Par Pedro GarciaHernandez
Damas, 26 décembre (Prensa Latina)Les règles changeantes en matière d’action politique et militaire des 19 groupes kurdes répartis entre la Turquie, l’Iraq, l’Iran et la Syrie deviennent de plus en plus difficiles à déterminer depuis que le président des États-Unis a annoncé sa décision de retirer ses troupes de ce dernier pays.
Dans un délai prévu de 100 jours, les presque quatre mille soldats nord-américains occupant illégalement les 14 bases situées au nord d’Alep, d’Hasaka et de Deir Ezzor seront évacués.
Dans les régions syriennes mentionnées ci-dessus, le groupe le plus actif est le Conseil National Kurde fondé en 1975 et, dans une moindre mesure, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Leurs milices forment les Unités de Protection Populaires et les dénommées Forces Démocratiques Syriennes (FDS), dont les opérations reçoivent l’appui logistique des États-Unis, et de la France qui fait partie de la coalition menée par Washington.
Dans la mesure où le plan d’action élaboré dans les centres de pouvoir occidentaux visait au démembrement de la Syrie, ces organisations kurdes s’alliaient à tel ou tel camp, ou participaient à telle ou telle offensive, mais toujours contre le gouvernement de Bashar Al Assad et toujours avec l’objectif final de créer un État kurde fédéral, le Rojava, dont l’existence n’était reconnue que par les États-Unis et ses alliés dans la région.
Il faut aller chercher les raisons profondes de cette situation bien au-delà de la rhétorique politique, car les FDS et une partie des autres groupes kurdes ont, grâce à des combats d’importance secondaire, délogé l’État Islamique (Daesh) des sites principaux situés dans les champs de gisement de phosphates, de gaz et de pétrole syrien à Alep, Raqua et Deir Ezzor, une tactique conçue et faisant partie intégrante des projets nord-américains pour diviser la Syrie.
D’un autre côté, il est essentiel pour Washington de ne pas mettre fin à ce conflit imposé à la Syrie afin de pouvoir neutraliser les accords entre la Russie, la Turquie et l’Iran tels qu’ils ont été signés à Sochi et, en même temps, de soutenir les actions du régime sioniste d’Israël dans la région.
Ces objectifs, changeant comme le vent du désert, rencontrent de sérieux obstacles pratiques, surtout parce que, dans les zones du nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie et l’Iraq, les composantes sociales, religieuses et ethniques se sont mélangées depuis des siècles et que changer cette composition séculaire par la force des armes est une entreprise insensée, même s’il s’agit là d’une pratique politique que les États-Unis ont déjà appliquée de manière tragique dans l’ancienne Yougoslavie, en Libye, en Iraq et en Afghanistan avec les résultats désastreux et inhumains que l’on connait.
L’annonce du retrait des troupes des Etats-Unis des bases qu’ils occupaient illégalement dans le nord de la Syrie oblige les groupes kurdes à changer, une fois de plus, de choix stratégique et exacerbe les conflits entre les dirigeants kurdes les plus connus, comme HediyaYusseef, Mansur Selum et Massud Barzani, chacun d’entre eux ayant ses propres conceptions et se voulant le représentant des plus de 30 millions de kurdes, dont près de deux millions résident en Syrie dans des conditions d’égalité sociale et politique totale depuis 2011.
Les démarches diplomatiques, les conversations de haut niveau -filtrées ou non à l’opinion publique- laissent supposer que les arrangements possibles au sujet de cette situation, la recherche d’une paix nécessaire pour la Syrie et la position adoptée par les divers groupes kurdes, ont atteint un stade où il devrait être possible d’entamer des négociations objectives réalistes, avantageuses pour toutes les parties et laissant définitivement de côté les tentatives de destruction de l’État syrien.
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