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Le pouvoir opérationnel de la corruption mexicaine en prison ou en voie d´extradition

Par Luis Manuel Arce Isaac

Mexique, 13 juillet (Prensa Latina) Ce que nous pourrions appeler ‘pouvoir opérationnel de la corruption mexicaine’, c’est-à-dire ceux qui ont participé au pillage des richesses du Mexique, sont aujourd’hui en prison ou en cours d’extradition.

Ce groupe emblématique est dirigé par Genaro Luna, le fonctionnaire le plus proche de l’ancien président Felipe Calderón (2006-2012), César Duarte, ancien gouverneur de Chihuahua, Tomás Zerón de Lucio, ancien directeur de l’Agence d’enquêtes criminelles, et Emilio Lozoya, ancien directeur de Pemex, tous trois sous le gouvernement du précédent président Enrique Peña Nieto (2012-2018).

Entre les quatre, le fisc du Mexique a perdu des dizaines de millions de dollars, par un pillage plus important encore car ils ont tous également reçu des dizaines de millions supplémentaires en pots-de-vin de la compagnie Odebrecht et du crime organisé, selon les plaintes du gouvernement et du ministère public mexicain.

De la corruption découle, selon le président actuel Andrés Manuel López Obrador, la guerre contre le crime organisé inaugurée par Calderón et l’arrestation de son fonctionnaire Genaro Luna démontre que cela a bénéficié à un secteur de cette mafia, selon l’acte d’accusation présenté en vue de son extradition.

L’opération dénommée « Fast and Furious » (Rapide et Furieux, en référence à un film hollywoodien), qui a consisté à remettre consciemment au crime organisé des armes ‘numérotées’ (depuis les États-Unis) dans le but supposé de les identifier par cette ruse et de les suivre à la trace, a violé de facto la souveraineté mexicaine, provoquant plus de morts que jamais, et a apparemment servi un secteur du crime organisé proche de Genaro Luna, selon l’argumentation du gouvernement mexicain.

Selon le chancelier Marcelo Ebrard, l’enquête est toujours en cours, bien que le gouvernement des États-Unis ait déjà répondu à la lettre qui lui avait été envoyée par le Mexique à cet effet.

Dans le cas de Duarte, qui a vidé les coffres de l´État de Chihuahua, il est accusé d’avoir volé 54 millions de dollars d’une seule entaille, en plus de ce qui a été accumulé dans 21 autres affaires pour lesquelles il a fait l’objet d’une mesure de recherche et de capture par Interpol. Duarte devant être extradé très prochainement, a indiqué le bureau du procureur général.

Zeron de Lucius, qui est pour sa part un personnage clé dans l’élucidation de l’exécrable crime des 43 étudiants d’Ayotzinapa, est également recherché pour lien possible avec le cartel Guerreros Unidos et la fortune qu’il a détournée. Il a été localisé au Canada et le Ministère des Affaires Étrangères a engagé le processus de demande d’extradition auprès du gouvernement de ce pays.

Enfin, l’extradition déjà confirmée par l’Espagne de Lozoya est vitale pour l’élucidation totale de ce qu’on appelle l’escroquerie maîtresse de Pemex, l´entreprise d´État des pétroles du Mexique, un plan brutal de spoliation de cette ressource naturelle du pays.

C´est à dire que le plus grave dans cette affaire ce ne sont ni les 10 millions de pots-de-vin qu’il a reçus d’Odebrecht, ni ce qu’il a volé avec la fraude concernant une usine d’engrais qui lui a permis des bénéfices de dizaines de millions de dollars, et pas même la preuve que l’entreprise brésilienne ait financé la campagne présidentielle du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) perdue face à López Obrador.

Le plus important, c’est que l’enquête a révélé un système de 128 sociétés écrans à travers lequel le gouvernement fédéral a détourné plus de 400 millions de dollars par le biais d’un réseau impliquant 11 services de l’État, huit universités publiques, diverses entreprises privées et plus de 50 agents de l’État, selon les éléments dont dispose le parquet général.

« Il est devenu clair, a dénoncé López Obrador, que le plan était de démanteler complètement Pemex pour passer le secteur public aux mains privées, tout comme ils ont essayé de faire avec la Commission Fédérale de l’Énergie, et ils étaient en train d´y parvenir. Cela explique qu’il n’y ait pas eu d’investissements dans le pétrole ou dans l’électricité ».

Parallèlement le crime organisé reçoit actuellement des coups très sévères, comme la capture de nombreux chefs importants, dont celle de José Casarrubias, El Mochomo, personnage clé dans le cas d’Ayotzinapa.

La nervosité de la droite politique mexicaine, selon des analystes, qui a multiplié par dix ses attaques contre le gouvernement de López Obrador, est que tous ces personnages soient extradés et déclarent. L’ancien directeur de Pemex s’est d´ores et déjà engagé à coopérer avec les autorités.

Cependant, López Obrador a déclaré qu’il n’a pas l’intention d’utiliser politiquement la loi, comme c’était la coutume auparavant.

Mais cela ne le rassure pas les milieux de droite. La chancellerie a par exemple déjà montré des documents dans lesquels elle constate que des actions illégales qui violent la souveraineté, comme l´opération « Fast and Furius », étaient déjà menées depuis 2004 par l’ancien président Vicente Fox.

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