vendredi 26 juillet 2024 |
Prensa Latina - Qui sommes nous

| Contacter avec Prensa Latina

Agence d'information Latino-américaine
Édition française
Search
Close this search box.

Ce que le discours de Trump a laissé de côté

Por Deisy Francis Mexidor*

La Havane, 11 février (Prensa Latina) Lorsqu’il s’est trouvé devant un Congrès divisé et après que l’action de l’administration et du gouvernement nord-américains aient été gelés pendant  plusieurs semaines (ce qui a fait chuter son indice d’approbations dans l’opinion  publique), le président Donald Trump ne pouvait faire autrement que de baisser quelque peu le ton en prenant la parole pour le traditionnel discours sur l’État de l’Union.

Sans toutefois offrir de nombreux signes de trêve à ses opposants (surtout en ce qui concerne sa promesse de campagne électorale la plus controversée, à savoir: la construction d’un mur sur la frontière sud du pays),  Donald Trump est quand même parvenu à arracher des applaudissements de la part de la démocrate Nancy Pelosi, sa rivale la plus importante dans l’enceinte du Capitole.

Pelosi – la Dame qui se trouvait derrière Trump lors du discours et tenait en ses mains la Masse, attribut du Président de la Chambre des Représentants- s’est levée, bras tendus, pour ovationner le président lorsque ce dernier a émis l’espoir de pouvoir « diriger le gouvernement non comme s’il s’agissait de deux partis mais d’une seule nation ».

Dès le début du discours, Trump avait choisi la voie des éloges et des louanges, mettant notamment en avant sa gestion dont le résultat est « un boom économique sans précédent », deux ans à peine après son arrivée à la Maison Blanche.

Il a donc parlé de la baisse du taux de chômage et, afin de plaire à l’électorat féminin, il a indiqué  que 58 pour cent des postes créés l’année dernières étaient occupés par des femmes.

Selon lui, un demi-siècle après l’arrivée de l’homme sur la lune,  l’économie américaine fait toujours l’envie du monde entier. Puis il a fait allusion aux « ridicules enquêtes partisanes et aux migrants qui, soi-disant, seraient diabolisés par lui ».

« Il est en train de se produire un miracle économique aux États-Unis  et les seules choses pouvant le freiner, ce sont les guerres stupides et les enquêtes partisanes et ridicules », a-t-il affirmé.

Ce n’est un secret pour personne qu’une de ces enquêtes est suspendue comme une épée au-dessus de la tête du président et que le Procureur Spécial Robert Mueller est sur le point de parvenir à une conclusion qui, si elle était négative pour Trump, pourrait l’impliquer dans une possible affaire de collusion entre le personnel de sa campagne électorale de 2016  et la Russie.

Sans oublier, qu’en même temps, les démocrates demandent une enquête au sujet des affaires du président et de ses relations avec l’étranger.

Le discours prononcé  par Trump devant le Congrès  était presque structuré « pour dire à sa base électorale ce que, d’après lui, elle voulait entendre ». Telle est l’opinion de Vanessa Besley, une spécialiste en rhétorique politique de l’Université de Vanderbilt, à Nashville, (Tennessee), dont les propos ont été repris par la presse locale.

Lors de cet exercice devant le Congrès, Trump a accordé 15 des 90 minutes qui lui étaient imparties, à réitérer son point de vue sur les dangers de la migration illégale, confirmant qu’il enverrait trois mille 750 soldats supplémentaires sur la frontière sud des États-Unis, puis il a encouragé  le Congrès à adopter « une vision intelligente et stratégique » en finançant la construction de cette barrière avec le Mexique.

Mais, cette fois-ci, il a eu la prudence de ne pas utiliser la menace en déclarant que l’existence d’un tel mur était une mesure d’urgence nationale, afin d’en financer la construction, car une telle démarche, selon les analystes, serait immédiatement attaquée devant les tribunaux.

Dans le passé, « il est arrivé que la majorité de ce Congrès ait voté pour la construction d’un mur de frontière, mais on n’a jamais construit le type de mur qu’il fallait », a-t-il précisé. Puis il a insisté: « Mais moi, je réussirai à le construire », et pour ce faire, a-t-il ajouté, j’ai envoyé au Capitole une proposition qui devrait être « acceptable par tous les gens raisonnables ».

Jusqu’à ce jour, les représentants démocrates ont refusé d’approuver tout financement des cinq milliards 700 millions de dollars demandés par Trump depuis le début pour construire ce mur.

En matière de politique étrangère Trump a réitéré sa proposition pour retirer les troupes nord-américaines d’Afghanistan et de Syrie, décision qui a provoqué la critique des principaux dirigeants militaires.

Le président a également annoncé une seconde rencontre au sommet avec le président nord-coréen, Kim Jong-Un. Cette rencontre aura lieu au Viêt Nam à la fin du mois. Finalement, il s’est engagé à poursuivre sa politique interventionniste contre le gouvernement constitutionnel de Nicolás Maduro au Venezuela.

Le grand absent de ce discours a été le changement  climatique, un phénomène auquel le président ne croit pas. Et il n’a pas mentionné, non plus, le gel du gouvernement fédéral, un gel de 35 jours -le plus long de l’histoire- qui l’a même forcé à reporter d’une semaine ce second discours sur l’État de l’Union.

Il semblerait qu’un  nouvel arrêt des activités du gouvernement et de l’administration (« shutdown ») soit envisagé à court terme, si, avant le 15 février le Congrès et Trump ne sont pas parvenus à un accord lui accordant les fonds qu’il sollicite pour construire ce mur tellement désiré. Une nouvelle impasse politique est donc tout-à-fait possible.

Trump a débuté et terminé son discours par un appel à « rejeter toute politique basée sur la vengeance, la résistance et la rétribution et à adhérer pleinement  à une politique de coopération illimitée et de compromis au service du bien commun », stimulant ainsi le sentiment que l’Amérique doit passer d’abord (« America First »).

C’est là une  attitude logique. Ce qui lui convenait, c’était de laisser de côté tous les différends. Et c’est  ce qu’aurait fait toute personne sensée qui, comme lui, aspire à être réélu en 2020.

Le Parti Démocrate a critiqué Trump durement. Selon eux, son discours ne propose aucun plan pour que le pays puisse améliorer le sort des personnes ayant des ressources insuffisantes et il ignore totalement les problèmes de changement climatique.

Plusieurs législateurs démocrates ont rapidement mis en évidence le vide et le manque d’objectifs clairement déterminés dans les propos de l’occupant du Bureau Ovale.

Il y a même eu des critiques qui, interrogés par la chaîne CNN juste après la prestation de Trump, ont parlé de « propos psychotiques et incohérents ».

Toutefois, les résultats des sondages semblent pencher en sa faveur, car supposait-on, le président aurait pu faire preuve d’une attitude beaucoup plus radicale et moins contrôlée.

Ce discours sur l’État de l’Union aura peut-être donné un peu d’oxygène à un Donald  Trump qui  se présentait devant le Congrès  avec un à priori défavorable car beaucoup de citoyens nord-américains pensent que le pays  a changé « pour le pire » bien que le millionnaire de l’immobilier se pique d’être  à la tête du meilleur  gouvernement que les États-Unis aient connu depuis le début de leur histoire.

* Journaliste de la Rédaction Nord-Américaine de Prensa Latina.

peo/rr/dfm

EN CONTINU
notes connexes