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Frontière colombo-vénézuélienne, réalité rendue invisible

Caracas, 12 février (Prensa latina) L´analyste Marco Teruggi indique que des agences de communication, des porte-paroles de différents gouvernements, des organisations internationales signalent aujourd´hui la frontière entre le Venezuela et la Colombie comme le point critique par lequel cédera la porte pour une intervention militaire.

« La narration de l´imminente intromission est un point central de l´information depuis que le député de l´Assemblée Nationale vénézuélienne, Parlement inhabilité depuis 2016, Juan Guaido, s´est autoproclamé président en charge du pays, entrainant la prétendue chute du chef d´État de la République, Nicolas Maduro », a décrit le sociologue dans un article publié par la multinationale Telesur.

« En arrivant à la frontière les images sont autres. En particulier en ce qui concerne le point qui a été construit comme zone critique: les communes de Simon Bolivar et d´Ureña, dans l´État de Tachira, face à la ville de Cucuta en Colombie. On devrait y voir un territoire bouleversé, militarisé du côté vénézuélien et transformé en un hangar géant d´aide humanitaire du côté colombien », explique Teruggi.

Malgré le scénario médiatique créé, la réalité est différente, une superposition de normalité de l´une des frontières les plus complexes du continent, et du climat d´une scène en construction.

Pour le journaliste d´origine argentine, comprendre les dynamiques de la zone limitrophe demande de croiser quelques variables.

En premier lieu, la confrontation historique de ce territoire comme zone de commerce bilatéral, marqué par les directions d´achat et de vente selon la relation entre les monnaies du bolivar vénézuélien et du peso colombien.

Secondement, par la mise en marche depuis 2013 -avec des signaux antérieurs- de la contrebande de combustible, d´aliments et de la monnaie nationale vénézuélienne, dans le cadre d´un plan destinée à saigner l´économie de l´Exécutif bolivarien.

Puis il y a également la présence d´acteurs clé aux commandes des opérations de trafic, dont les groupes paramilitaires colombiens. Finalement, dans le cadre de la guerre financière actuelle, toutes les variables de ces trois éléments se croisent et se rétro-alimentent.

Face à cette géographie, les caméras se concentrent sur deux passages frontière, les ponts Las Tienditas et Simon Bolivar. Le premier a fait la couverture de journaux en raison des conteneurs du côté vénézuélien, présentés comme la fermeture du passage frontière pour ainsi empêcher l´aide humanitaire; en réalité ce passage frontalier n´a jamais été mis en service en raison des différents entre les deux pays.

Quant au Simon Bolivar, il est quotidiennement traversé par près de 30 mille personnes, desquelles seulement près de deux mille font tamponner leur passeport, c´est à dire que le reste va et revient dans la même journée.

Selon Teruggi, ce site a un avantage cinématographique: il est étroit, ce qui fait que l´on peut y provoquer une queue importante de passants uniquement en freinant le passage durant quelques minutes; action réalisée à de nombreuses reprises par les autorités colombiennes lorsque la campagne médiatique requiert de photos qui montrent une foule entassée.

La narration de « l´aide humanitaire » est en construction sur cette quotidienneté, et par là la possible intervention. À ce sujet, le sociologue souligne que « l´impact réel de l´action importe peu, mais que l´important est la construction du décor, qui servira à montrer d´un côté l´aide, de l´autre la population vénézuélienne la demandant -action pour laquelle la droite mobilisera ses forces- et au milieu le gouvernement bolivarien fermant le passage.

« La droite (vénézuélienne) a ainsi besoin d´accroitre l´impact sur l´opinion publique, de trouver un accord avec le Sénat étasunien pour laisser par écrit que l´intervention militaire peut être envisagée, et donc créer une commotion interne », explique Teruggi.

Cependant, le décor parait vivre une excessive normalité pour les objectifs proposés par l´opposition, mais selon Teruggi « cette semaine pourrait être choisie pour activer le scénario sur la frontière; ce serait le lieu où s´uniraient le front international avec le national pour chercher un point de rupture. Jusqu´à l´heure la superficie reste calme ».

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