerang pour la Maison Blanche elle-même.
Pour l’instant, il y a les menaces du président américain Donald Trump d’attaquer 52 cibles (autant d’otages capturés à l’ambassade étasunienne à Téhéran en 1979) face à la déclaration de la direction iranienne de répondre à l’agression du 2 janvier dernier.
À cet égard, RIA Novosti rappelle que parmi les cibles mentionnés par Trump, il y aurait des lieux d’intérêt historique et culturel, interprété ici comme un possible coup contre des mosquées sacrées des chiites islamiques.
À cet égard, Massim Taleb, un financier d’origine libanaise, converti en porte-parole dans les médias des manifestations antigouvernementales dans le pays des cèdres, rappelle que la base de l’islam, comme dans le christianisme, c’est l’action du martyre.
Le quotidien Nezavisimaya Gazeta note, quant à lui, que le parlement iraquien a adopté une résolution demandant le départ de toutes les troupes étrangères de cette nation, en particulier les troupes nord-américaines présentes depuis l’invasion illégale anglo-étasunienne de mars 2003.
La publication estime cependant que la souveraineté iraquienne est relative, car de nombreux accords imposés par les occupants à un gouvernement créé par Washington rendent bien difficile l’exercice de sa souveraineté.
Les manifestations de ces dernières semaines en Irak, qui ont fait des dizaines de morts et de blessés, visaient précisément les restrictions imposées à la nation levantine après l’invasion, explique Nezavisimaya Gazeta.
De son côté, le quotidien Kommersant souligne qu’une autre conséquence de l’assassinat du général Soleimani est le retrait de l’Iran des engagements découlant de l´accord nucléaire concernant le différend au sujet du programme nucléaire iranien.
Il s’agirait maintenant d’une cinquième étape concernant le retrait de Téhéran des engagements pris dans le cadre de cet accord, paraphé en juillet 2015 par l’Allemagne, la France, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et l’Iran, mais dont Washington est sorti en mai 2018.
Pour le journal Izvestia, la mort du général iranien, aux côtés de plusieurs officiers du pays perse et du vice-chef des milices iraquiennes Abu Mahdi al Mohandes, est un acte illégal et une violation du droit international et du code des droits de l’Homme, reconnu par l’ONU. Le représentant spécial de l’organisation mondiale pour les procédures extrajudiciaires, Agries Kallamar, s’est exprimé en ces termes.
La publication rappelle la déclaration de la porte-parole de la chancellerie russe, Maria Zajarova, qui a également estimé qu’un précédent négatif d’assassinat d’un fonctionnaire d’un pays souverain, sans aucune base légale, était créé, ce qui conduit également à une escalade des tensions.
Izvestia estime qu’une nouvelle confrontation dans la région pourrait être déplacée vers un autre scénario comme celui du Yémen, où l’Iran soutient la guérilla et l’Arabie Saoudite le gouvernement intérimaire.
Un tel développement des événements favoriserait les États-Unis qui appliquent au Moyen-Orient le principe « diviser pour mieux gagner », alors que des experts estiment qu’un autre objectif pourrait être Israël, dont le premier ministre Benjamin Netanyahu a immédiatement soutenu l’action de Washington.
Des experts rappellent ici qu’aucun président étasunien n’a osé attaquer directement l’Iran, un pays très différent de ceux des précédentes agressions du Pentagone dans la région. Une « action électorale » de Trump en Iran aurait un coût politique considérable, estiment les russes.
peo/rgh/to