Source : Le Parisien, auteurs : Marion Sillion et Agnès Vives
[Publié le 18 juin 2024 par Michel Humbert et également disponible sur le site de CubaCoop]
Le Val-de-Marne, base arrière de Cuba pour les JO
Le 13 mars 1995, il y a foule rue Moquet à Champigny-sur-Marne. Georges Marchais reçoit un ami de trente ans, Fidel Castro. Le révolutionnaire cubain est venu voir comment vit le patron du communisme en France.
« C’est de là que se sont tissés des liens historiques, raconte Ôzer Ôztorun, secrétaire départemental du PCF dans le Val de Marne. Cela a impulsé des initiatives de solidarité avec Cuba qui perdurent encore ». Dans les villes dirigées par des communistes, mais pas que.
En effet, près de trente ans plus tard, des liens avec l’île des Caraïbes se sont tissés dans de nombreuses communes du Val de Marne. Et ce n’est pas un hasard si l’association nationale Cuba coopération s’est créée dans le département, installant ses valises à Ivry-sur-Seine. « Le fondateur, Roger Grévoul, était élu au conseil départemental », indique Manuel Pascual, vice-président de l’association en charge du sport, en insistant particulièrement sur la notion de coopération : « On ne fait pas de solidarité. La solidarité, c’est Donne-moi, tandis que la coopération, c’est On monte ensemble un projet utile pour eux et on partage les avantages ».
À Villejuif, en préparation des JO, Andrea Becali et Laurent Elisabeth Estrada, nageuses cubaines de haut niveau
Une coopération dans les années 2000
Dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024, les villes en capacité d’accueillir des athlètes se sont mobilisées pour aider « cette petite nation qui a beaucoup de champions historiques ». « Les valeurs de l’olympisme, ce sont la solidarité, la fraternité entre les peuples. Pour les élus et responsables communistes, faire venir ces athlètes dans nos villes est aussi un moyen de faire vivre les JO aux habitants, en faire une fête populaire, alors que beaucoup n’auront pas accès aux épreuves », poursuit Ôzer Ôztorun, par ailleurs élu à Villejuif.
Sur le plan sportif, la coopération démarre dans les années 2000 avec la venue de trois joueurs de handball. Puis, en 2014, une première forme de coopération naît entre Vitry-sur-Seine et une école de boxe à Cienfuegos, ville fondée par des Français. « On a fourni tout le matériel et on a envoyé dix jeunes faire un stage là-bas, se remémore Manuel Pascual. En 2018, lorsqu’on apprend que Paris est ville olympique, on s’est dit qu’on allait inviter les boxeurs à se préparer chez nous pour qu’ils puissent s’acclimater avant les épreuves. Puis on s’est dit qu’il fallait faire venir tous les sports, et pas seulement à Vitry, mais dans tout le Val de Marne ».
Ainsi une délégation de natation a été accueillie en mai à Villejuif, l’équipe féminine de boxe s’est installée à Vitry-sur-Seine et sera rejointe en juillet par les pongistes, tandis que Bonneuil-sur-Marne accueillera l’équipe de Taekwondo. Concrètement, la ville qui reçoit porte toute la charge logistique. En contrepartie, en dehors de leurs entraînements, les sportifs cubains rencontrent des jeunes qui pratiquent le même sport et des scolaires. « C’est un succès énorme pour tout le monde, les enfants, les clubs et la municipalité »se félicite Cuba Coopération.
« Cela nous permet de faire découvrir les sportifs dans notre ville, ça fait vivre la coopération qu’on a avec Cuba et ça nous permet également de faire un focus sur les JO sans accueillir d’épreuves, abonde Pierre Bell-Lloch (PCF), maire de Vitry-sur-Seine. On fait participer les sportifs aux fêtes populaires donc les habitants ont l’impression de participer aux Jeux. » Mais cela ne s’arrête pas aux JO, rappelle Manuel Pascual. « On aimerait que des projets de coopération se montent ensuite avec les clubs qui ont reçu des sportifs ».
Le sport mais aussi la culture
Cela ne s’arrête pas au sport non plus, comme en témoigne la venue d’un artiste de street art en résidence, ou l’ouverture ce samedi du deuxième festival de cinéma cubain à Vitry-sur-Seine.
Mais pourquoi cubain ? « C’est encore une fois parti d’une action de coopération avec la ville de Cienfuegos, explique Pierre Bell-Lloch. Ils accueillent eux-mêmes un festival de cinéma français. » Après une première édition l’année dernière « un succès » selon le maire, et en s’inspirant du festival du film sud-américain de Toulouse (Haute-Garonne), la ville remet ça du 15 au 22 juin, en élargissant les ateliers et les rencontres.
Au programme des séances aux 3 cinés Robespierre, des projections en plein air, une exposition d’un photographe vitriot parti à Cuba avec la maison de la jeunesse, une après-midi festive à l’hôtel de ville et des conférences, notamment avec André Chassaigne, député et vice-président du groupe parlementaire d’amitié France-Cuba. Le tout au rythme endiablé de la salsa.