Un récent rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU assure que les opérations humanitaires ne s’arrêtent pas, même si la situation sur le terrain est « tendue et instable ».
Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) estime que plus d’un millier d’écoles restent fermées ou sans activité en raison de la violence et de l’insécurité, tandis que la moitié des centres de santé de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont fermé ou maintiennent leurs services interrompus, selon l’Organisation mondiale de la santé.
« Les événements récents restreignent l’accès des gens aux services sociaux de base », a averti jeudi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU António Guterres.
Selon le porte-parole, la violence entrave également les opérations de secours, y compris l’accès au port où se trouvent des fournitures humanitaires qui risquent d’être pillées.
Au total, le Plan de réponse humanitaire pour Haïti, qui nécessite 674 millions de dollars, ne compte actuellement que sur 6,6 % de ce montant, soit 45 millions de dollars.
Ce financement permet au moins à des agences comme l’Unicef ou le Programme alimentaire mondial (PAM) d’apporter de la nourriture et de l’eau ainsi que certains services essentiels à la population.
Depuis le début du mois de mars, le PAM et ses partenaires ont aidé plus de 54 000 personnes déplacées avec plus de 263 000 repas chauds dans 38 sites différents, tandis que deux millions de litres d’eau potable ont été livrés à 60 000 personnes.
Toutefois, les activités du PAM sont menacées au cours des prochains mois par la nécessité d’un soutien financier supplémentaire estimé à 61 millions de dollars au cours des six prochains mois.
Un rapport publié hier par le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a appelé à des actions immédiates et audacieuses, considérant la situation en Haïti comme catastrophique.
Le rapport, dirigé par le haut-commissaire aux droits de l’homme Volker Türk, a dénoncé la corruption, l’impunité et la mauvaise gouvernance, ainsi que la montée de la violence des gangs, des faits qui ont érodé l’état de droit dans ce pays des Caraïbes et conduit les institutions de l’État au bord de l’effondrement.
Selon le rapport, l’impact de l’insécurité généralisée sur la population est plus que néfaste, alors que les droits de l’homme se dégradent gravement.
Le rapport estime que le nombre de victimes de la violence des gangs a considérablement augmenté en 2023, avec 4 451 morts et 1 668 blessés. Mais au cours des trois premiers mois de cette année, les chiffres ont explosé avec 1 554 morts et 826 blessés jusqu’au 22 mars.
Parallèlement, il dénonce l’utilisation de la violence sexuelle par les gangs pour brutaliser, punir et contrôler la population.
Des femmes ont été violées lors d’attaques de gangs dans les quartiers, souvent après avoir vu leurs maris se faire tuer devant elles, affirme le rapport.
Selon Türk, la lutte contre l’insécurité doit être une priorité absolue pour protéger la population et éviter de nouvelles souffrances humaines.
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