Par Miguel Quintero
Une importante mission a été menée par le collectif Eau et Assainissement de Cuba Coopération France (CubaCoop) avec à sa tête le Premier Vice Président de l’association, Christian Huart, auprès de l’Institut National des Ressources Hydrauliques de Cuba (INRH), au printemps dernier, pour faire le point sur les actions menées et à mener.
[Article original publié le 10 juillet 2022 et également disponible sur le site de CubaCoop]
Région de Santiago.
La Gran Piedra.
D’ici la fin de l’année, les habitants du village pourront enfin s’alimenter en eau grâce à l’installation d’une pompe à alimentation mixte (solaire ou réseau). Ils bénéficieront aussi de la pose d’un réseau d’assainissement avec une fosse septique collective pour une centaine de personnes fournie par les forces armées.
Cayo Gramna
Les eaux usées vont être évacuées par un collecteur de ceinture (déjà financé), relié au réseau d’égouts sur la rive. Les études sont en cours quant à la station de refoulement et le dimensionnement du siphon.
Schéma directeur de la ville de Santiago.
La situation est classique et se répète dans les différentes capitales des provinces, à savoir un centre-ville doté d’un réseau d’assainissement des années 1930, souvent mal entretenu et sous-dimensionné, quelques traitements par lagunage, mais aussi des déversements dans le milieu naturel (rivières ou mer). Les quartiers périphériques ont connu, après la Révolution, une forte urbanisation et ce sont des fosses fixes ou des fosses septiques qui devraient assurer l’assainissement mais qui sont tributaires d’un matériel à bout de souffle, très sollicité après les ouragans, dont le SIAAP assure en partie la réhabilitation.
En ce qui concerne Santiago, le schéma directeur d’assainissement prévoit donc la collecte des eaux dans les quartiers périphériques, le raccordement sur le réseau existant (s’il a la capacité suffisante) et les évacuations en mer, à l’ouest et à l’est de la baie, après transit par deux stations d’épuration de l’ordre de 200 000 m3/j.
Santa Clara
Cette intervention est justifiée par un réseau fuyard de l’ordre de 70 %. L’opération consiste à transposer à Cuba l’expérience « Eau de Paris » qui a permis de réduire les fuites sur son réseau de 30 % à moins de 5 %.
La réalimentation du quartier expérimental se poursuit et la détection des fuites, quartier par quartier, pourra commencer au second trimestre. Cuba Coopération confirme qu’en ce qui concerne l’essentiel du petit matériel, vannes, compteurs, clapets, une autorisation d’importation est en cours.
La Havane
Dégrilleurs (protection des systèmes d’évacuation des eaux usées)
On constate de grosses difficultés d’approvisionnement des pièces détachées, dues au blocus, et donc des pannes sur plusieurs dégrilleurs. De nouveaux matériels sont attendus.
Surveillance de la nappe du Vento.
En raison d’une sécheresse exceptionnelle et persistante, trois nouvelles sondes reliées à des câbles plus longs ont été commandées. Une livraison est prévue avec mise en place pendant la mission SIAAP-CCF à l’automne. Il est entendu que les sondes livrées précédemment seront utilisées sur d’autres sites.
Actions à portée nationale.
ENAS (Entreprise Nationale d’Analyse de l’Eau)
La visite de l’établissement montre des locaux tout aussi soignés et un personnel accueillant et tout aussi motivé. On notera un fort développement des essais comparatifs, ouverts à l’ensemble des laboratoires des établissements utilisant l’eau (stations, agriculture, hôpitaux, distilleries, manufactures de cigares, sucreries…).
Réhabilitation des camions cureurs.
Une hydro-cureuse et 36 camions ont pu être réhabilités.
Evolution des chantiers.
Commune de Lajas, quartier de Caracas (Cienfuegos)
Cette opération est financée à part égale par la ville de Cournon d’Auvergne, pour l’eau potable, et par le SIAAP, pour le réseau d’eaux usées. Le chantier de remplacement du réseau de distribution d’eau potable est terminé. La suppression des fuites, estimées à 50 %, a permis d’alimenter en eau potable un quartier voisin et de réduire la durée de pompage, pour alimenter les réservoirs individuels, de 8 heures à 4 heures. Il reste maintenant à effectuer la pose des canalisations d’assainissement, qui sont fabriquées et vont permettre la suppression des fosses septiques défaillantes et l’établissement du lagunage pris en charge par l’INRH.
Commune de La Lisa (La Havane)
La fourniture d’un matériel moderne contribue à la bonne tenue du chantier. Les délais sont respectés et la mise en service est prévue avant la fin de l’année.
La Margarita (Artemisa)
Cette opération va permettre la suppression des rejets directs d’environ 1 700 habitants dans le Rio Ariguanabo avec la construction d’environ 7 Km de réseaux.
Les actions à mener dans futur
Continuer l’effort entrepris auprès de l’ENAS tant au point de vue de la formation que pour la poursuite de la modernisation de ses laboratoires.
Prévoir l’installation de deux dégrilleurs automatiques par an pour protéger les stations de relèvement de La Havane, pour éviter les déversements dans le milieu naturel.
Renouveler la remise en état de la flotte des camions pour l’entretien des fosses septiques et des camions hydro-cureurs sous haute pression.
Renforcer la formation
• Soutenir l’enseignement dispensé par les 3 écoles sur les métiers de l’eau créées par l’INRH.
• Aider le processus de décentralisation en formant des responsables de gestion des réseaux d’assainissement et de distribution d’eau, ainsi que la gestion des usines de potabilisation et d’épuration des eaux.
• Organiser un séminaire sur les différents types de gestion de l’eau et de l’assainissement.
• Favoriser, par des stages en entreprise en France, le montage et l’entretien du matériel mis à disposition des différentes entreprises étatiques de l’INRH.
• Développer la localisation des fuites, par la sectorisation, sur les réseaux d’eau potable afin de permettre à la population une alimentation normale en eau potable et soulager aussi les réseaux d’assainissement et les dispositifs de traitement des eaux.
Schéma directeur d’assainissement de Santiago.
En s’inspirant du schéma directeur de Cienfuegos, valider la partie réseau des schémas directeurs d’assainissement de Santiago et préciser les dimensions et les processus des stations d’épuration.
Accès à l’énergie durable.
Dans son ensemble, l’INRH est le second consommateur en électricité du pays. En fonction de la crise actuelle qui concerne l’électricité, il s’agirait de favoriser l’alimentation électrique des pompes qu’il faudrait bien évidemment convertir. Cette action pourrait, bien sûr, être menée en collaboration avec le SIPPEREC (Syndicat Intercommunal de la Périphérie de Paris pour les Énergies et les Réseaux de Communication).
Développement du centre de rapatriement des données et du poste de commande.
Il s’agit de participer au développement du centre de rapatriement des données qui vient d’être créé. Il est nécessaire de faire de ce centre d’information un poste de commandement et de poursuivre la prise de données. Il convient de remarquer, d’ailleurs, que ce poste s’inspire des multiples visites des présidents de l’INRH ou de ses vice-présidents au poste Saphir du SIAAP.
Modernisation des entreprises étatiques
• En s’appuyant sur l’exemple du chantier de La Lisa, où un équipement plus moderne a été fourni à l’entreprise qui réalise ainsi un chantier dans de bonnes conditions pour son personnel et pour les riverains, il s’agirait de doter les entreprises chargées de l’établissement de réseaux de matériel performants pour excaver, blinder, remblayer.
• Il conviendrait également à cette occasion d’entreprendre auprès des entreprises une vaste campagne de sécurité, en les dotant d’équipements élémentaires (casques, gants, bottes, lunettes).
• Favoriser le développement des petites entreprises créées par l’INRH pour une intervention plus rapide avec les usagers.
Cotorro (La Havane)
Examiner l’opportunité de réactiver l’assainissement du quartier Santa Maria del Rosario, indispensable à la réouverture des thermes de Cotorro, avec le concours des villes d’eaux françaises.
Toutes ces importantes actions, sont bien évidemment en terme de projets, à examiner avec nos partenaires, en particulier le SIAAP, et à en déterminer la faisabilité notamment financière.
Cubagua 2023.
Ce colloque international qui regroupe surtout les spécialistes eau et assainissement de l’Amérique du Sud est très suivi dans la région. Il permet à Cuba de sortir de son isolement et de faire connaître ses propres recherches en la matière.
Fermin Sarduy, Directeur des relations internationales de l’INRH, responsable de la manifestation, et Antonio Rodriguez Rodriguez, Ministre président, ont insisté sur leur souhait d’une présence du SIAAP et de Cuba Coopération à cette manifestation.
Nous y participerons avec plaisir.
