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Incertitude et discrimination pour les sans-papiers en Europe

Par Ernesto Hernández Lacher *

La Havane, 16 décembre (Prensa Latina) Le nouvel accord migratoire fait partie des faits les plus marquants en Europe cette année, bien qu’il constitue le grand échec du bloc régional au cours des cinq dernières années et qu’il devienne un défi difficile à résoudre.

Le pacte répartit les responsabilités entre les États membres, renforce les contrôles aux frontières et renforce les mécanismes de renvoi des migrants irréguliers vers leurs pays d’origine, après une année d’incertitude accrue pour des millions de sans-papiers sur le vieux continent.

Selon la présidente de la Commission européenne (CE), Ursula von der Leyen, le document représente un équilibre ‘juste et raisonnable’ entre ‘responsabilité et solidarité’, mais pour de nombreux analystes internationaux, il est loin d’être la solution pour ceux qui cherchent refuge en Europe.

Le nouvel ensemble de règles, paraphé en septembre, prévoit que les pays qui ne souhaitent pas accueillir de demandeurs d’asile assumeront la responsabilité de renvoyer ces personnes dans leur pays d’origine.

Ainsi, le bloc régional contourne le refus persistant de la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et d’autres États opposés à l´accueil des migrants, qui a entraîné le non-respect des quotas de réinstallation décidés après 2015.

La pandémie du nouveau coronavirus SARS-Cov-2, à l’origine de la Covid-19, a ajouté une plus grande incertitude sur le sort de ceux qui, après des traversées difficiles, subissent également les restrictions dues aux bouclages frontaliers.

L’arrivée de migrants sur le vieux continent a connu cette année une baisse significative, mais les conditions de vie dans les camps d’accueil et l’expansion de la pandémie ont aggravé les difficultés de ceux qui y résident déjà.

Au milieu de l’année, lorsque la maladie a commencé à frapper plus durement l’Europe, le porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Joel Millman, a appelé au respect et à la dignité de ces personnes face aux restrictions imposées au libre déplacement.

Le porte-parole de l’OIM, basée à Genève, a déclaré qu’encourager la peur à l’égard des étrangers empêchait les migrants de se rendre dans les centres de santé et les hôpitaux pour se faire soigner s’ils présentaient des symptômes de la maladie.

C’est le cas de ceux qui ont atteint leur objectif et qui résident dans les différentes nations qui composent l’Union européenne (UE), région au sein de laquelle, selon les données divulguées par l’OIM, plus de 16 mille migrants irréguliers sont arrivés par voie maritime en 2020.

Le point de passage frontalier entre la Turquie et la Grèce, ouvert depuis février, lorsque le président du pays eurasiatique Recep Tayyip Erdogan a annoncé la fin des contrôles de sécurité dans la zone frontalière à la suite d’une escalade des combats dans la province syrienne d´Idlib en Syrie, a été la méthode d’accès la plus utilisée par voie terrestre.

Mais tous les sans-papiers n’atteignent pas leur objectif. En réponse à cet exode massif, le Gouvernement grec a renforcé les contrôles de sécurité, transféré des militaires à la frontière avec la Turquie et suspendu les procédures d’octroi de l’asile.

Des journées interminables se sont ainsi prolongées pour les victimes des décisions des deux exécutifs, critiquées par plusieurs organisations humanitaires et l’ONU.

Dès le début du mois de mars, la Turquie a fermé l’accès aux personnes en provenance d’Irak, suivie par l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Autriche, la Norvège, le Danemark, la Suède, la Belgique et les Pays-Bas, pour enrayer la propagation de la Covid-19, point de basculement dans sa politique migratoire.

En Grèce, la pandémie a fait des centaines de morts dans les centres d’accueil en raison de la surpopulation, qui a rendu impossible la distanciation sociale, une situation dénoncée par des entités internationales et des organisations non gouvernementales (ONG).

À cette situation se sont ajoutés des incendies : d’abord au camp de Moria, sur l’île de Lesbos, puis au refuge de Vathy, prêt à accueillir 650 sans-papiers, mais où près de quatre mille trois cents d´entre eux sont entassés.

À cela s’ajoutent l’insalubrité, le manque d’accès à l’eau potable et aux médicaments et le manque de soins médicaux.

LE VIRUS SARS-COV-2 PROGRESSE

Alors que le virus SARS-Cov-2 se propage sur ce que l’on appelle le vieux continent, certains pays battent des records d’infection en une journée, imposent davantage de mesures restrictives et alertent sur de nouvelles vagues de propagation comme l’Espagne, la République Tchèque, l’Italie, la France, la Belgique et d’autres.

Par ailleurs, le programme de relocalisation des migrants, paralysé pendant des mois, se revitalise timidement sous la direction de l’Allemagne, président pro tempore du Conseil européen jusqu’à la fin de l’année, mais cette solution est inefficace face au nombre de personnes qui demandent l’asile.

Ursula von der Leyen a évoqué dans un discours sur l’état de l’Union devant le Parlement régional l’urgence de s’accorder sur des politiques communes en raison du refus de plusieurs nations d’accueillir les réfugiés.

Le Luxembourg, la France, le Portugal et la Finlande font partie du petit groupe de pays disposés jusqu’à présent à accueillir ceux qui constituent le secteur le plus vulnérable face à la pandémie.

D’autres privilégient les intérêts économiques ou la discrimination fondée sur la race ou la croyance et oublient que l’immigration constitue une importante source de main-d’œuvre, malheureusement souvent demandée pour être très bon marché et son statut légal.

C’est ainsi que l’Europe termine 2020, entre l’incertitude croissante liée à l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 et le désespoir de ceux qui, en plus d’être sans papiers dans un pays étranger, sont aujourd’hui la cible parfaite de la maladie.

peo/arb/jcd/Ehl

*Journaliste à la Rédaction internationale de Prensa Latina

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