samedi 30 novembre 2024 |
Prensa Latina - Qui sommes nous

| Contacter avec Prensa Latina

Agence d'information Latino-américaine
Édition française
Search
Close this search box.

Crise sanitaire et retour du néolibéralisme en Bolivie

Par Nara Romero Rams *

La Havane, 23 avril (Prensa Latina) Avec l’actuelle crise sanitaire en Bolivie en raison du Covid-19, le gouvernement de facto a accepté un crédit du Fonds Monétaire International (FMI) qui, pour le politologue Jorge Richter, se traduit par le retour du néolibéralisme.

 ‘L’état de peur d’une maladie invisible, apparemment incontrôlable, peut conduire une société dans ce désespoir à engendrer toutes sortes d´accord et d’acquiescements à des formes policières et militaristes comme celles qui se produisent en Bolivie’, a estimé Richter dans une vidéo publiée sur son profil Facebook.

Il a rappelé que, selon les experts, la véracité de l’information diffusée par les autorités, les médias et le système de santé était essentielle pour renforcer la confiance de la population et se conformer aux mesures de lutte contre le nouveau coronavirus, comme notamment la quarantaine.

Il a illustré les différences culturelles et socio-économiques lors de la mise en place de cet isolement dans les quartiers résidentiels du sud de la ville de La Paz et d’autres quartiers similaires à Santa Cruz ou Cochabamba.

Il a également souligné la nécessité d’un commandement unique pour la prise de décisions uniques, et non dispersées comme celles exécutées par les autorités locales dans les différents départements, ainsi que l’objectif principal de protéger, préserver et respecter les droits des citoyens.

Le respect de ces éléments recommandés pour la gestion des pandémies par les États est remis en question en Bolivie.

Compte tenu des chiffres révélés par l’Exécutif de facto concernant les cas confirmés de Covid-19 en Bolivie, qui sont inférieurs à ceux d’autres pays, le politologue invite au questionnement sur le nombre de tests effectués et le taux de contagions par million d’habitants qui confirment ces statistiques non divulguées officiellement.

« Quelqu’un du gouvernement avec beaucoup d’importance ces jours-ci a signalé qu’en Bolivie les projections les équipements, les réactifs qui ont été achetés et l´installation de laboratoires, le plus grand achat dans l’histoire de ce pays, vont nous permettre de réaliser trois mille 300 tests. C’est faux », a-t-il assuré.

Il a confirmé que le pays sud-américain cumule plus de trois mille quatre-vingt-onze tests depuis le 10 mars dernier, chiffre inférieur par rapport à d’autres pays de la région et en ce qui concerne l’avenir il a estimé que cette moyenne de 80 tests par jour ne permettra pas de détecter le nombre de cas réels.

Le discours de propagande par les autorités de facto sur le succès de la Bolivie dans la lutte contre le nouveau coronavirus s’est intensifié depuis le 5 avril dernier, cependant, le nombre de contagions révélées reste en dessous du reste du monde où les chiffres peuvent facilement atteindre cinq chiffres, a-t-il précisé.

‘Ils (le Gouvernement) disent que nous ne pouvons pas faire plus de tests parce que nous n’avons pas les enzymes pour les compléter et pouvoir utiliser la quantité de 10 mille kits qui ont déclaré exister dans le pays’, a-t-il rappelé.

Face à cette situation, il a prédit la construction d’un modèle politique hégémonique qui annule la citoyenneté du bolivien, viole ses droits et profite de la crise sanitaire pour prolonger au pouvoir l’autoproclamée Jeanine Áñez.

Pour rester indéfiniment au gouvernement, vous devez créer un état policier que nous avons déjà avec la militarisation, et pour que vous acceptiez ces militarisations, vous devez croire que ce modèle nous sauve vraiment de la crise sanitaire. Alors nous n’allons pas faire des tests massifs, a estimé Richter. Il a qualifié de macabre ce calcul où les boliviens seront dramatiquement exposés à la contagion une fois la quarantaine terminée.

ENFANCE SANS PROTECTION

Le gouvernement de facto en Bolivie a mis en place plusieurs mesures pour éviter la propagation du Covid-19, stratégies considérées comme malavisées par certains experts et qui laissent sans protection plusieurs secteurs de la population comme les enfants qui travaillent.

Depuis le 22 mars a été décrétée la quarantaine sociale et les incitations économiques comme le Panier Familial et le Bon Famille ne bénéficient pas aux enfants qui, en raison de la paralysie du travail, ne peuvent pas vendre des produits dans les rues et sont victimes de violence intrafamiliale.

Dans des déclarations au quotidien Página Siete, Nadia Mendoza, représentante de l’organisation Niñas, Niños y Adolescentes de La Paz, a déploré cette situation car de nombreux mineurs nourrissent leur foyer en raison de problèmes de santé maternelle ou d’absence paternelle.

C’était eux qui allaient travailler pour porter le pain quotidien. Avec cette situation ils ne peuvent même pas sortir pour acheter les choses en raison de la quarantaine’, a-t-elle précisé.

‘Cela suscite l’inquiétude dans toute la famille et c’est d’une certaine manière ce qui engendre la violence au sein de la famille’, a-t-elle affirmé, tout en rappelant qu’il n’existe pas jusqu’à présent de politiques gouvernementales pour protéger ce secteur de la population.

Des experts soulignent en outre la discrimination et les violations des droits fondamentaux des femmes et des peuples indigènes à mesure que la crise sanitaire s’aggrave.

Par ailleurs, l’arrivée du Covid-19 dans le pays fut propice au report des élections générales consécutives au coup d’État contre Evo Morales et, selon les sondages, le Mouvement Vers le Socialisme en sortirait à nouveau victorieux.

Áñez ne manque pas les occasions de continuer sa campagne et de discréditer l’administration de Morales (2006-2019).

Dans le même temps, les allégations de violations des droits de l’Homme, de la part de groupes vulnérables négligés, et l’augmentation des forces policières et militaires dans les rues restent les lettres de présentation d’un gouvernement néolibéral pour qui la santé de la population et son bien-être ne sont pas la priorité.

peo/arb/nmr

*Journaliste à la Rédaction sud-américaine de Prensa Latina.


 

EN CONTINU
notes connexes