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Addis Abeba, 4 septembre (Prensa Latina) L´humanité, mais en particulier l´Afrique, fait aujourd´hui face à la pire crise humanitaire des 70 dernières années; près de 20 millions de personnes sont au bord de la famine dans trois pays: le Soudan du Sud, la Somalie et le Nigéria.
De nombreux experts estiment que les organisations de coopération pour le développement, tout comme les agences des Nations Unies, tirent la sonnette d´alarme depuis longtemps sans que la communauté internationale ait été au minimum capable de donner une réponse à la hauteur de la gravité de la situation.
Face à ce contexte, ces spécialistes se demandent: « plein XXIème siècle, famine et indifférence politique, comment est-ce possible? ».
« Comment est-il possible que nous en soyons arrivé là, quelles sont les causes qui ont fait que cette situation d´une telle ampleur se produise actuellement? », se questionne le professeur de Relations Internationales de l´Université d´Addis Abeba, Firawol Derso.
Selon Derso, « cette crise et ces pénuries n´arrivent pas toutes seules au milieu des campagnes comme les champignons en automne », mais elles dépendent en grande partie d´intérêts économiques et politiques.
« La faim avance de la main de la guerre, la spéculation alimentaire, l´agro-industrie, le changement climatique ou encore l´incompétente gestion politique face à la pénurie d´aliments, et ce en contraste avec le gaspillage alimentaire qui domine dans les pays riches », a-t-il souligné.
Selon les observateurs, « lors des dernières années, la faim s´est transformée en arme de guerre dans de nombreux conflits: beaucoup souffrent depuis longtemps des agressions et sièges qui les empêchent d´avoir accès aux produits élémentaires ».
« C´est une manière inhumaine de faire pression sur l´ennemi, elle porte atteinte aux droits les plus basiques des êtres humains », a jugé l´analyste Teodros Alemayehu.
Les statistiques indiquent qu´au moins 25 mille personnes par jour perdent la vie à cause de la faim.
« Comment est-il possible qu´on ne soit même pas émus lorsque la sonnette d´alarme est tirée et que la famine est déclarée? L´humanité devrait être totalement scandalisée et agir en conséquence », a estimé Alemayehu.
Pour les analystes, en terminer avec cette situation passe par démasquer les structures de pouvoir qui s´enrichissent aux dépens de la vie des autres, l´établissement de mesures fermes et légales pour l´agro-industrie, mettre fin à la cotisation et la spéculation en bourse des aliments puis construire des sociétés dans lesquelles la mère nature soit respectée.
« La solution ne viendra pas exclusivement de la main de l´aide humanitaire ou de la coopération, même s´il est certain que l´une comme l´autre contribuent à sauver des vies et à faire de ce monde un lieu plus habitable », a assuré l´expert.
Puis il a ajouté qu´en réalité « il faut aller plus loin et assurer un réel compromis collectif qui garantisse la défense des Droits de l´Homme, la construction de la paix et la protection de la planète que nous habitons ».
Ces experts estiment qu´il faut également pouvoir compter sur des politiques publiques qui soient à la hauteur et qui affectent des fonds suffisant pour cela, un élément essentiel dans un contexte avec des défis si importants et complexes.
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