Belgrade,
Devant les caméras de la chaîne Telegraf TV, le diplomate a fait une incursion dans les affaires de politique interne entre les deux pays lorsqu’il a donné son avis sur la décision de Zagreb de déclarer Vulin persona non grata, pour l’empêcher d’assister à une cérémonie du souvenir en l’honneur des victimes du fascisme croate pendant la Seconde Guerre Mondiale.
« Je ne crois pas qu’il existe une seule personne raisonnable pour dire que le voyage de Vulin à Jasenovac (un ancien camp de concentration) pourrait améliorer les relations avec la Croatie », a jugé Scott.
Dans une autre partie de sa déclaration, il a ajouté -pour équilibrer ses propos, en quelque sorte- que les croates étaient dans l’obligation de se montrer « un peu plus fermes à cause de toutes les critiques provoquées par le passé ustasha (fasciste) du pays ».
Questionné à ce propos par l’agence de presse Tanjug, le ministre Vulina répondu de manière symétrique au point de vue de l’ambassadeur.
« ‘Je ne connais aucun diplomate cohérent qui puisse croire que la Serbie est une colonie qui lui appartienne, et je ne connais, non plus, aucune personne raisonnable qui pense que la Croatie devrait seulement montrer un peu plus de fermeté » face aux manifestations de l’idéologie ustasha.
Ces derniers jours, cet incident a rapidement fait monter le ton entre les deux pays. En effet, Belgrade a répliqué de manière symétrique en déclarant persona non grata Damir Krsticevic, qui est à la fois vice-premier ministre de Croatie et ministre de la Défense, et en laissant entendre que d’autres mesures pourraient être prises.
Pendant son intervention à Telegraph TV, l’ambassadeur Scott, qui s’exprime fréquemment dans les médias de Belgrade, s’est étendu sur d’autres thèmes concernant la Serbie, et aussi la Russie, qu’il considère comme un pays ami et allié de la Serbie.
Il a expliqué qu’il est impossible de parler d’une solution à long terme pour régler le problème du Kosovo sans qu’il y ait des conversations directes entre Belgrade et Pristina, ce qui, a-t-il dit, est l’objectif des États-Unis et du dialogue entre ces deux pays à Bruxelles.
Il a ajouté que son pays peut faire des suggestions et des propositions, et même calmer la tension quand cela est nécessaire et qu’il en a les moyens, mais que rien ne pourra remplacer le dialogue entre Belgrade et Pristina.
À son avis, les deux partis ont tout intérêt à développer l’emploi et la croissance économique, mais ne pourront y arriver que lorsqu’ils parviendrontà un accord et que les relations entre eux seront normalisées.
Quant au point de vue occidental qui juge nocive l’influence de la Russie dans les Balkans, il a accusé Moscou de s’écarter du cap de l’intégration avec le monde.
D’après lui, Moscou s’est livré » à l’invasion de la Géorgie, a reconnu l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie ainsi que d’autres pays, a annexé la Crimée, a fourni de l’aide aux forces du Donbass, et toutes ces interventions n’ont fait que créer des problèmes ».
Il ne s’est pas privé non plus pour attaquer la Russie pour son appui à » des régimes comme celui d’Assad en Syrie qui utilise des armes chimiques » et pour son « intervention brutale dans nos relations et dans les élections aux États-Unis ».
En ce qui concerne les Balkans de l’Ouest, il a affirmé ne pas être certain que la politique de la Russie ne soit pas de s’opposer à l’intégration de ces pays dans l’Union Européenne « bien qu’elle dise le contraire », puis a accusé le Kremlin, sans présenter de preuves, « d’appuyer les éléments extrémistes en Serbie, en Bosnie et dans d’autres pays ».
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