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Du calme à l’action: la politique du nouveau gouvernant de l’Ethiopie

Par Richard Ruiz Julien.

Addis Abeba, 7 juin (Prensa Latina) «Du calme à l’action», c’est ainsi que les experts définissent les deux premiers mois de gestion du premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui s’est donné pour projet la consolidation de l’une des économies les plus fortes de l’Afrique.

Bien qu’il ait fait toutes ses classes au sein de la coalition du Front Démocratique Révolutionnaire du Peuple Ethiopien, les observateurs estiment qu’Ahmed est différent des anciens dirigeants du parti. Dès le tout début, estiment-t-ils, son approche a été incroyablement personnelle et charismatique.

Au milieu de l’agitation qui a abouti à son élection, les visites de routine dans les territoires où ont surgi les protestations et les conversations ouvertes qu’il a eues avec les citoyens ont donné à ses compatriotes l’impression d’avoir à faire à un homme politique réellement à l’écoute de leurs demandes.

Le pays -y compris les partis d’opposition- a cessé de protester et a commencé à écouter, affirme le commentateur Mohamed Girma.

Abiy Ahmed n’a jamais caché que la réconciliation nationale était son projet le plus important et le plus pressant, mais il continue à être une énigme pour beaucoup car la distance avec le passé dont il fait preuve ne le démarque pas suffisamment de l’establishment, ce qui pourrait devenir pour lui source de nouveaux défis, estime Girma.

Dans ce contexte, les experts en appellent au calme et attendent une analyse exhaustive des événements, avant de succomber à la frustration ou une opposition injuste qui pourrait être provoquée par la personnalité du nouveau président.

Bien que l’instabilité du pays puisse s’expliquer par des raisons objectives, les analystes expliquent que l’opposition a également tiré parti du contexte historique pour exacerber le mécontentement en fonction de ses intérêts personnels qui sont, en grande partie, à l’origine d’une violence inutile et du chaos.

Ainsi, pour Fitsum Getachew, professeur à l’Université d’Addis Abeba, il vaut mieux se concentrer sur les progrès de ces dernières semaines, durant lesquelles le fringant chef de Gouvernement a non seulement posé les prémisses du dialogue avec les activistes et la société civile, mais a même poussé au-delà, jusque dans les pays voisins pour consolider une alliance économique régionale basée sur une croissance forte et durable.

Getachew insiste sur le fait que le premier ministre est parvenu à instiller la conviction qu’un accord de coexistence pacifique entre les divers groupes ethniques est une chose possible.

Les discours sur un «état unitaire» sont une musique délicieuse aux oreilles de ceux qui ont lutté pour l’intégration nationale. Ils y voient un facteur d’apaisement et sont sensibles à la modération de cette nouvelle voix, précisément parce qu’ils se rendent compte que les choses auraient pu devenir incontrôlables s’il n’y avait eu cet appel à la conciliation.

De l’avis des analystes, Ahmed s’est présenté comme un grand narrateur, un unificateur, un motivateur et, parfois, un «éducateur en chef»; des qualités qui lui seront nécessaires pour gagner la patience des éthiopiens.

Maintenant, ajoutent-ils, il doit convertir sa vision politique en réalisations concrètes, bien qu’il ait déjà montré des signes positifs allant dans ce sens, comme, par exemple, la libération des prisonniers politiques, y compris celle de Andargachew Tsige, leader important du Ginbot 7, un parti d’opposition.

Les passions ne doivent pas prendre le pas sur la raison; en deux mois, on ne peut pas satisfaire les gens du Tigray et leurs demandes de condamnation pour de présumées atrocités commises pendant les manifestations, ni ceux du Amhara, accrochés à leur sempiternel individualisme, explique Salomon Alemyehu, chercheur au Centre d’Etudes Stratégiques.

En ce qui concerne l’opinion publique, il reste encore des questions pressantes à résoudre: le remplacement des fonctionnaires impopulaires, par exemple; ou la prise en main des institutions militaires ainsi que de celles de sécurité et du pouvoir judiciaire afin qu’ils puissent tous servir la nation de manière indépendante et idéologiquement neutre.

Et finalement, selon les analystes, si l’on prend au sérieux la construction d’un état unitaire sans miner les identités ethniques, il est impératif d’amender l’article 39 de la Constitution, qui octroie à tous les ressortissants le droit à l’autodétermination, y compris le droit à la sécession.

Les analystes estiment que cette importance exagérée accordée à l’ethno-nationalisme pourrait entraîner l’excision de certaines régions et aboutir à une véritable balkanisation de l’Ethiopie.

peo/agp/rrj

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