Port-au-Prince, 16 novembre (Prensa Latinae) Plus de 50 000 Haïtiens ont été déportés de la République dominicaine au cours du dernier trimestre, a confirmé aujourd’hui Jean Negot Bonheur Delva, coordinateur général du Bureau national des migrations.
Delva a déclaré à la plate-forme Vant Bef Info que la situation est préoccupante et a encouragé ses compatriotes qui souhaitent entrer sur le territoire voisin à obtenir des documents légaux.
Tout en reconnaissant que chaque pays a le droit de protéger son territoire contre les immigrants illégaux, il a dénoncé le fait que les déportations massives actuelles étaient également motivées par une prétendue opportunité, prévue entre des employeurs dominicains et les autorités migratoires, d’éviter de payer de nombreux travailleurs haïtiens.
En outre, Delva a précisé que 153 000 autres migrants sont retenus en attente de leur expulsion vers Haïti, soulignant que le Bureau national des migrations est présent aux cinq postes frontière pour accueillir les personnes rapatriées.
Ces dernières semaines, les expulsions depuis la République dominicaine ont explosé et des voix se sont élevées contre des abus commis par les agents de l’immigration du pays voisin à l’encontre des personnes sans-papiers.
La veille, l’ancien ministre des Affaires étrangères haïtien Claude Jospeh a affirmé que les autorités de Saint-Domingue pratiquent une politique raciste et que la violation des droits de l’Homme contre les noirs haïtiens s’apparente à une « purification ethnique » comparable à celle du dictateur Rafael Trujillo.
« Je continuerai à dénoncer ses politiques racistes et xénophobes jusqu’à ce que le monde sache vraiment qui il est », a déclaré Joseph sur Twitter en référence au président dominicain Luis Abinader.
Les rapatriements massifs ont lieu à un moment où Haïti est confronté à une grave crise économique, sociale et politique aggravée par l’action des gangs locaux.
La semaine dernière, les Nations unies ont demandé à Saint-Domingue d’arrêter les déportations et ont rappelé que les citoyens fuient la grave crise humanitaire et sécuritaire du pays voisin.
« Je suis préoccupé par la poursuite des refoulements forcés d’Haïtiens depuis la République dominicaine », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Volker Türk.
Ce dernier a souligné que la situation actuelle est pour la population haïtienne la pire en termes de droits humains et humanitaires depuis des décennies.
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