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Cuba et la course pour la conquête du cerveau

Par Betty Hernández Quintana*

La Havane, 2 avril (Prensa Latina)L’intérêt scientifique pour le cerveau a franchi un cap important au XXIème siècle. La médecine globale, la technologie et l’informatique en ont été totalement transformées et, cependant, les avancées des neurosciences n’ont pas encore eu d’impact significatif sur la santé globale de la population.

Les matières faisant partie des neurosciences étudient la structure, la fonction chimique, la pharmacologie et la pathologie du système nerveux ainsi que les manières qu’ont ces divers domaines d’inter-réagir.

L’étude biologique du cerveau comprend plusieurs niveaux d’étude, depuis le stade moléculaire jusqu’aux variantes du comportement et de la connaissance.

Mais, dans notre millénaire, ces matières transcendent la biologie et s’entremêlent  avec les nouvelles technologies.

Dans cette course ambitieuse, la plus grande île des Antilles ne se laissera pas distancer.

Dans un entretien exclusif accordé à Prensa Latina par Pedro Valdès, directeur du Centre Cubain de Neurosciences (CNEURO), ce dernier a souligné le fait que « la participation de Cuba aux grands projets des neurosciences ouvre à notre pays de grandes opportunités dans le domaines de la santé, de la science et de la technologie ».

Faisant référence à la compétition internationale dans ce domaine dans lequel il excelle, il a critiqué le fait que bien que les fonds monétaires destinés à la recherche sont énormes, la charge globale de la maladie n’a pas été significativement allégée.

Comme les grands investissements sont distribués selon les objectifs du marché, ils ne profitent qu’au niveau tertiaire de la santé (celui des instituts spécialisés), les personnes les plus aisées en tirent donc le principal bénéfice.

D’après lui, l’unique manière de permettre aux  sciences du cerveau d’influer positivement sur la charge globale des maladies est d’agir en sorte que les neurotechnologies  s’adressent également aux centres  d’attention primaire et à la population en général.

« À quoi bon dépenser des quantités d’argent en équipements modernes et coûteux si les résultats de la recherche n’aboutissent à aucun bénéfice social postérieur ? », a-t-il déclaré.

Cuba est dans une position idéale pour servir d’intermédiaire entre les lieux où se concentre l’argent pour la recherche et les personnes qui ont réellement besoin de ces avancées techniques, pense-t-il.

Raison pour laquelle les expériences effectuées sur notre île présentent un si grand intérêt, surtout depuis 2004 et le projet de cartographie du cerveau, a expliqué  Valdès.

La cartographie cérébrale est un ensemble de techniques neuroscientifiques ayant pour but de relever de manière précise les quantités ou propriétés (biologiques) en représentation spatiale dans le cerveau (humain ou non-humain) et, d’établir à partir de ces relevés de véritables cartes du cerveau.

Ce type de projet a vu le jour au niveau mondial dans les années 90 du siècle dernier. Il vise à faire une recherche détaillée de la structure et des fonctions du cerveau humain grâce à l’utilisation d’un équipement de pointe fournissant des neuro-images de grande précision.

En avance sur son temps, « le CNEURO réfléchit depuis 1969 à  ces avancées que nous commençons à obtenir maintenant, au XXIème siècle ».

Le Centre des Neurosciences de Cuba, qui se trouve à l’ouest de La Havane, est né en 1969. C’est l’un des premiers groupes de recherche au monde à employer le calcul pour l’analyse de l’activité électrique cérébrale. Il a été constitué officiellement en 1990.

Aujourd’hui, cet établissement collabore, en ce qui concerne la recherche, avec divers pays, parmi lesquels le Mexique, l’Afrique-du-Sud, le Japon, la Chine et le Canada.

En outre, il publie de nombreux articles dans des revues spécialisées prestigieuses et d’impact international comme: Philosophical Transactions of the Royal Society, Neuroimage, CognitiveBrain Research, et European Archives of Psychiatry and Clinical Neuroscience, parmi tant d’autres.

Au niveau international, le CNEURO est reconnu pour son application sur le terrain de projets médicaux d’importance sociale dans le domaine des incapacités ayant pour cause un disfonctionnement neural.

Parmi ses réussites, on peut citer en particulier l’introduction de méthodes spéciales pour la détection précoce de la perte d’audition chez  l’enfant ainsi que l’utilisation de la technologie de l’implant cochléaire pour rendre l’audition aux sourds et aux sourds-aveugles.

La réalisation d’études épidémiologiques significatives sur les troubles de l’apprentissage et du comportement scolaire valent égalent la peine d’être ici rappelées.

Parmi les projets actuels du CNEURO, l’un des plus importants est le Laboratoire Commun Chine-Cuba, dont le siège se trouve dans les deux pays, et qui recrute des étudiants post-doctorants de diverses nationalités.

L’un des objectifs à long terme de ce projet est la création d’un atlas digital d’électro-encéphalogrammes (EEG) qui deviendra une base de données internationale ouverte à tous afin de garantir un accès à l’information aux experts de tous les pays.

Pour donner encore plus de chances d’aboutir à ce projet, l’année dernière, les gouvernements du Québec (Canada), conjointement  à ceux de la Chine et de Cuba ont lancé un programme de bourses et de financement tripartite pour la collaboration scientifique dans les domaines en relation avec le cerveau.

Le projet final, nommé CCC, lettres initiales des trois pays participants, sera une mise en commun informatique de toutes les connaissances qui permettra l’accès aux données nécessaires pour étudier les bios marqueurs de différents groupes de population.

Pour ce faire, le Canada a garanti une capacité de stockage de cinq mille terabytes pour accueillir l’information digitale des trois pays.

De plus, tous trois se sont entendus pour promouvoir la recherche sur la détection précoce et la gestion du vieillissement pathologique du cerveau. Un programme d’inter change académique permettant de faciliter l’exécution de ces objectifs accompagnera ce projet.

Le neuroscientifique  chinois, Qung Wang, l’un des membres du Laboratoire Cuba-Chine, a expliqué que le résultat de cette union sera une grande plate-forme contenant toutes les bases de données associées aux neurosciences ainsi que les divers outils d’analyse cérébrale.

L’utilisateur de ce système aura à sa disposition une mine d’informations médicales, d’analyses et d’images cérébrales qu’il pourra utiliser à loisir pour sa recherche.

« Cuba, la Chine et le Canada possèdent une quantité considérable de données », a reconnu cet expert chinois.

« Notre travail, pour le moment consiste à les relier afin d’obtenir de plus amples ressources pour les recherches menées dans nos trois pays. Nos conclusions n’en seront que plus solides », a-t-il déclaré.

* Journaliste de la rédaction Science et Technique de Prensa Latina

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