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L´hypocrisie de l´Occident face aux défis humanitaires de l´Afrique

Par Richard Ruiz Julien

Addis Abbeba, 3 septembre (Prensa Latina) Le problème démographique et la pauvreté en Afrique constituent aujourd´hui le plus important défi du dénommé continent noir, et ce alors que la communauté internationale, selon des experts ici présents, se nient à voir au-delà de la pointe de l´iceberg.

Des statistiques des Nations Unies précisent qu´en 2060 le Nigéria comptera plus de 470 millions d´habitants, le même nombre que toute l´Union Européenne (UE); le Congo en comptera quant à lui 247 millions, avec une moyenne d´âge de 24 ans.

« Si les actuelles images de personnes escaladant les frontières de la vallée de Melilla impressionnent, ou que celles de centaines de migrants sur des embarcations de fortunes sur la Méditerranée bouleversent, d´ici 30 ou 40 ans la pression de l´augmentation de la population rendra ce mouvement imparable », a souligné à Prensa Latina Afewor Kassa, chercheur du Centre des Études Stratégiques.

Selon les analystes, il est parfaitement légitime qu´une personne qui vit avec des ressources et opportunités insuffisantes désire avoir une vie meilleure.

« Dans une situation similaire, nous essaierions également; tout comme il est logique que les citoyens des nations où arrivent les migrants veuillent que ce flux soit contrôlé, sans nuire à leur quotidien », s´est exprimé Kassa.

« Mais ce qui est également clair c´est que ce qui peut encore aujourd´hui être contrôlé sera impossible à contenir dans une paire de décennies. Nous serons simplement dépassés par ce défi s´il n´est pas résolu à la source », a-t-il ajouté.

Face à la crise, des voix venant d´autres parties de la planète apparaissent en proposant un Plan Marshall pour l´Afrique.

Les observateurs ont souligné le fait que même si cette dernière, ou d´autres propositions similaires sont bien intentionnées, « les bonnes intentions sont souvent portées par le diable ».

« Envoyer ici des quantités considérables d´argent pour qu´elles soient investies dans des projets de développement, et tenant compte du degré de corruption des gouvernements de la région, servirait à remplir encore plus les poches de certains leaders locaux mais certainement pas à créer de la richesse parmi la population », a expliqué Tadesse Mehari, professeur de Relations Internationales de l´Université d´Addis Abeba.

Mehari a signalé que « ce que devrait faire l´Occident, s´il veut vraiment « soulager » les indicateurs de misère, c´est de permettre que les États africains puissent développer leurs économies ».

« Actuellement, le continent est compétitif en ce qui concerne les produits agricoles, 70 pour cent de sa population vit de ce secteur; cependant, l´UE tout comme les États-Unis insistent et continuent de tuer la compétitivité de l´Afrique », a précisé l´analyste Bilal Derso.

Chaque année, 50 milliards d´euros sont destinés à subventionner les produits agricoles obtenus en Europe, et à quoi se rajoutent les taxes à l´importation imposées aux territoires en voie de développement.

« Le résultat est non seulement que la possibilité pour l´Afrique de générer des richesses en exportant, et que les entrepreneurs locaux puissent réinvestir les excédents obtenus dans de nouvelles industries, est anéantie, mais qu´en plus de cela les producteurs locaux sont ruinés par les importations subventionnées avec lesquelles ils ne peuvent pas rivaliser », a ajouté Derso.

« Ce qu´il se passe ici, a-t-il souligné, c´est un problème d´hypocrisie: d´un côté on vous parle des portes laissées ouvertes aux migrants en Afrique, puis des problèmes de leur accueil, des Droits de l´Homme et d´autres concepts similaires; alors que de l´autre côté les mêmes défendent des politiques populistes de subventions, d´impôts, de taxes et d´intervention du marché dans le but de protéger des collectifs déterminés ».

« Ils veulent souffler et absorber pour résoudre leurs problèmes, et ils oublient que généralement, lorsque l´on tente de faire les deux en même temps tout ce l´on gagne c´est de finir mouillé et taché », ont conjointement conclu ces experts.

peo/rrj

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