Par Pedro García Hernández *
Damas, 2 octobre (Prensa Latina) Dispersés entre sept pays du Moyen-Orient et de l’Asie mineure, près de 40 millions de Kurdes demeurent l’un des plus importants peuples du monde sans leur propre État-Nation et qui au fil des ans, pour y parvenir, montrent des alliances contradictoires peu concrétisées.
À l’heure actuelle, 20 à 50 % de ce chiffre, et selon des données approximatives dues à l’absence de recensements officiels, ils se trouvent dispersés en Turquie, majoritairement, en Iraq et en Syrie, et en nombres très inférieurs en Iran, en Arménie, en Géorgie et en Azerbaïdjan.
Majoritairement de croyance musulmane, surtout sunnite, ils n’ont pas une stabilité organisée sur le plan social et les lignes politiques sont contestées par 26 partis aux tendances les plus diverses.
En Syrie, la nation qui leur a le plus apporté son soutien jusqu’à la fin des années 90 et qui, après l’arrivée au pouvoir du président Bachar al-Assad, leur a accordé la nationalité et des droits; ils sont dispersés dans les provinces d’Alep et de Hasaka, à la frontière avec la Turquie.
Ils comptent sur l’hégémonie du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), autrefois d’idéologie marxiste-léniniste, désormais fondée sur un mélange de ce qu’ils appellent le socialisme libertaire, le nationalisme et l’écoanarchisme.
Ce mouvement, sans siège défini, a été fondé par Abdullah Ocalan en 1978, qui assume aujourd’hui les indications et les orientations depuis une prison sur l’île turque d’Imrali, où il a été détenu à vie selon les termes du Gouvernement d’Ankara.
Depuis le début de la guerre imposée à la Syrie, les Kurdes, et en particulier le PKK, ne se sont pas ouvertement affrontés avec le Gouvernement de Damas, mais se sont alliés aux États-Unis et à la coalition internationale qu’ils dirigent dans les zones où se trouvent les principaux gisements de pétrole, gaz, lithium et phosphates du territoire de cette nation du Levant.
L’EVOLUTION DES INTÉRÊTS KURDES EN SYRIE
Par le biais d’organisations paramilitaires telles que les Forces d’Autodéfense Kurdes (YPG) et les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), depuis 2012 et jusqu’à aujourd’hui, ils ont conclu des alliances avec les troupes étasuniennes et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), établies illégalement dans 14 bases militaires des provinces syriennes d’Alep et de Hassaké.
Depuis 2014, sans honorer l’engagement qu’ils avaient pris de ne pas revendiquer les territoires syriens, ces groupes kurdes ont reçu des armes, des munitions et un soutien logistique constants de Washington depuis les frontières septentrionales de ces régions avec l’Irak et, compte tenu de ce lien avec les Etats-Unis, ils ont maintenu une sorte de ‘stop’ avec les troupes turques, également illégalement disloquées dans l’est d’Alep.
Depuis cette année, ils stabilisent une dénommée Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, connue sous le nom de Rojava, largement médiatisée dans les grands médias occidentaux, qui démontre une attitude évidente en faveur du démantèlement de la nation.
Rojava comprend trois cantons ou districts à Afrin, Kobane et Cizre, des noms kurdes au lieu de la dénomination arabe historique, et dans lesquels ils conditionnent la population dans des secteurs clefs de l’administration, l´éducation et l´organisation sociale.
En tant qu’organisation d’apparence civile, ils ont constitué le Conseil Démocratique Syrien (CDS), qui a pour coprésidents Mansur Selum et Hediya Yuosef, critiques sévères du gouvernement légal à Damas et qui répondent à Ocalan, qui conserve une sorte de charge à vie en tant que président.
LES ACTIONS DES KURDES
L’autonomie autoproclamée des Kurdes à Rojava est inacceptable pour Damas et ses alliés parce qu’elle répond à la stratégie des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni visant à démanteler la Syrie en tant qu’État, la priver de l’accès à d’importantes ressources naturelles et aux barrages de Tabqa et de Tishreen, les plus grands réservoirs d’eau potable du pays.
Par ailleurs, les FDS exercent des contrôles et des méthodes d’isolement contre la population originelle de ces régions, obligent le recrutement forcé de jeunes et commercialisent le pétrole et le gaz qu’ils extraient avec l’appui des États-Unis.
De même, ils répriment les protestations populaires actuelles face à ces méthodes qui s’ajoutent à la mise en oeuvre de plans pour se débarrasser des habitants chrétiens, selon des allégations de l’archevêque syriaque de Nisibe, à Hasaka, Jacques Behnam Hind, publiées récemment sur le Réseau Voltaire.
L’encouragement à ces prérogatives des Kurdes passe également par la France, dont l’ancien ministre des Affaires Étrangères, Bernard Kouchner est entré dans les territoires contrôlés par les FDS pour participer à un soi-disant Forum sur le nettoyage racial et le changement démographique en décembre 2018.
D’une manière générale, les organisations kurdes, pour la plupart, restent alliées aux centres de pouvoir occidentaux, renforcent ces alliances et prétendent imposer avec ce soutien des conditions pour négocier avec le Gouvernement syrien.
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*Correspondant pour la presse latine en Syrie.