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Faux positifs en Colombie : une dynamite à l´autorité morale du président

Par Alain Valdes Sierra

La Havane, 22 février (Prensa Latina) L’augmentation exponentielle des dénommés faux positifs en Colombie dynamite aujourd’hui l’autorité morale du président Ivan Duque et les positions politiques de la droite qu’il représente, tout en remettant en question le comportement d’autres nations.

Faux positifs est le terme utilisé pour désigner les civils tués par des militaires colombiens et signalés comme combattants ennemis tombés au combat pour justifier leur mort dans le contexte du conflit interne qui a opposé l’État à des organisations de guérilla, paramilitaires et criminels.

La question est difficile à traiter pour les parties concernées et les institutions et organisations chargées de les étudier, car elle implique des hauts responsables de plusieurs administrations colombiennes et du commandement militaire, qui porte le fardeau des poursuites engagées contre 22 de ses généraux.

Alors que le Bureau du Procureur général de la nation reconnaît un peu plus de deux mille victimes enregistrées comme faux positifs, la Juridiction Spéciale pour la Paix (JEP) a quant à elle enregistré au moins six mille quatre cent deux cas, tous entre 2002 et 2008.

Une différence si grande, le triple, n’est pas passée inaperçue à pour la société colombienne, qui rêve de la fin du conflit civil dans son pays.

L’ancienne sénatrice Piedad Córdoba a rappelé sur les réseaux sociaux que tandis que des scandales comme celui des faux positifs sont dévoilés dans le pays, et que des leaders sociaux et signataires de l’Accord de Paix sont assassinés presque tous les jours, le président Ivan Duque déplace l’attention vers les affaires intérieures d’autres pays comme le Venezuela.

Le mandataire est considéré comme l´héritier de la politique de droite d’Alvaro Uribe, qui a dirigé le pays pendant les années où ces faux positifs ont été commis et a applaudi l’efficacité des militaires dans la lutte contre l’insurrection sous sa gestion.

Cependant, pour l’instant, rien n’indique qu’Uribe ait à répondre de ces actes devant la justice, lui qui fait déjà l´objet d´enquêtes pour manipulation de témoins et fraude procédurale liée au paramilitarisme.

Alors que Duque questionne la situation des droits de l’Homme dans d’autres pays, la Colombie compte des millions de personnes déplacées par la guerre, 80 mille personnes disparues, des milliers de personnes enlevées et dépense des millions de dollars pour la Défense, a rappelé Cordoba sur son compte Twitter.

Par ailleurs, des personnalités de ce pays d’Amérique du Sud, comme l’ancien président Ernesto Samper, soulignent l’importance du travail de la JEP par opposition à celui effectué par le ministère public, et appellent à soutenir la première pour connaître la vérité des faits durant le conflit.

D’autres, comme le sénateur et ancien candidat à la présidence, Gustavo Petro, plaident pour la réaction des citoyens, qui devraient retirer le pouvoir ‘aux auteurs politiques d’un crime contre l’humanité si grave’.

Les faux positifs, a-t-il manifesté sur les réseaux sociaux, sont le résultat d’une stratégie faite pour tromper l’opinion publique, et l’impunité, … est un mal de la société colombienne.

Le spectre de la guerre continue de hanter la Colombie, même si la principale organisation insurgée, les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple (FARC-EP), a signé et respecte l’Accord de Paix de 2016.

L’impunité des politiciens et des militaires, le paramilitarisme, le trafic de drogue et les liens corrompus entre beaucoup de ces acteurs ne font qu’éloigner ce rêve et ce droit de générations de Colombiens : celui de vivre dans un pays en paix.

peo/ga/avs

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