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Le G-20 en Argentine, militarisation extrême et persécution politique

Par Stella Calloni *

Buenos Aires, 27 novembre (Prensa Latina) À quelques jours du début du Sommet des présidents du G-20, prévu pour le 30 novembre et 1er décembre, les habitants de Buenos Aires, et de l´Argentine en générale, nous vivons un réel état de commotion.

Il n´est pas fortuit que se produisent subitement des « attentats » comme celui qui a eu lieu au cimetière de la Recoleta, zone résidentielle de cette capitale, le 14 novembre dernier, prétendument perpétré par une femme, qui en est sortie blessée, et par un homme appartenant à des groupes également supposés « anarchistes ».

Ensuite, une bombe artisanale chez le juge Claudio Bonadio, spécialiste pour monter des dossiers, et les utiliser sous forme de persécution politique, à l´encontre de l´ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner, sa famille et les anciens fonctionnaires de son gouvernement.

La dénommée preuve des photocopies de certains cahiers, utilisée à l´encontre de l´ancienne présidente, dont les originaux n´apparaissent pas, est un scandale judiciaire. Il n´existe pas dans le monde un tribunal qui commence à agir sur la base de photocopies, dont il est impossible de prouver l´authenticité, ni du document, ni des sources.

S´ajoutent à cela les dizaines de personnes appelées à déclarer: des entrepreneurs et autres personnes prétendument liées par le chauffeur d´un ex-fonctionnaire, lequel aurait écrit un « journal d´activités » -dans le style des agents de renseignement- sur plusieurs cahiers qui, Mon Dieu quel hasard!, ont ensuite brulés et sur lesquels figurent une séries d´irrégularités de dates et d´autres types.

De plus, il est sélectionné, parmi les personnes soupçonnées, qui va en prison préventive, en violant les normes juridiques, si celle-ci refuse d´accuser l´ex-présidente et l´ensemble des personnes signalées sans preuves par une persécution politique, médiatique, judiciaire qui n´a pas de précédents de telle magnitude dans l´histoire nationale.

Nous assistons actuellement à une fiction de prétendu terrorisme. Apparaissent de nulle part les groupes anarchistes qui en Europe, et dans d´autres pays du monde, sont le fait d´actes violents durant ce type de sommet, pour décrédibiliser et démobiliser les grandes, et pacifiques, manifestations populaires. Tous les peuples du monde savent que lors de ces réunions d´appareil ils sont ceux qui perdent irrémédiablement.

Du coup, des spécialistes ont dénoncé le fait que ces « groupes anarchistes » sont infiltrés, créés par les renseignements de divers pays.

Comme l´aurait fait en d´autres temps l´Organisation du Traité de l´Atlantique Nord (OTAN) en créant des « armées secrètes » destinées à perpétrer des attentats et ensuite accuser des groupes d´extrême gauche, selon ce qu´a dénoncé, par des documents précis, le chercheur suisse Daniel Fanser (cf : Les armées secrètes de l´OTAN, édition El Topo, Espagne, 2005).

Ces attentats perpétrés sous de faux drapeaux sont aussi vieux qu´ils ne devraient plus surprendre personne. En Argentine, lors des opérations qui ont débuté à l´approche du prochain Sommet du G-20, il y a non seulement eu des supposés « anarchistes » arrêtés, mais également des jeunes ayant de prétendues « connexions terroristes ».

Sous le contrôle des services de sécurité israéliens, choisis pour « protéger le sommet » par le gouvernement de Mauricio Macri, ont été placées dans le viseur la communauté arabe locale et les musulmans, après que la Délégation d´Associations Israélo-Argentines (DAIA) ait dénoncé -par un appel « anonyme »- deux jeunes frères, desquels aucune activité n´était connue, tout comme pour les « anarchistes », en les présentant comme de prétendus adhérents du Hezbollah, l´organisation qui défend le Liban des constantes attaques israéliennes.

L´institution argentine a reçu un courrier électronique anonyme qui informait des activités et de la « sympathie » des frères Salomon envers ce qu´ils appellent le groupe extrémiste libanais.

La maison où vivaient les jeunes frères Kevin Gamal et Axel Ezequiel Abraham Salomon, dans le quartier de Floresta -données fournies par la DAIA- a été perquisitionnée, en détruisant tout ce qui se trouvait à l´intérieur, pour y trouver deux carabines d´antiquité. Mais avec cela le Ministère de la Sécurité que dirige Patricia Bullrich, qui comme on le sait se trouve actuellement sous la direction de la sécurité israélienne pour ce Sommet, a alors armé un dispositif cinématographique.

La famille des jeunes, en larmes, a dit à la presse que leurs enfants n´avaient rien à voir avec cela, mais les forces de l´ordre continuent de perquisitionner les domiciles de parents proches. Actions face auxquelles la communauté arabe et les secteurs musulmans, qui cohabitent pacifiquement dans ce pays, ont dénoncé qu´ils sont de nouveau victimes de persécutions et de menaces, tout en demandant que la population soit informée de la vérité.

« Compte tenu des attentas locaux qui ont eu lieu à Buenos Aires ces derniers jours, et à la détention de personnes liées à des groupes terroristes comme le Hezbollah, le Gouvernement a commencé à intensifier les tâches de coordination en sécurité avec des agences de renseignement et des fonctionnaires des services secrets de la présidence d´au moins sept pays », a signalé l´agence progouvernementale Infobae.

Selon des sources citées par ce médias, « le Ministère de la Sécurité que dirige Patricia Bullrich, tout comme la Direction de l´Immigration que préside Horacio Garcia, ont maintenant un contact permanent avec des représentants de la sécurité internationale de l´Allemagne, des États-Unis, la Grande-Bretagne, Israël, la France, l´Australie et la Chine.

Il est en ce sens signalé que lors des dernières heures  » a été renforcé l´échange d´information sensible et les tâches de contrôle dans tout le pays, particulièrement à Buenos Aires, où se tiendra (…) la réunion de chefs d´État qui réunira plus de 35 présidents », et autres invités importants.  

Ce média indique également qu´est entré en application le système « I 24-7 », comme est appelé l´ « accord d´Interpol 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », ce qui implique une coordination et un échange de données des autorités migratoires de la nation sud-américaine en ligne directe avec l’office centrale d´Interpol à Lyon pour détecter l´éventuelle entrée de personnes suspectes en Argentine.

Un fonctionnaire de la Direction de l´Immigration a expliqué à Infobae qu´il y a « déjà une liste qu´ont envoyée Interpol et les agences de renseignement de plusieurs pays. Elle contient des informations sur des personnes impliquées dans d´autres incidents lors de sommets du G-20 ».

Infobae publie de la même manière des photos de l´équipement de guerre des vedettes israéliennes de la Préfecture argentine. Toute information est partagée avec l´Agence Fédérale de Renseignement (AFI) « pour mener à bien un suivi d´éventuels groupes terroristes ».

Il semble opportun de rappeler ici que ces derniers temps, en Argentine, ont été accusés de « terroristes » les communautés mapuches désarmées, ainsi que les manifestants participant aux constantes protestations au niveau national, ce qui aggrave la situation.

Ce fonctionnaire signale également que « la Direction de l´Immigration a renforcé ces derniers jours l´accord d´information réservée avec les États-Unis et la Grande-Bretagne pour détecter des groupes, ou personnes, liés à des secteurs radicaux. C´est ainsi qu´ont été coordonnées les opérations pour détenir ces dernières heures des personnes liées au Hezbollah, et d´autres groupes terroristes ».

Mais qui entrera donc dans ces soi-disant groupes ? Également les groupes de solidarité avec des peuples de pays envahis, occupés, bombardés par l´OTAN, c´est à dire les grandes puissances?

« La collaboration d´Israël est permanente. Malgré le fait qu´elle ne fasse pas partie du G-20, l´Argentine a demandé aux services de renseignement d´Israël de maintenir une collaboration permanente et un échange de données, en prenant compte de l´expérience qu´ont les israéliens dans la lutte contre le terrorisme », signale le même média Infobae.

Avec l´arrivée de services de renseignement et de milliers de troupes étrangères, notre pays se retrouve dans un scénario de guerre. L´Uruguay également, où des secteurs syndicaux, politiques et sociaux rejettent l´autorisation accordée pour l´arrivée de trois navires de guerre et de troupes sur les côtes de Montevideo, sous l´excuse de la réunion du G-20 en Argentine.

Devons-nous permettre qu´ils nous transforment en territoires de guerre, d´opérations dangereuses, de prétendus attentats, d´occupation de forces étrangères pour ce type de Sommets qui n´agissent jamais pour défendre la justice, l´égalité, la souveraineté, l´autodétermination des peuples ou le droit à une vie digne?

Lors de ces Sommets sont uniquement discutés les intérêts de grandes puissances, et nous, les peuples, sommes de plus en plus condamnés à l´exclusion et l´esclavage.

Dans ces cas-là, le silence n´est qu´une complicité; alors que des millions de personnes n´ont pas de voix pour se défendre, que certains peuples sont toujours plus dominés, comme le notre qui est plongé dans une profonde crise sociale en raison des avancées de projets néocoloniaux ou coloniaux qui sont l´héritage du pouvoir hégémonique.

Nous devons dire Stop à ces cirques des plus riches du monde; riches par le pillage de nos peuples; riches pour contrôler en ce XXIème siècle toutes nos richesses; riches pour condamner des millions d´habitants à la plus scandaleuse pauvreté, la faim et à la détresse dans le monde.

Dire Stop n´est pas de trop. Nous défendre est également notre droit à la vie.

* Intellectuelle et journaliste argentine, collaboratrice de Prensa Latina.

peo/arb/sc

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