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L’arme des idées contre la subversion

Par Noel Domínguez et José Castañeda Torres

La Havane, 9 février (Prensa Latina) Fondateur des organes de Sécurité de l’Etat et l’un de ses principaux chefs pendant des années, le général de division (retraité) Fabián Escalante Font a dialogué en interview exclusive avec le mensuel Cuba Internacional (CI) sur les méthodes actuellement utilisées par les États-Unis pour détruire la Révolution cubaine.

‘La subversion politique-essentiellement-, doit être affrontée par la lutte des idées, du combat qu’elles génèrent, comme l’a très bien défini le leader historique de la Révolution, Fidel Castro, de manière créative, sans brandir de slogans ou de dogmes démodés, mais en analysant les nouveaux scénarios politiques créés’, a assuré Escalante Font.

Selon l’auteur de plusieurs ouvrages sur ce thème, il faut reconnaître les besoins d’une nouvelle génération qui cherche son espace, par la discussion ouverte, la persuasion et en reconnaissant qu’il existe des critères et des concepts propres, qui, sans être étrangers aux idées du socialisme et de la Révolution, ont des perspectives différentes qui ne la rendent pas nécessairement ennemie.

‘Au dire du chanteur-compositeur (cubain) Tony Avila, ils veulent moderniser la maison où nous vivons et avec la devise que nous a léguée Fidel, dans la Révolution tout, contre la Révolution rien’, a souligné Escalante.

Il a ajouté que dès le début, la lutte est politique et idéologique, non seulement contre Cuba, mais aussi contre la Russie soviétique, la Chine, le Vietnam et le dénommé camp socialiste, les idées révolutionnaires et marxistes, les mouvements de libération nationale et sociale.

Il a décrit comme une particularité le fait que les faucons ou les seigneurs de guerre cherchent à précipiter les résultats, la chute ou l’échec des processus politiques, sociaux et révolutionnaires, en recourant à des agressions, des sabotages, des assassinats, des actions terroristes, des invasions armées, des blocus multilatéraux, des sanctions économiques et politiques.

GUERRE PSYCHOLOGIQUE

‘Dans toutes ces opérations est présent le facteur psychologique, car ils cherchent, en plus de causer un dommage concret, à semer la peur, à intimider les peuples, à établir la suprématie impériale et à travers elle à assujettir les nations’, a-t-il précisé.

Nous transcrivons en suivant des extraits de l´interview accordée par Fabián Escalante Font à Cuba Internacional.

Cuba Internacional (CI)- D’après votre expérience, quel est le moyen le plus efficace pour un pays bloqué, sans ressources, de faire face à une industrie culturelle hégémonique qui promeut et cultive les valeurs du capitalisme ?

Fabián Escalante Font (FEF)- Toutes les actions guerrières et subversives dans l’histoire de l’humanité ont eu une composante psychologique, qui est de répandre la terreur, la peur insurmontable du géant mythologique de passage, qui prend soin de son repaire et empêche l’accès à la liberté, le développement, la justice sociale, l’indépendance et la souveraineté.

La culture est le canal par excellence utilisé, car elle est l’élément essentiel qui produit la nationalité, les coutumes, l’idiosyncrasie, la sagesse et l’unité de la nation, et en ce sens, la blesser, la discréditer et la transformer est le but, en utilisant tous les moyens à sa disposition : de la propagande directe à la propagande indirecte, par le biais de films, de programmes audiovisuels, de programmes radiophoniques, de la presse écrite, d’échanges universitaires ou étudiants, d’organisations civiles internationales… Ce qui est très difficile d’identifier, en raison de l’enveloppe qu’ils utilisent, et donc également de mettre en garde, de condamner et de combattre à un moment donné.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux et leur accès facile, offrent à l’Empire un moyen efficace et novateur d’utiliser tout type de sujet ou de groupe mécontent et de déguiser ses intentions en peau de mouton pour accéder à de multiples auditoires et fabriquer des influenceurs ou de faux leaders d’opinion, qui, en mêlant calomnies et demi-vérités ou fausses informations, pénètrent dans l’esprit de populations ou de groupes sociaux pour, au minimum, semer le doute et la confusion.

Cependant, nous ne devons pas rassembler dans un même sac les ennemis, les mécontents et les ignorants.

Il existe des personnes, y compris des groupes sociaux, qui peuvent ne pas être d’accord avec nos buts et objectifs, par ignorance, négligence ou pour d’autres raisons, et cela ne les place pas sur le trottoir des ennemis.

‘Eux, il faut les convaincre, leur expliquer, les attirer avec des arguments et des idées, expliquer l’œuvre de la Révolution ; et s’il n’est pas possible de les persuader, qu’ils continuent à penser ce qu’ils veulent, mais cela ne signifie pas qu´ils ont carte blanche pour agir contre la stabilité du pays et la culture nationale. Pour cela, nous avons la Constitution et les lois, c’est-à-dire l’état de droit socialiste.

Fidel nous a enseigné que quand l’ennemi vous assiège, vous entoure, il faut combattre en dehors du siège, exposer clairement nos actions, principes, arguments et réalisations, pour démasquer leurs calomnies et leurs plans, en diffusant nos vérités dans n’importe quel coin du monde et dans les organisations politiques, sociales, culturelles auxquelles nous avons accès, sans crainte, ni inquiétude.

CI- Après avoir été destitué du poste de chef de la Central Intelligence Agency (CIA, Agence centrale de renseignement des États-Unis), Allen Dulles a écrit le livre L’Art du Renseignement, un traité sur la subversion culturelle. Considérez-vous que six décennies plus tard, cette doctrine reste d’actualité?

FEF- En 1959, les stratèges de la CIA et le gouvernement des États-Unis ont pensé qu’en appliquant le schéma utilisé dans les années 1950 au Guatemala et en Iran, ils pourraient détruire la révolution cubaine, et ils se sont trompés.

Quelques semaines après le triomphe de janvier 1959, le gouvernement révolutionnaire a commençé à promulguer des lois de sens populaire, parmi lesquelles : la Réforme Urbaine, la baisse des tarifs électriques et téléphoniques, du prix des médicaments, des livres de classe, le démantèlement du jeu organisé et finalement la Réforme agraire, qui en quelques jours a distribué plus de 100.000 titres de propriété sur la terre à de petits paysans et personnes dans des conditions précaires.

Le cubain est allé combattre dans les sables de Girón (la baie des cochons) non seulement pour des attentes, mais pour défendre des acquis sociaux, économiques et politiques obtenus, c’est-à-dire sa terre, son logement, son travail, l’accès aux médicaments, ce qui n’était pas arrivé dans les cas précités.

‘Dulles, un vieux cadre de la bourgeoisie impérialiste, représentant de la United Fruit Company, entre autres monopoles, savait que la lutte était politique et culturelle, mais il a probablement pensé que la Révolution cubaine était une copie des processus politiques précédents et a décidé d’appliquer la même formule, avec les résultats connus.

Cette défaite et les réflexions qui ont suivi l’ont inspiré à écrire son ‘chef-d’œuvre’, L’Art du Renseignement, dans lequel il reconnaît l’importance de la guerre culturelle. Son maître était le général chinois Sun Tzu, qui cinq siècles avant notre ère, dans un traité sur le sujet affirme : ‘tout art de la guerre est basé sur la tromperie et l’art suprême de la guerre est de soumettre l’ennemi sans combattre’.

Fabian Escalante Font, combattant révolutionnaire expérimenté, a expliqué que le système capitaliste fonctionne avec ce mot d’ordre, et, sans orientations précises, propage ses concepts par le cinéma, la radio, la télévision, la presse bourgeoise, auxquelles s’ajoutent les campagnes conçues sur des thèmes spécifiques, « profitant y compris de nos propres erreurs ».

Le général à la retraite a ajouté que « ce bombardement quotidien sur les esprits des personnes et des secteurs de la société cubaine a été présent depuis le vol des médecins, des techniciens, des professionnels, c’est-à-dire les ressources humaines dont disposait le pays au triomphe de la Révolution ».

« Y compris dans la fausse loi de l’Autorité Parentale (inventée par les États-Unis, assurant que le Gouvernement révolutionnaire cubain allait quitter l´autorité parentale sur l´île), qui a conditionné l’émigration forcée de plus de 15.000 enfants, ou l’encouragement aux départs du pays, de manière légale ou illégale, terrorisant les secteurs sociaux face à la menace d’une dictature communiste », a-t-il précisé.

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