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Les résultats en attente de l´Union Africaine sur le Lac Tchad

Par Richard Ruiz Julien

Addis Abeba, 17 août (Prensa Latina) Le bassin du Lac Tchad, sur la ceinture du Sahel, qui regroupe près de 45 millions de personnes qui partagent carence et pauvreté, est selon des experts l´un des défis actuels de l´Union Africaine (UA).

Selon des statistiques des Nations-Unies, sept habitants sur dix des quatre États qui se partagent cette énorme masse d´eau – Tchad, Nigeria, Niger et Cameroun – peuvent être considéré comme très pauvres.

Les hauts taux d´analphabétisme (jusqu´à neuf femmes sur dix dans la partie qui correspond au Niger), les problèmes d´alimentation, le manque d´installations sanitaires ou les scandaleux indices de mortalité infantile font partie d´une longue liste de problèmes dans cette région.

Même si lors de la 78ème session du Conseil de Sécurité et de Paix de l´UA ces défis ont fait l´objet de débats, certains spécialistes estiment que le travail à effectuer pour aider cette zone géographique à aller de l´avant est considérable. Et ce tenant en compte le fait que jusqu´à l´heure aucune action radicale à ce sujet n´a été enregistrée.

Pour le chercheur du Centre d´Études Stratégiques, Bilal Derso, « jusqu´au déclenchement de la crise humanitaire provoquée par le groupe Boko Haram, cette région a été oubliée dans de nombreux domaines ».

Depuis que la barbarie a attiré l´attention de la communauté internationale, c´est à dire de pays donateurs, par ses enlèvements massifs et l´utilisation de mineurs pour réaliser des attentats, l´aide d´urgence a débarqué aux alentours du Lac Tchad, mais il n´existe aucune stratégie effective pour éradiquer la prolifération de cellules extrémistes.

« Là-bas, les besoins sont encore énormes, et cela contribue en grande partie à la radicalisation de nombreux jeunes », a ajouté Derso.

« De l´eau, de la nourriture. La sécurité. Les soins médicaux. Des vaccins pour les animaux, des lieux pour leur élevage… ce qu´il faut surtout c´est former les agriculteurs, créer des opportunités pour les nouvelles générations. Et puis, … voilà toutes les priorités actuelles », a commenté pour Prensa Latina Robel Yohannes, et ce en insistant bien sur « priorités ».

« Le pire est que ces besoins ne sont pas survenus avec les affrontements; ce sont des problèmes traînés depuis des décennies de négligence », a-t-il précisé.

Le contexte provoqué par la violence a effectivement déplacé des centaines de milliers de personnes, faisant que dans des lieux où il manquait déjà souvent de tout, les pénuries se sont multipliées par le nombre de récents arrivants.

« Récemment l´urgence a mobilisé plus de fonds pour prendre en charge les problèmes de la région. Mais le soutien n´est ni suffisant, ni durable », a estimé Mohamadu Kassa, professeur de Relations Internationales à l´Université d´Addis Abeba.

Ce que souligne Kassa fait partie d´un débat de plus en plus répandu: celui de la distinction entre l´action humanitaire (et son financement) et la promotion du développement.

Le grand nombre de déplacés et la famine qui l´accompagne, surtout si elle va de paire avec des images ou des histoires touchantes, choquantes, donnent souvent lieu à une réaction destinée à s´occuper de la crise humanitaire.

« Le problème se pose lorsque l´urgence est moindre, alors les feux de projecteurs s´éteignent et les fonds se réduisent. Et le risque de l´oubli réapparait. Et également celui de ses conséquences », a estimé l´analyste.

« Avec cette violence et cette horreur nous avons payé le prix de trois décennies lors desquelles nous ne nous sommes pas dument occupé de cette zone. Où est le rôle des institutions continentales, de l´UA par exemple? Il est nécessaire de faire plus, ils ont besoin de beaucoup plus », a-t-il ajouté. Pour exploiter les possibilités qu´offre le lac, les observateurs coïncident sur le fait qu´il faut consacrer bien plus d´attention (et d´argent) au développement.

Selon Philippe Barragne, représentant du Fond des Nations-Unies pour l´enfance à N´Djamena, il faut « dans un premier temps assurer les soins médicaux et l´éducation primaire. Dans la zone nous avons rencontré des adolescents qui n´avaient jamais été ni un seul jour à l´école ».

Et, comme le demandait le président tchadien de la Commission Formation de l´UA, Moussa Faki Mahamat, « il faut former les jeunes à savoir comment exploiter leur environnement ».

« Si nous ne le faisons pas, si nous ne créons pas des emplois, les enfants d´aujourd´hui se convertirons en la seconde génération de Boko Haram », a prédit Kashim Shettima, gouverneur du Borno, dans la partie nigériane du lac.

« Ou nous verrons alors des dizaines de millions de personnes se rendre aux portes de l´Europe », a-t-il conclu.

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