Par Karina Marrón González
La Havane, 15 octobre (Prensa Latina) Le scénario complexe de l’économie cubaine actuelle présente un énorme défi dans les processus inflationnistes, notamment en raison de sa trace négative sur la population et de ses répercussions sur le panorama social.
Définie comme l’une des priorités par le vice-premier ministre et chef du département de l’économie et de la planification, Alejandro Gil, la lutte contre ce phénomène qui rend la vie des Cubains plus chère est également liée à la prise en charge des personnes vulnérables, une autre des questions prioritaires pour les dirigeants du pays.
Il s’agit d’un fait complexe qui n’a pas de solution unique, a insisté M. Gil lors d’une conférence de presse jeudi. Il a dit que toutes les alternatives possibles étaient étudiées, qu’elles ne sont pas de nature néolibérale et que des experts économiques et universitaires s’y emploient.
Toutefois, sans augmenter l’offre, « il n’est pas possible d’aspirer à un contrôle efficace des processus inflationnistes, ce qui dans le contexte cubain avec le fléau du Covid-19, le blocus économique et les plus de 240 mesures unilatérales des États-Unis qui serrent la gorge de la nation caribéenne, s’avère un vrai défi.
« Malgré cela, l’île connaît actuellement un processus progressif de reprise économique et vise à terminer l’année avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) d’environ deux pour cent », a déclaré le vice-premier ministre.
L’inflation est pour la population la face la plus visible de cette chute, devant payer sur le marché illégal jusqu’à sept fois la valeur de produits de première nécessité comme la nourriture, en raison de l’offre insuffisante sur le marché officiel.
À cela s’ajoute l’impact du processus de réorganisation monétaire initié le 1er janvier 2021 impliquant la dévaluation du peso cubain par rapport au dollar (1 à 24), l’augmentation des prix et du pouvoir d’achat, les salaires et les pensions augmentées.
Gil a expliqué qu’on ne pouvait pas éviter que beaucoup de gens n’achètent pas les produits sur le marché établi, mais sur le marché illégal.
« Il ne fait aucun doute que l’inflation est élevée », a précisé le ministre de l’économie. Or la politique du pays avait pour objectif de la combattre sans recourir à des solutions néolibérales.
Il a fait mention de l’annulation des droits de douane sur les importations de denrées alimentaires et de médicaments, ainsi que sur les intrants importés de l’étranger par les gestionnaires non étatiques ; un sacrifice fiscal qui vise à éviter le transfert de ces coûts sur les prix finaux.
De même, les ventes de garage ont été autorisées, une soixantaine de maisons de commission ont été ouvertes dans le pays, et les obstacles qui existaient pour la commercialisation des stocks inutilisés ont été supprimés.
Le vice-premier ministre a accordé un rôle important à l’augmentation de la production agricole et a fait référence au contrôle des liquidités entre les mains de la population.
« Tant qu’il y aura une pénurie de l’offre et des personnes qui se consacrent à la revente, s’il y a une demande capable d’acquérir ces produits aux prix qu’ils ont aujourd’hui sur le marché, les processus inflationnistes se poursuivront ».
La valeur des devises étrangères dans l’économie souterraine a également un impact sur ce phénomène, car le fait de les posséder implique l’accès à des produits en monnaie librement convertible ; mais« le pays n’est pas en mesure de les vendre et de lutter contre leur échange illégal ».
Il a ajouté que la responsabilité sociale et l’éthique jouaient un rôle dans la résolution du problème, « car dans un pays comme Cuba, qui ne fait pas payer les services de santé, l’éducation et d’autres prestations, il est éthiquement insoutenable d’avoir des augmentations de prix excessives ».
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