Bogota, 4 février (Prensa Latina) L’ancien président Ernesto Samper a regretté aujourd’hui la suspension du Centre National de Mémoire Historique de Colombie (Cnmhc) en tant que membre de la Coalition Internationale de Sites de Conscience, et ce pour ne pas avoir reconnu l’existence du conflit armé.
Petit à petit, les instruments désignés pour la paix ont été démontés ou pire. C’est maintenant le tour du Centre Mémoire, qui se retire du Réseau International de Sites de Conscience parce que son directeur ne pense pas qu’il y ait eu de conflit armé (dans le pays), a écrit Samper sur son profil Twitter.
L’institution a été informée ce lundi qu´elle n´était plus membre de ce réseau international en réponse au refus de son directeur, Rubén Darío, de clarifier ses critères concernant le conflit armé colombien, qualifiés de déclarations exclusives et partiales.
Contrairement aux résultats de décennies de guerre, le directeur avait précédemment assuré que la Colombie n’était pas le théâtre d’un conflit armé, mais victime de menaces terroristes, puis avait également nié la relation de l’État avec les dénommés faux positifs (meurtres de civils et exécutions extrajudiciaires par l’armée, enregistrés en suite comme victimes mortes au combat).
La sortie de la nation sud-américaine s’inscrit dans le contexte de la multiplication des allégations de persécutions et d’assassinats de soldats démobilisés des anciennes Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple et du non-respect des Accords de Paix de la part du gouvernement d’Ivan Duque.
« Le processus de paix a dépéri par un simple phénomène d’orphelin. Le gouvernement de Duque le tolère comme un mal nécessaire, mais n´en ne veut pas. Il est mal à l’aise quant à parler de victimes, de terres et de cultures de substitution parce qu’il se sent accusé -et il l’est pour avoir quitté la paix-, a souligné Samper, également ancien secrétaire général de l’Union des Nations Sudaméricaines.
La suspension du Cnmhc était une option sur la table depuis plusieurs mois en raison du refus de son directeur de répondre aux demandes concernant la reconnaissance de l’existence d’un conflit armé interne et la garantie du droit à la vérité pour les victimes, ainsi que le soutien aux exercices de mémoire de la société civile et la construction d’une culture de coexistence pour la non-répétition.
Dario a été placé à la tête du Centre en février 2019 par le président Duque et a été accusé à plusieurs reprises d’avoir retracé l’histoire de la conflagration et de son impact sur les victimes.
La position du directeur du Cnmhc et ses conséquences ont été sévèrement critiquées par différents secteurs de la société colombienne, y voyant le résultat du manque d’engagement du gouvernement envers la mémoire historique et du négationnisme de l’administration Duque.
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