Brasilia, 22 novembre (Prensa Latina) L’ignorance du président élu Jair Bolsonaro au sujet de Cuba et de sa politique humanitaire de coopération médicale avec plus de 60 pays pourrait aujourd’hui amener le Brésil à une catastrophe sanitaire.
C’est ce qu’a affirmé à la chaine TVT le Docteur Thiago Henrique Silva, professeur en Santé Publique, se référant à la non-participation des professionnels cubains au programme “Davantage de Médecins au Brésil”. Par ses déclarations offensives et ses remises en question, Bolsonaro a provoqué le désengagement cubain et il a ainsi laissé 30 millions de ses compatriotes dans un véritable désert médical.
« Dans le domaine de la santé, Cuba a passé des conventions avec plus de 60 pays. Le Brésil est le seul qui crée des problèmes. C’est lui qui va en souffrir les conséquences car nous allons tout droit à une catastrophe sanitaire », a expliqué le docteur Silva, qui est aussi membre du Réseau National de Docteurs et Doctoresses Populaires.
Les nations qui cherchent à s’associer au programme cubain le font “parce que leur capacité interne ne suffit pas pour soigner tout le monde et qu’elles ont besoin d’une main d’œuvre spécialisée supplémentaire”.
Le Brésil, regrette Silva, est le seul pays qui remette en cause la validité des qualifications des médecins cubains et oublie que, depuis les années 1960 “ Cuba prépare des brigades de solidarité pour pouvoir intervenir en cas de catastrophe naturelle ou biologique, comme lors de l’épidémie de la fièvre d’Ebola en Afrique et des tremblements de terre à Haïti et au Pakistan”.
Alors que d’autres pays envoyaient des armes, cette petite île des Caraïbes envoyait des médecins aux pays en difficulté, a rappelé Thiago Silva qui officie à la fois en tant que médecin familial et médecin de la communauté.
Cuba est une référence en matière de santé, a-t-il insisté. C’est un fait qui est reconnu même par les nord-américains qui, depuis le rapprochement diplomatique opéré par l’administration Obama, viennent parfois à La Havane pour se faire soigner.
Interrogé sur la remise en question par Bolsonaro des qualifications des médecins cubains, le Docteur Silva -spécialiste en la matière- a répondu que le président élu “tente de camoufler ses opinions idéologiques sur la santé publique en s’attaquant à la qualité technique des médecins cubains”.
Mais ce n’est un secret pour personne, a précisé Silva, “les médecins qui sont venus ici sont des spécialistes en cardiologie, en ophtalmologie, en gastro-entérologie, des médecins de la famille et des médecins spécialistes dans les soins à porter aux communautés”.
Si, a-t-il expliqué, on plaçait un médecin nord-américain, pour prendre un exemple, devant la réalité brésilienne, celui-ci ne réagirait pas de la même manière qu’un cubain « dont la formation conceptuelle se rapproche beaucoup de la nôtre lorsqu’il s’agit d’affronter une situation complexe comme celle des communautés côtières du Brésil ».
Rappelant les remarques méprisantes de Bolsonaro ayant provoqué le retrait de Cuba du programme “Davantage de Médecins”, Silva considère qu’il s’agit là d’une autre fanfaronnade du futur président dans le but « de créer un rideau de fumée idéologique dont les conséquences sont tragiques puisqu’il cause le départ de huit mille médecins et laisse sur le terrain 30 millions de brésiliens sans aucune assistance sanitaire ».
Ce sont les régions les plus pauvres du pays qui vont se trouver sans médecins. “Pour idée: 90 pour cent des médecins qui travaillent dans les communautés indigènes sont des médecins cubains”.
Et, met-il en garde, Bolsonaro “n’a aucune solution de substitution pour résoudre ce problème. S’il a voulu rompre cet accord maintenant, c’est uniquement pour ne pas avoir à le faire en janvier, quand il prendra ses fonctions de président”.
Cuba, en toute légitimité et honnêteté, a décidé de mettre fin à cette convention pour ne pas mettre ses médecins en danger, a souligné Silva.
Lors de ces cinq années du programme “Davantage de Médecins”, près de 20 mille collaborateurs cubains ont pourvu aux besoins de 113 millions d’êtres humains dans plus de trois mille 600 municipalités du Brésil.
La semaine dernière, Cuba a annoncé la fin de sa participation à ce programme en raison des déclarations méprisantes et des conditions inadmissibles que Bolsonaro prétendait imposer aux professionnels cubains dès sa prise de pouvoir effective le 1er janvier prochain.
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