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Jorge Sanjinés: la lutte pour la libération par le biais du cinéma

La Paz (PL) Considéré l’un des réalisateurs les plus importants de Bolivie, Jorge Sanjinés est aussi un des principaux représentants du Nouveau cinéma latino-américain, un mouvement cinématographique né dans les années 60 qui cherchait des changements dans les relations de pouvoir dans le monde cinématographique, où le modèle hollywoodien détenait une position hégémonique.

Pour Jorge Sanjinés l’apparition de ce courant répond au besoin de réaliser des films «différemment, avec un contenu idéologique contestant les relations économiques qui dominaient le monde à l’époque»

Il fallait entamer une autre étape dans l’histoire du cinéma et tourner des films pour les montrer aux gens. Il fallait pénétrer la pensée et les mœurs des peuples, faire un autre type de cinéma portant sur les questions brûlantes sur la réalité politique et sociale, a expliqué Sanjinés lors d’un entretien à l’ambassade du Venezuela à La Paz.

En 1968 on a participé à la Première Rencontre de documentaristes de la région à l’Université de Mérida, au Venezuela. On assistait à un moment historique très particulier, l’Amérique latine était secouée par effervescence politique. Il faisait très peu de temps qu’Ernesto Che Geuvara était mort, lui, qui avait donné sa vie pour la libération de la Bolivie et avait profondément touché le jeune intellectuels, a-t-il dit.

D’après le réalisateur de «Yawar Mallku» ou «Le Sang de Condor» et «Le Secret Nation», il a été nécessaire la création d’un nouveau discours cinématographique pouvant défendre la culture de chaque pays, sa souveraineté et identité.

Le cinéma bolivien lié à ce courant cinématographique véhiculait une idéologie et un but politique. Ses réalisateurs connurent beaucoup de difficultés et de circonstances très dangereuses. Quelques-uns furent mis en prison alors que d’autres dont Sanjinés se virent contraints de s’exiler.

Lors de l’entretien Sanjinés a rappelé la première du film « Le Sang de Condor » en 1969 à travers lequel il dénonçait la stérilisation de jeunes femmes paysannes par l’agence américaine Corps de la Paix.

Ce film fut exhibé au Festival de Venise et lauréat d’un Gouvernail d’or. Grâce à sa projection à La Mostra de Venise le monde sut sur ce crime. Il suscita une grande polémique, des investigations furent réalisées et le gouvernement bolivien expulsa les Corps de la Paix du pays.

Après l’arrivée au pouvoir du dictateur Hugo Banzer en 1971, Sanjinés et le groupe Ukamau durent s’exiler dans plusieurs pays latino-américains où ils continuèrent à tourner des films dans l’objet de préserver la culture andine et condamner les crimes commis contre le peuple.

Les populations autochtones, leurs habitudes, leur histoire sont des sujets très récurrents dans la filmographie de Sanjinés puisque, selon lui, elles en tant que communauté sont un personnage stratégique dans la lutte pour la libération.

En ce qui concerne ses projets actuels, Sanjinés a confié qu’avec le groupe Ukmau, il réalise «un type de cinéma visant la récupération de la mémoire historique qui fut niée, déformée et intentionnellement mal racontée».

Sa plus récente production,  Juana Azurduy, Guèrière de la Grande Patrie, reprend les particularités et expériences de la vie de cette héroïne ainsi que son rôle dans la lutte pour la défense des droits des peuples autochtones.

Quant aux enjeux du cinéma latino-américain à l’heure actuelle, Sanjinés à considéré que ses principaux défis étaient exister et reprendre son compromis avec l’histoire et la société.

Il a souligné le besoin de faire face à la pénétration de la culture américaine dans la région et de reprendre les salles de cinéma et réveiller l’intérêt de jeunes influencés par l’audiovisuel individualiste, commercial qui tente de domestiquer, aliéner et provoquer le refus à l’identité de chaque nation.

Par Glenda Arcia
Correspondante à La Paz

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