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Lorsque l´Argentine prend froid

Par Hugo Rius ??

Montevideo, 16 octobre (Prensa Latina) Certains le réfutent fermement, et d´autres acceptent avec fatalisme le fameux dicton selon lequel lorsque l´Argentine prend froid, l´Uruguay éternue.

Pour les voix analytiques optimistes, le plus petit des deux pays, de seulement 3,4 millions d´habitants, qui durant longtemps a souffert les conséquences des vicissitudes de ses grands voisins, est aujourd´hui devenu indépendant.

Selon le docteur Stefan Rinke, directeur de l´Institut d´Études Latino-Américaines de la Freie Université de Berlin, l´Uruguay a également vécu ses crises, mais ces dernières années le pays a eu un développement comparativement meilleur, il a réussi à transformer son économie et établir davantage d´aspects d´égalité que ses voisins.

La Banque Mondiale considère quant à elle comme des données favorables le bas niveau d´inégalité, l´absence quasi-totale d´extrême pauvreté, une classe moyenne qui représente 60 pour cent de la population, la stabilité institutionnelle, les faibles taux de corruption et les hauts indices de biens.

« Alors qu´en 2004 il y avait 39,9 pour cent de pauvres, les derniers chiffres parlent de 7,9 pour cent. Et de 4,7 pour cent d´indigents, ils ne représentent plus que 0,2 pour cent actuellement, un chiffre presque difficile à prendre en compte. Lors des 15 dernières années, le salaire réel moyen a augmenté de près de 55 pour cent en valeurs réelles », souligne Gerardo Caetano, historien et politologue de l´Université de la République de Montevideo.

Des économistes concordants signalent que, malgré le fait qu´il y ait des signes de décélération ces dernières années, le pays continue de croitre et maintient une inflation à un seul chiffre. Ils ne voient pas non plus de signes de récession face aux derniers sursauts de la crise régionale marquée par la hausse du dollar en Argentine et la forte sécheresse qui a affecté l´agriculture, principal secteur d´exportation.

L´Uruguay exporte aujourd´hui des denrées alimentaire pour 28 millions de personnes, et a comme objectif d´atteindre les 50 millions, de continuer de parier sur le tourisme comme entrée importante de capitaux, puis de diversifier les services professionnels, financiers et technologiques.

Plus prudent dans ses propos, Sebastian Sperling, responsable de la fondation Friedrich Ebert en Uruguay, pense que bien que le pays est prêt pour limiter les effets de la crise, ce qui est sûr c´est que le climat politique et économique dans la région n´est pas favorable.

Une vague d´opinions provenant de divers horizons a surgi lorsque l´Argentine a dramatiquement dévalué sa monnaie, se retrouvant à un taux de 40 pour un dollar.

Très rapidement, depuis le gouvernement du Frente Amplio (Front d´Ampleur) que préside Tabaré Vasquez, des moyens ont commencé à être analysés pour se protéger des effets dominos géopolitiques, en ayant cette fois-ci l´avantage des leçons tirées de la sérieuse crise vécue en 2002.

Dans un premier message, lors d´une conférence de presse improvisée mi-septembre, Tabaré Vasquez a souligné la « complexité » du moment économique que traverse l´Argentine, puis a spécifié le fait qu´en fonction de ce qu´il se passe chez le voisin des « mesures adéquates seront prises ».

Son prédécesseur, Jose Mujica, n´a pas non-plus tardé à prévenir d´une première répercussion à court terme de la dévaluation monétaire de l´Argentine, la difficulté de pouvoir y vendre, jusqu´à ce que la situation se décante.

Pour les experts nationaux le casse-tête se situe au niveau du handicap avec lequel vont rivaliser sur le marché mondial leurs viandes, produits laitiers et agricoles, que produisent et vendent également l´Argentine et le Brésil.

Mujica a critiqué « ceux qui ont dans notre pays rêvé de façon utopique », ce avec l´erreur historique « qu´on pourrait vivre de jarrets », grâce à la captation de ressources d´Argentine et du Brésil », et « le coût est onéreux et nous l´oublions ».

À la suite des annonces de la Casa Rosada (siège du Gouvernement de l´Argentine), la Direction Nationale des Douanes a immédiatement ordonné d´accentuer et renforcer les contrôles d´entrée de marchandises au personnel des trois postes frontière du fleuve Uruguay, avec une limite de cinq kilos pour les aliments solides.

L´écart des prix d´articles ménagers entre l´Uruguay et l´Argentine, et ses effets sur la compétitivité, a atteint les 28 pour cent ; en ce qui concerne le secteur agricole et des boissons, la différence a grimpé à 32,8 pour cent.

Cette année, le dollar étasunien en Argentine a augmenté de 105 pour cent, face à près de 15 pour cent en Uruguay.

« Jusqu´à l´heure, la Banque Centrale d´Uruguay a permis d´empêcher de suivre le cours de dévaluation argentin et les brusques sauts des taux monétaires de changes», selon ce que défend le président de l´entité, Mario Bergara. « « Il n´y a pas de méfiance envers le pays, contrairement à ce qu´il se passe en Argentine », a-t-il insisté.

Cependant, un rapport du Centre de Recherches Économiques (Cinve) publié ici a évalué que « la détérioration du contexte régional, en particulier de l´Argentine, et les effets sur le type de change, conduisent surement à ce que lors du second semestre de l´année l´activité économique de l´Uruguay se maintienne virtuellement stable ».

Pour l´année prochaine, le groupe d´experts a élevé l´estimation du déficit de 3,4 à 3,5 pour cent du PIB. D´autres estiment qu´il sera de 2,8 pour cent (BBVA) ou de 4,3 pour cent (Equipos Consultores).

À un peu plus de deux mois du pique d´été du tourisme argentin dans la station balnéaire de Punta del Este, les gérants d´affaires sur place aperçoivent de préoccupantes chutes des recettes, ce sous les effets de la dévaluation monétaire dans le pays voisin aux visiteurs assidus.

La ministre du Tourisme, Liliam Kechichian, attentive au sujet, a avancé un paquet de promotions attractives et de mesures de baisse des prix, comme celui du carburant qui sera presque le même que celui des stations services argentines qui se situent à 30 kilomètres de la frontière.

Des médias rapportent le fait que les agences immobilières regardent avec appréhension la saison australe de 2019, puisqu´à l´époque actuelle de l´année il y a de nombreuses demandes d´informations, à la différence que cette fois-ci il n´y a quasiment aucune réservation de location de maison ou d´appartement pour janvier et février.

Alors, peut-être que ceux qui rejettent le dicton du coup de froid de l´argentine et de l´éternuement de l´Uruguay ont raison, mais au cas où il ne manque pas ici d´écharpes pour se couvrir.

*Correspondant de Prensa Latina en Uruguay

peo/arb/Hr 

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