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Managua, 18 juin (Prensa Latina)Plus de morts; au nom de Dieu, qu’il n’y ait plus de morts, a exigé la table ronde pour le dialogue national au Nicaragua, sur laquelle pèse la lourde responsabilité de trouver une solution permettant de mettre un terme à la violence qui de déchaîne dans le pays.
Après une autre journée entachée de crimes contre des familles nicaraguayennes, les représentants du gouvernement et des secteurs de l’opposition se sont accordés pour respecter les recommendations de la Commission de Vérification et Sécurité.
C’est cette même Commission qui vérifiera l’application des accords cinq et six signés par les deux partis hier soir après une session marathon de plus de 10 heures.
L’accord numéro cinq décrète la création d’une Commission, composée de représentants du dialogue national, l’église gardant toujours son rôle de témoin et les organisations internationales d’accompagnantes de ce processus.
Il incombera à cette Commission de définir ses propres méthodes de travail et son organisation interne. Elle devra aussi veiller à ce que règne une atmosphère de paix et de sécurité pour tous les nicaraguayens.
En conséquence, l’accord numéro six exige la fin de toute forme de violence et de menaces sur le territoire national, d’où qu’elles viennent, et un plan d’application à cet effet pour que soient levés dans les plus brefs délais les blocages de routes et les barricades qui ont coûté la vie à des enfants, des femmes et des personnes âgées.
En ce qui concerne la démocratisation du pays, les deux parties se sont mises d’accord sur la création d’une Commission Électorale formée de six membres (trois pour chacune des parties).
À son agenda, cette Commission Électorale aura l’organisation d’élections anticipées à tous les niveaux pour le 31 mars 2019.
Cette mesure sera accompagnée par la démission et la substitution des magistrats du Conseil Suprême, le changement de ses structures de décision et la prise en charge de cette Cour par de nouvelles autorités.
Est également inclue dans cette série d’accords, une réforme de la loi organique régissant l’Assemblée Nationale afin que les réformes constitutionnelles entrent en vigueur pendant l’année en cours.
Dans ce même domaine, sont prévus: une réforme de la loi électorale, un nouveau calendrier pour les élections, une invitation au respect de toutes ces mesures par l’ensemble de la nation et, pour finir, une nouvelle loi sur les partis politiques et le contrôle et la mise-à-jour des registres électoraux.
Parmi les accords signés figure aussi la demande pressante pour l’envoi d’une mission de la Commission Inter-Américaine des Droits de l’Homme (CIDH) et d’une mission de l’Union Européenne.
Les deux parties se sont mises d’accord pour que ces missions coopèrent dans les enquêtes visant à établir les responsabilités pour chaque décès et chaque acte de violence survenu pendant ces évènements et qu’elles veillent à intégrer la réparation aux victimes afin que justice soit faite.
Ils ont également décrété que l’installation officielle sur place du Groupe Inter-disciplinaire d’Experts Indépendants pour le Nicaragua serait hautement souhaitable; ce groupe pourrait ainsi appliquer le mécanisme prévu par le système interaméricain et appuyer les demandes de la société civile.
La veille, le cardinal Brenes, président de la Conférence Épiscopale, avait fait connaître les propositions remises par lettre au président de la République, Daniel Ortega. Parmi celles-ci figuraient: des élections anticipées, l’élimination de la possibilité de réélection dans la Constitution, la démission et le remplacement des membres du Conseil Suprême, la séparation et l’indépendance des pouvoirs publics, le respect du pluralisme des partis ainsi que la présence d’organisations internationales et d’observateurs locaux lors des élections.
Comme ils l’avaient annoncé, les évêques ont également rendu publique la réponse du Président: c’est-à-dire son accord à ces propositions et sont assurance qu’elles seraient discutées à la séance plénière pour le dialogue.
Les conversations de ce samedi se sont déroulées dans une ambiance d’accusations réciproques, de douleur et d’indignation en raison des crimes perpétrés par des bandes de délinquants qui opèrent impunément dans plusieurs quartiers de la capitale.
Ayant pris acte des accords obtenus ce samedi, le dialogue reprendra lundi prochain. Il sera réparti dans divers groupes de travail. Une nouvelle assemblée plénière se tiendra mardi sur laquelle de nombreux nicaraguayens fondent tous leurs espoirs, alors que d’autres semblent décidés à la faire échouer, si l’on en juge par les récents actes de terrorisme qui ont été commis dans le pays.
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