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Les fantômes de la dictature chilienne resurgissent

Par Fausto Triana

Santiago du Chili, 5 août (Prensa Latina) Bien que la presse et les médias locaux font de leur mieux pour minimiser l’affaire, les fantômes de la dictature d’Auguste Pinochet semblent avoir resurgi au Chili, après que trois criminels de lèse-humanité aient été libérés.

Le silence est aussi presque total du côté des autorités du Gouvernement de droite de SebastiánPiñera, comme l’a signalé l’Association des Parents de Détenus Disparus (AFDD) qui tente de faire connaître plus largement cette affaire.

Mardi et mercredi de cette semaine, la Cour Suprême du Chili a décidé d’offrir la liberté conditionnelle à sept anciens militaires, condamnés pour leur participation dans les assassinats, la torture et les disparitions qui eurent lieu pendant la sanglante dictature du général Pinochet (1973-1990).

Les personnes libérées sont l’ancien général de brigade de l’Armée Chilienne, Emilio de la Mahotiere, condamné à trois ans de prison pour complicité et pour avoir tenté de soustraire à la justice l’un des cas de la Caravane de la Mort; l’ancien colonel Moisés Retamal, qui purgeait une peine de six ans pour séquestration qualifiée de trois uruguayens en 1973.

De même que l’ancien capitaine des carabiniers, Gamaliel Soto, condamné pour l’enlèvement de deux frères en 1973; l’ancien colonel Manuel Perez, condamné pour l’assassinat en Uruguay d’un ancien chimiste de la DINA, Eugenio Berrios, en 1993.

Et finalement, les anciens officiers de l’Armée, José Quintanilla, Hernan Portillo et Felipe Gonzalez, qui purgeaient une peine pour l’enlèvement de Lorenzo Lazio en 1975.

Le président du Sénat du Chili, Carlos Montés, estime que la libération de ces sept anciens militaires qui purgeaient des peines de lèse-humanité est « un acte horrible ».

« Il affecte de nombreuses familles et parents. Il a de sérieuses conséquences notamment quand on sait que beaucoup de ces personnes libérées n’ont jamais reconnu qu’elles avaient porté atteinte aux droits de l’Homme d’une façon si atroce », explique Carlos Montés.

En plus des manifestations et d’une marche de protestation qui a eu lieu ce vendredi, les membres de l’opposition de la Chambre des Députés ont annoncé qu’ils présenteront  une accusation constitutionnelle contre les ministres de la Salle Pénale de la Cour Suprême.

Plus précisément, cette accusation sera dirigée contre les juges spéciaux Hugo Dolmestch, Carlos Künsemüller et Antonio Valderrama qui ont voté en faveur de la libération de ces sept prisonniers qui purgeaient leur peine à la prison de Punta Peuco.

Le député socialiste, Fidel Espinoza, dont le père fut assassiné par les sbires de Pinochet a déploré cette décision de la Cour Suprême. Il estime qu’elle donne au monde une bien piètre image du Chili.

« Parmi les libérés, il y a un ancien pilote de la Caravane de la Mort (la Mahotiere) qui a assassiné avec une totale cruauté une centaine de citoyens, dont mon père. Je n’arrive pas à croire que la Cour ait pu commettre une telle erreur de jugement », a insisté Espinoza.

A l’intérieur même du Parlement, plusieurs députés ont déposé sur leur siège de grands portraits de détenus qui ont disparu pendant la dictature, tentant  ainsi de discréditer  la décision de la Cour Suprême.

L’unique déclaration du Gouvernement sur cette affaire a été faite par le ministre de l’Intérieur, Andres Chadwick. Selon lui, « cette contestation des députés est tout-à-fait déplacée car il s’agit d’une décision judiciaire ». C’est-à-dire que, selon lui, elle n’a rien à voir avec le Parlement.

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