Par Luis Beatòn
La Havane, 25 janvier (Prensa Latina) Après trois années d’échecs successifs contre la Révolution Bolivarienne, les États-Unis ont introduit une variante dans leur plan d’agression en prenant le risque de reconnaitre l’opposant Juan Guaidó comme président légitime par intérim du Venezuela.
» Les citoyens du Venezuela ont trop longtemps souffert aux mains du régime illégitime de Maduro », a écrit Trump, ce que les observateurs ont bien compris comme étant un pas supplémentaire vers une agression militaire contre un régime élu par les urnes.
Eric Farnsworth, ancien diplomate nord-américain et vice-président du Conseil des Amériques, estime que la démarche de Guaidó et la rapide reconnaissance de Trump « marquent un point d’inflexion très clair « , ce qui revient à dire, selon d’autres experts, qu’on a donné le feu vert aux préparatifs pour une agression militaire.
Il fallait donc s’attendre à l’annonce de rompre les relations diplomatiques avec Washington faite hier par Nicolás Maduro, le président constitutionnel du Venezuela. Les vénézuéliens sont maintenant sur le pied-de-guerre et prêts à faire face à toute éventualité, a insisté le président.
« Nous sommes en train de défendre le droit à l’existence même de notre République Bolivarienne », a souligné Maduro.
Les préparations pour une agression ont aujourd’hui atteint leur point culminant et, en ce moment même, beaucoup se demandent si la Maison Blanche a une solution meilleure à proposer que celle de Maduro lorsqu’on considère l’état de fragmentation de l’opposition de droite, son manque d’alternatives et son absence totale de leadership.
Dans ce scénario, l’Assemblée Nationale aux abois -elle qui n’a jamais souhaité trouver une solution acceptable à la situation intenable dans laquelle vivait le pays- a ouvert la voie à un scénario totalement imprévisible qui, par une lecture inexacte de la Constitution de la République du Venezuela, en est arrivé à des interprétations contraires aux fondements de cette Constitution même, comme le prouve la démarche de Guaidó.
Les experts en droit constitutionnel affirment que la Constitution de la République ne prévoit aucune situation de vacance du pouvoir et qu’en cas de nécessité absolue, elle indique un schéma permettant d’assurer la continuité de la République par une collaboration des pouvoirs en place.
La Constitution ne prévoit pas non plus de possibilité pour que le Pouvoir Législatif se convertisse en Pouvoir Exécutif, et encore moins en Pouvoir Judiciaire, et ceci ne relève pas d’une nouvelle clause ajoutée à la Constitution mais de l’essence même de la doctrine de la séparation des pouvoirs, une logique que défendent les vénézuéliens.
Cette dernière offensive des États-Unis et de leurs alliés en Amérique Latine laisse présager le pire pour le Venezuela et pour la région en général, comme le laisse voir l’évolution des derniers événements.
Ce qui est indubitablement vrai, c’est que la crise au Venezuela a été fabriquée de toutes pièces. Même le gouvernement constitutionnel en place appelle au dialogue et reconnaît le besoin d’intégrer l’opposition dans le processus démocratique national. Mais cette carte ne convient pas à l’administration Trump dont les membres préfèrent parier sur un type de gouvernement qui répondrait aux intérêts des États-Unis, et tout spécialement aux intérêts des grandes compagnies pétrolières.
Les causes de l’instabilité au Venezuela sont multiples mais sont dues principalement au conflit entre le pouvoir en place et une opposition qui a déjà eu recours à la méthode du coup d’état pour s’opposer aux transformations de la révolution Bolivarienne et qui a passé alliance avec les États-Unis et la droite d’autres pays de la région.
Ce scénario laisse deux voies de sortie aux vénézuéliens: soit le dialogue, soit l’intervention armée, via un coup d’état dur, mou, une invasion étrangère ou quelque soit le nom que l’on veuille donner à ce projet d’agression.
L’année dernière, en 2018, l’opposition, encouragée par la Maison Blanche, fit capoter un accord qui aurait permis de tenir des élections présidentielles où tous les partis du pays auraient pu participer.
La République Dominicaine fut témoin de cette tentative de réconciliation nationale que Julio Borges, le dirigeant de l’opposition, s’employa à couler – probablement sur les injonctions de la Maison Blanche, car ce scénario ne correspondait absolument pas à celui écrit par le Département d’État nord-américain.
Et c’est à ce moment-là que le groupe de Lima entra sur scène, un groupe composé par les gouvernements de droite de la région et qui tente de dissimuler le véritable visage de la Révolution Bolivarienne afin d’aboutir à une solution de force qui exclura toute possibilité de « chavisme »‘en instaurant un gouvernement pro-yankee à Caracas.
Il y a plusieurs mois de cela, la visite en Colombie de Kurt Tidd, chef du Commando Sud des États-Unis, avait éveillé des soupçons. Certains étaient même allés jusqu’à supposer que l’ordre d’attaquer le Venezuela avait déjà été donné.
Le général Tidd arriva en Colombie à peine quelques jours après que le secrétaire d’État, Rex Tillerson, se soit entretenu à la Nouvelle Grenade avec le président de l’époque, Juan Manuel Santos, afin de coordonner leurs plans contre les autorités de Caracas et, entre autres d’organiser l’échec du dialogue qui devait trouver son aboutissement dans la signature de l’accord de cohabitation pacifique de Saint Domingue.
Les dés contre le Venezuela étaient déjà jetés et comme le formule l’académicien et analyste vénézuélien Sergio Rodríguez Gelfstein: » Si nous faisons nôtre la célèbre maxime de Von Clausewitz selon laquelle » la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », maxime à laquelle Lénine devait plus tard ajouter « …par des moyens violents… », nous devons reconnaître que, comme l’on dit en termes militaires: » l’ordre de combat a été donné ».
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