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Liban : des paroles aux actes, il manque une bonne distance

Par Armando Reyes *

Beyrouth, 9 septembre (Presse latine) Alors que des personnalités politiques clefs au Liban ont assuré qu’elles accepteraient un changement dans le système confessionnel, des paroles aux actes, il y a encore du chemin à faire dans ce pays de la Méditerranée orientale.

Le président de la République, Michel Aoun, a plaidé pour la création d’un État civil et l’abandon de l´actuel système sectaire religieux.

Aoun a lancé un appel à tous les dirigeants spirituels et politiques pour qu’ils s’accordent sur des amendements constitutionnels concernant la formation du gouvernement.

J’appelle à déclarer le Liban État civil et je m’engage à établir un dialogue pour parvenir à un format accepté par tous, qui se traduirait par des amendements constitutionnels appropriés, a-t-il souligné. Il est nécessaire d´améliorer, modifier et changer le système actuel, a-t-il exprimé.

Le Liban a besoin d’une nouvelle approche de la gestion de ses affaires, qui soit fondée sur la citoyenneté et le caractère civil de l’État, a-t-il ajouté.

De l’avis du premier dirigeant libanais, le système actuel n’est pas valide et entrave tout progrès ou toute réforme. « … Le moment est venu de chercher une nouvelle formule », a-t-il manifesté.

Quant à l’Accord de Taëf qui a mis fin à la guerre civile libanaise de 1975-1990, et par lequel des postes officiels ont été répartis à parts égales entre chrétiens et musulmans, il présente des forces et des faiblesses qui surgissent à chaque conjoncture, a-t-il souligné.

Le système dit confessionnel divise le pouvoir entre les communautés chrétiennes et islamiques dans ce pays méditerranéen qui est formellement une république parlementaire.

La Constitution rédigée par la métropole, la France, qui a accordé l’indépendance au Liban en novembre 1943, stipule que le président doit être chrétien maronite ; le premier ministre, musulman sunnite ; le titulaire du parlement, musulman chiite, et ainsi de suite jusqu’à attribuer des charges et des postes pour 18 confessions religieuses.

Pour ses nombreux détracteurs, le système paralyse l’État et alimente la corruption, l’inertie, consolide le pouvoir des chefs et barons sectaires issus d’une poignée de familles puissantes.

Autrefois considéré comme un pilier de la coexistence, le système a montré que son efficacité est incertaine et qu´il est éloigné de la réalité.

Une explosion gigantesque dans le port de Beyrouth le 4 août dernier, qui a tué au moins 191 personnes, en a blessé des milliers et a dévasté une grande partie de la capitale, a renouveler les appels à des changements radicaux.

Mais des intérêts profondément ancrés empêchent ces changements, car ils constituent la base de toute vie politique depuis des décennies.

Le Liban reconnaît 18 sectes religieuses officielles et ses 128 sièges parlementaires sont répartis également entre musulmans et chrétiens, un arrangement unique dans la région.

Il semble qu’il s’agisse d’un partage juste et équitable de l’équilibre démographique, bien qu’il n’y ait pas eu de recensement officiel à ce sujet depuis 1932, en grande partie parce que la taille relative des communautés a changé.

Selon des estimations officieuses, les chrétiens représentent un tiers de la population, le reste étant musulman.

L’accord de partage du pouvoir en 1943 consacra une plus grande représentation aux chrétiens, l’une des causes de la guerre civile de 1975 à 1990.

Les parties en conflit ont mis fin aux hostilités par l’accord Taëf, en Arabie Saoudite, et ont instauré la parité confessionnelle à la Chambre et limité certains pouvoirs du président chrétien en faveur du premier ministre et des législateurs.

Dans cet accord, il a été dit que le système confessionnel devait être provisoire et temporaire, mais dans la pratique, les anciens chefs, qui sont passés de l’uniforme militaire à l’habit de dernier cri, ont assumé tous les postes publics, renforçant leur domination sur des bases religieuses.

De nombreux citoyens ont depuis toujours critiqué cette méthode de distribution du pouvoir contre laquelle on constate aujourd’hui une recrudescence face à la pire crise économique depuis des décennies, la pandémie de la Covid-19 et l’explosion du terminal portuaire.

Un mouvement de protestation de tous les secteurs est descendu dans la rue depuis octobre dernier pour exiger une révision complète d’un système politique généralement considéré comme brisé.

peo/arb/arc

*Correspondant de Prensa Latina au Liban

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