Madrid,
Pour réussir dans cette tentative, ce candidat, présenté par la coalition conservatrice Junts per Catalunya (JxCat) à la présidence de la Generalitat (l’éxécutif catalan), avait besoin de la majorité absolue de la chambre régionale, c’est-à-dire à 68 députés sur 135.
Torra n’a obtenu que 66 votes en sa faveur: ceux de JxCat et d’EsquerraRepublicana (ERC),l’autre grand parti séparatiste. 65 députés ont voté contre et 4 se sont abstenus – ceux de Candidature d’Union Populaire (CUP), le plus petit des partis favorables à une rupture avec l’Espagne.
Cet échec retentissant de l’aspirant à diriger le destin de cette prospère région de 7,5 millions d’habitants est donc due au refus des anti-capitalistes de la CUP de faciliter l’arrivée au pouvoir d’un dirigeant qui, selon ses critères, parie pour encore davantage d’ « autonomie ».
Pour le représentant de la CUP, Carles Riera, JxCat et ERC veulent entrer dans un « cycle autonomiste » au lieu de parier sur la désobéissance pacifique et l’action unilatérale pour construire la République Catalane, en accord avec le mandat octroyé par le référendum du 1er octobre 2017.
Dans sa réponse aux critiques de la CUP, Torra a répliqué en disant que, s’il est élu à la présidence de la Generalitat, il ne proclamera « pas l’autonomie » mais dirigera sa politique vers la création d’un Etat souverain sous forme de république.
« Depuis le 1-O (en référence à la consultation unilatérale promue par les indépendantistes malgré l’interdiction de la justice espagnole), on ne peut plus envisager un gouvernement tourné vers le passé », a-t-il assuré.
L’impossibilité de désigner aujourd’hui un nouveau mandataire et, ainsi, d’en finir avec des mois de paralysie politique dans cette riche région du nord-ouest de l’Espagne, va conduire le parlement à se prononcer une seconde fois, lundi prochain. A la suite de ce second vote, la majorité simple prévaudra, c’est-à-dire qu’il suffira pour un candidat d’arriver en tête.
Cependant, la CUP a réuni ses militants, en cette fin de semaine, pour décider si ses quatre députés maintiennent leur abstention ou votent contre. Dans cette dernière hypothèse, l’incertitude se prolongera puisque le candidat proposé n’aura pas obtenu le soutien du parlement.
Si, donc, la CUP rejette la candidature de Torres, ses quatre députés se joindront aux 65 députés des autres partis représentés à l’assemblée législative, qui sont opposés au processus d’indépendance qui a abouti, le 27 octobre, à une défaite de la déclaration unilatérale d’indépendance.
Un nouveau rejet par ce petit parti mènera, presqu’inévitablement, à de nouvelles élections sur l’autonomie, élections qui seront convoquées automatiquement si la Catalogne continue à être sans gouvernement le 22 mai.
lma/edu