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Julian Assange, coincé et sans issue ?

Par Néstor Marin *

Londres, 27 août (Prensa Latina) Les appels en faveur de la libération de Julian Assange et les allégations selon lesquelles le fondateur de Wikileaks fait l’objet de persécutions politiques se multiplient à l’approche de la reprise de son procès d’extradition vers les États-Unis, prévue le 7 septembre prochain.

L’un de ses défenseurs les plus fervents est l’ancien consul de l’Équateur à Londres, Fidel Narváez, qui a vécu avec le journaliste australien pendant six ans au sein de l’ambassade du pays sud-américain, jusqu’à ce qu’il devienne lui-même une figure inconfortable pour le gouvernement du président Lenín Moreno.

Narváez est également l’un des témoins clés d’une plainte pour espionnage déposée par Assange devant un tribunal de Madrid contre la firme espagnole engagée pour assurer la sécurité du siège diplomatique équatorien au Royaume-Uni.

Il y a toute une série d’éléments qui prouvent l’existence d’une persécution judiciaire contre le fondateur de Wikileaks, qui n’a pas droit à un procès équitable ici, et il n´y aura certainement pas droit aux États-Unis, a souligné l’ancien diplomate lors d´une interview téléphonique avec Prensa Latina.

Selon lui, cet acharnement a été déclenché dès le début par les agents de Scotland Yard qui ont sorti Assange de l’ambassade et l’ont conduit directement au tribunal d’instance de Westminster, où un juge n’a pris que 15 minutes pour le condamner à 50 semaines de prison pour avoir violé une caution accordée sept ans auparavant, et liée à une affaire qui a ensuite été rejetée par la justice suédoise.

Mais une fois la sentence purgée, jugée arbitraire et disproportionnée par de nombreux avocats et experts en droit, Assange est toujours détenue dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, un lieu conçu pour enfermer des criminels et des terroristes ayant un régime restreint de visites pour les familles et les avocats, a rappelé Narváez.

Il n’a pas bénéficié de la libération conditionnelle, malgré le risque latent qu’il contracte le Covid-19, parce que la juge en charge de la procédure d’extradition a décidé qu’il devrait attendre le verdict en prison, a précisé l´ancien consul, qui estime notamment que le temps exagérément long pris pour lui remettre de simple lunettes pour lire, ou encore un ordinateur en mauvais état et une radio, font également partie de cet acharnement.

Il n’a même pas vu sa compagne et les enfants qu’ils ont en commun depuis des mois, et il n’a pas été autorisé à rencontrer personnellement ses avocats en raison des mesures de distanciation sociale imposées depuis le début de la pandémie, a-t-il ajouté.

LES CHEFS D´ACCUSATION

Les États-Unis veulent juger Assange pour avoir diffusé sur Wikileaks des centaines de milliers d’archives et de documents secrets de la diplomatie et de l’armée nord-américaines, et ont donc présenté un mandat d’extradition à la justice britannique immédiatement après son arrestation le 11 avril 2019.

Selon Washington, les révélations faites par le journaliste australien ont mis en danger la vie de citoyens nord-américains et de nombreux collaborateurs en Irak et en Afghanistan, et l´inculpe donc de 18 chefs d’accusation, allant de complot pour espionnage au piratage informatique, qui pourraient représenter au total 175 ans de prison.

Comme si cela ne suffisait pas, les procureurs étasuniens ont décidé d’introduire une nouvelle accusation, concernant des contacts supposés qu’Assange a eus avec des hackers internationaux dans les années qui ont suivi les révélations faites par Wikileaks.

La manœuvre de dernière minute de la justice nord-américaine menace y compris de retarder la reprise du procès d’extradition prévue pour le 7 septembre prochain, car ni les avocats du journaliste australien de 49 ans, ni leur client n’ont eu le temps de voir les nouveaux documents.

Interrogé à ce sujet, Narváez n’hésite pas à qualifier de ‘coup de poing de relations publiques’ la décision des États-Unis de présenter maintenant cet argument.

Dire qu’Assange a été en contact avec des groupes de hackers et leur a demandé d’obtenir des informations sensibles sur le gouvernement nord-américain, et qu’il a aidé l’ancien analyste des renseignements étasuniens Edward Snowden à s’échapper, c’est pour détourner l’attention, a-t-il affirmé.

ESPIONNAGE À LA CARTE

L’ex-consul a également confirmé à Prensa Latina qu’il s’était récemment rendu à Madrid pour témoigner dans un procès en Espagne contre l’agence de sécurité de ce pays UC Global pour avoir espionné le fondateur de Wikileaks durant le temps où celui-ci était réfugié au sein de l´ambassade équatorienne à Londres.

Cet espionnage a dépassé tout ce qui était permis, et a concerné non seulement Assange, mais aussi les diplomates eux-mêmes, parce qu’ils sont entrés dans nos ordinateurs et ont suivi certaines personnes, a affirmé Narváez.

Selon l’ancien fonctionnaire, lors de l’audition de la plainte déposée par le journaliste australien lui-même, il a également été établi que la société espagnole avait falsifié des documents, dont notamment la signature de l’ambassadeur équatorien.

Ils ont aussi menti, comme quand ils ont dit qu’ils espionnaient Assange sur ordre du gouvernement de mon pays, ajoute Narváez, qui explique que l’audience a montré qu’UC Global enregistrait toutes les réunions du cyber-activiste avec ses avocats et d’autres personnes qui lui rendaient visite.

Selon lui, il est prouvé que la société a espionné, volé et falsifié des documents, et il ne reste plus qu’à démontrer si, comme tout semble indiquer, elle l’a fait pour le compte de la CIA, car cela, a-t-il précisé, pourrait avoir des implications importantes dans le procès d’extradition d’Assange.

Que Narváez ait ou non raison sur les implications présumées de l’espionnage d’UC Global dans le procès d’extradition, la vérité est que l’avenir d’Assange sera entre les mains de la juge Vanessa Baraitser, qui devra décider à partir du 7 septembre prochain si elle l´envoie mourir dans une prison étasunienne ou si elle honore le droit à la liberté d’expression, un sujet sacré pour les Britanniques.

peo/arb/nm

*Correspondante de Prensa Latina au Royaume-Uni

 

 

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