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La Colombie a définitivement changé

Bogota, 19 juin (Prensa Latina) Malgré le retour au pouvoir du parti d’Alvaro Uribe, le résultat obtenu par le mouvement Colombie Humaine aux dernières élections est un événement historique.

Jamais auparavant, dans l’histoire de ce pays, un candidat du centre-gauche, venu de la marge de l’échiquier politique, n’avait obtenu un soutien aussi important dans les urnes que Gustavo Petro.

Hier, après que la totalité des circonscriptions aient remis leurs résultats du second tour, le représentant de l’extrême droite colombienne, Ivan Duque a été désigné vainqueur avec 54 pour cent des suffrages, devançant ainsi Gustavo Petro, l’ancien guérilléro du M-19, ancien membre du Congrès et maire de Bogota, qui a obtenu 42 pour cent des voix.

Le mouvement Colombie Humaine portait tous les espoirs. On s’attendait à ce qu’il gagne, ce qui explique la déception de ses sympathisants en apprenant la victoire du candidat du Centre Démocratique, le parti fondé et dirigé par Alvaro Uribe, l’ancien président.

Cependant, après  ses remerciements à tous ceux qui ont voté pour lui, Petro leur a demandé d’écarter la tristesse de la défaite et de continuer mobilisés pour faire changer la Colombie. « Aujourd’hui, il n’y a pas de défaite. Nous ne sommes pas encore le gouvernement de la Colombie, c’est tout », a-t-il déclaré.

« Petro, notre ami, le peuple est avec toi! », chantait la foule dans la capitale pendant que Petro essayait de remobiliser la foule par ses paroles combatives et sa foi inébranlable en la victoire à venir de Colombie Humaine.

« Nous sommes maintenant huit millions de colombiens et de colombiennes, libres et debout. Ici, il n’y a pas de défaite », a-t-il insisté en rappelant le score que son parti venait d’obtenir.

Le monde attendait un miracle en Colombie. Voilà pourquoi tous  soutenaient Colombie Humaine; des personnes aussi illustres que le linguiste états-unien Noam Chomsky ou le Prix Nobel de Littérature Sud-africain John Coetzee, parmi tant d’autres.

Cependant, le pouvoir des appareils politiques et des milieux clientélistes qui ont rejoint le camps de Duque et la stratégie de la peur que les médias ont disséminée à longueur de journée  ont fini par peser sur la décision finale du corps électoral.

En Colombie, bien que tous ou presque tous se refusent à le reconnaître, la haine a été l’un des éléments constitutifs de la société, explique Joaquin Robles, l’analyste politique colombien.

Cette haine est en particulier dirigée, signale-t-il, contre les manifestations politiques de gauche, celles qui, à son avis, sont diabolisées de manière quasi morbide.

Pour Petro, l’explication du ballotage est qu’ « ils ont gagné, parce qu’ils ont dit que nous étions des athées. Ils ont gagné, parce qu’ils ont dit que nous avons tué des gens, que nous allions fermer les églises, que nous allions devenir un nouveau Venezuela. Ils ont gagné, à force de mensonges et de mensonges ».

« Nous leurs faisons tellement peur qu’ils finissent par s’unir. Mais un jour, dans pas longtemps, nous entrerons au Palais de Nariño », a prédit le représentant de Colombie Humaine et de la Grande Coalition pour la Paix.

Pour AtilioBoron, sociologue argentin réputé, ce qui est arrivé en Colombie c’est que, pour la première fois de son histoire, le traditionnel bipartisme de la droite s’est fêlé. Une candidature de centre gauche a fait irruption dans la vie politique.

Baron estime que l’avènement de Colombie Humaine marque le début de la fin d’une époque.

Il s’agit, d’après cet universitaire, d’un accouchement des plus lents, des plus difficile et douloureux, mais dont le résultat sera la construction d’une nouvelle hégémonie politique qui déplacera les lignes de force qui, depuis de siècles, ont imposé  leur domination à la Colombie.

Le peuple de Colombie s’est mis en marche. Il a buté sur un obstacle, mais il se relèvera et, plus vite qu’on ne le pense, donnera naissance à un pays nouveau, prédit cet éminent écrivain.

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