Par Martha Andrès Román
Washington, 21 décembre (Prensa Latina) Le président des États-Unis, Donald Trump, fait aujourd’hui l’objet de nombreuses critiques de la part d’hommes politiques de son pays en raison de sa décision de retirer les troupes nord-américaines de Syrie. Les motivations qu’ils proposent sont diverses.
La Syrie a dénoncé à maintes reprises la présence de militaires nord-américains sur son territoire ainsi que les bombardements de la coalition menée par Washington, bombardements qui ont provoqué la mort de nombreux civils.
Les deux mille soldats que les États-Unis ont envoyés en Syrie sont restés dans le pays sans le consentement de Damas, sans même l’autorisation du Conseil de Sécurité de l’ONU, mais aucun de ces motifs n’a été avancé par le président républicain lorsqu’il a annoncé avant-hier que le contingent nord-américain allait rentrer au pays.
Selon lui, si les soldats rentrent, c’est uniquement parce que l’organisation terroriste État Islamique (EI) a été vaincue; il n’y a donc aucune excuse pour justifier la présence nord-américaine dans le pays.
Toutefois, cette affirmation semble être démentie par les réactions de nombreux hommes politiques nord-américains, y compris des alliés très proches du président, qui ont fait savoir leur préoccupation sur les conséquences de ce retrait sur le rôle que peuvent jouer les Etats-Unis au Moyen-Orient.
Les sénateurs républicains Lindsey Graham, Joni Ernst, Tom Cotton et Marco Rubio, la démocrate Jeanne Shaheen et Angus King (indépendant), ont adressé une lettre au chef de la Maison Blanche pour lui dire que ce retrait des troupes laisse la voie ouverte à des pays que Washington considère comme une menace pour ses intérêts dans la région, comme l’Iran ou la Russie.
Alors, comment expliquer ce pari de Donald Trump lorsqu’il prend une mesure qui provoque tant de réactions négatives, même parmi les plus hauts responsables militaires du pays, si l’on en croit la presse?
Les spéculations à ce sujet fusent, depuis celles qui jugent qu’il s’agit d’une tentative de diversion au moment où ce dirigeant est assailli par d’autres problèmes de politique intérieure, jusqu’à celles qui estiment que la mesure ne cherche qu’à remplir l’une des promesses de campagne du président.
Selon le journal Army Times, cette décision de Trump pourrait s’expliquer par les tensions entre Ankara et Washington en raison de la volonté de la Turquie d’intervenir militairement en Syrie alors que les kurdes, soutenus par les États-Unis, font tout leur possible pour les en tenir éloignés.
Une confrontation entre la Turquie et les États-Unis, tous deus membres de l’OTAN, créerait une crise géopolitique au cœur même de celle alliance, la plus puissante au monde, estime le Army Times.
De là à ce que ce journal, et d’autres avec lui, émettent l’hypothèse d’un entretien téléphonique, la semaine dernière, entre le président républicain et son homologue turc, entretien qui se serait soldé par un accord entre Washington et Ankara, il n’y a qu’un pas.
Mais, peut-être, la raison principale du retrait des troupes américaines, a été fournie par le président lui-même sur son compte Twitter. Son but est de faire passer les États-Unis d’abord, ce qui explique toutes ces mesures nationalistes qui provoquent tant de critiques au niveau national et international.
“ Pourquoi les États-Unis devraient-ils être le gendarme du Moyen-Orient, sans d’autre gain que d’y laisser des vies précieuses et des milliards de dollars pour protéger des gens qui, dans presque la totalité des cas, n’apprécient pas ce que nous faisons?”, demande-t-il.
Pour justifier ce retrait, Donald Trump n’hésite pas non plus à affirmer que la Russie, l’Iran et la Syrie se plaignent du départ de l’armée nord-américaine parce qu’ils ne veulent pas affronter seuls l’État Islamique, oubliant que Vladimir Poutine lui-même s’est félicité de ce départ et a déclaré que la présence des États-Unis n’était pas nécessaire.
Le Los Angeles Times, quant à lui, estime que cet ordre de retrait correspond tout-à fait aux idées de Trump, qui n’a pas oublié les applaudissements ayant accueilli l’un de ses discours de 2017 quand il déclara que les présidents l’ayant précédé “s’étaient engagés à construire une nation à l’étranger, alors qu’ils étaient incapables d’en construire une à l’intérieur de leurs propres frontières”.
Pour sa part, Fox News, la chaîne télévisée si prompte à défendre bruyamment les positions du président, considère que l’apport le plus important de ce retrait de Syrie est peut-être celui dont on parle le moins.
“En abandonnant ces terrains de combat lointains qui s’étendent de l’Afghanistan à la Libye, les États-Unis renforcent leur pouvoir militaire pour se concentrer sur la menace principale à laquelle ils doivent faire face: la Chine”, telle est la conclusion d’un article publié sur le site web de Fox News.
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