Par Mario Muñoz Lozano
La Havane, 7 septembre (Prensa Latina) La réforme monétaire à Cuba, avec ses mesures d’accompagnement et son impact sur la vie domestique, est aujourd’hui le centre de débats sur l´île après plusieurs publications sur le sujet parues récemment dans la presse nationale.
Les commentaires sont partis d’un article publié dans le journal Granma du 19 août, intitulé ‘Unification monétaire à l’horizon de Cuba’, qui a réactivé les alarmes quant à la proximité de la transformation annoncée.
Dans le texte, des spécialistes de la Banque centrale de Cuba ont échangé sur la nécessité d’éliminer la dualité monétaire et de change, priorité qui apparaît dans les documents directeurs de la politique économique et sociale de la nation depuis des années.
Par la suite, des travaux journalistiques sur le sujet sont apparus, consultant la population sur la réforme, et différentes publications sur les réseaux sociaux ont applaudi ou ont remis en question sa mise en œuvre éventuelle.
‘Il serait bon que des économistes et d’autres spécialistes de haut niveau expliquent au peuple quelles seront les conséquences prévisibles de ce processus, positives et négatives’, a par exemple demandé sur Facebook l’internaute Abel Tablada.
Toujours sur ce réseau social, le professeur et universitaire cubain Julio Carranza a attiré l’attention sur la réforme du taux de change, qu’il a considérée comme la partie la plus difficile de ce processus.
Ce n’est pas la première fois que des rumeurs de ce genre sont entendues par les Cubains depuis que le Conseil des Ministres a annoncé publiquement le 25 octobre 2013 qu’il commencerait à travailler sur le processus d’unification monétaire.
En de telles occasions, un grand nombre de personnes ont changé leurs pesos cubains convertibles (CUC) en pesos cubains (CUP) dans les établissements de Cadeca (Bureaux de Cambio). Cuba dispose de ces deux monnaies officielles et le CUC équivaut à 24 CUP au taux de change pour la population.
Le CUP a été officiellement proclamée monnaie fonctionnelle en mars 2014, sur la base de trois résolutions du Ministère des Finances et des Prix, et le CUC devrait disparaître avec la réforme monétaire.
Puis, en 2015, de nombreux économistes ont pris pour acquis l’imminence du dénommé Jour Zéro de l’unification monétaire, mais l’enthousiasme s’est dégonflé et ce n’est qu’en 2017 que les commentaires sur le sujet ont été relancés.
Cette fois, on a parlé de la création d’équipes de spécialistes chargés d’affiner en détail la mise en œuvre des transformations, en tenant compte du fait que leur solde sera positif pour le pays mais qu’il aura ses coûts économiques et sociaux.
Fin 2019 également, des rumeurs ont circulé sur un changement imminent du taux du dollar par rapport au CUP, passant de un pour 50, mais elles ont été démenties par le vice-premier ministre Alejandro Gil.
Le 21 décembre dernier, celui qui est également ministre de l’Economie et de la Planification a nié que la mise en ordre du système monétaire entrerait en vigueur le 1er janvier 2020.
Ces jours-ci, les cloches de la réforme économique ont de nouveau retenti, suite à la mise en œuvre d’un ensemble de mesures pour faire face à la crise mondiale provoquée par le Covid-19 et la recrudescence du blocus des états-Unis contre Cuba.
Le 16 juillet dernier, le président cubain, Miguel Diaz-Canel, a confirmé en réunion du Conseil des Ministres que les dernières analyses seront réalisées pour compléter le travail d’unification monétaire et de change.
Il a souligné que l’objectif était d’adopter ce plan dans les plus brefs délais. ‘Lorsque nous l’appliquerons, nous éliminerons la quasi-totalité des obstacles que nous avons aujourd’hui au développement des forces productives’, a-t-il affirmé à la télévision cubaine.
Aujourd’hui, les Cubains échangent à nouveau au sujet de la proximité éventuelle des mesures. Sur cette affaire, le journaliste cubain Ariel Terrero, analyste économique ayant des espaces dans la presse papier et télévisée, a manifesté : ‘ne nous laissons pas provoquer’.
‘J’ai toujours dit qu’il y a deux choses qui ne seront pas connues avant qu’elles n’arrivent : le Jour Zéro et le nouveau taux de changement’, a déclaré à Prensa Latina celui qui est également le directeur de l’Institut International de Journalisme José Marti.
Cependant, de nombreux Cubains ont besoin de plus d’informations sur l´impact de ces mesures, étant donné que cette fois-ci il semble qu´il n´y ait pas de fumée sans feu.
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