Brasilia 27 mars (Prensa Latina) Le Ministère Public brésilien a aujourd’hui rejeté la proposition du président Jair Bolsonaro de commémorer le 31 mars le 55ème anniversaire du coup d’État perpétré par les militaires, et qui a été à l’origine d’une dictature ayant duré 21 ans.
« Il est incompatible qu’un État Démocratique de Droit puisse célébrer un coup d’État et un régime ayant adopté des politiques de violation systématique des droits de l’Homme et qui commettait des crimes internationaux », indique un communiqué du Ministère Public Fédéral (MPF).
En début de semaine, le porte-parole de la Présidence, Otávio Rego Barros, a rendue publique la sollicitude de Bolsonaro au Ministère de La Défense lui demandant de célébrer « les commémorations que méritait le 55ème anniversaire du coup d’État qui fut à l’origine de la dictature militaire ».
Toutefois, a précisé Rego Barros, il n’y a aucun évènement prévu à cet effet au Palais Présidentiel de Planalto, siège du Pouvoir Éxecutif.
Pour le Ministère Public Fédéral, l’attitude du Président de la République « ressemble à une apologie de la pratique des atrocités massives commises par la dictature militaire et, pour cette raison, elle mérite d’être condamnée politiquement et socialement, indépendamment des répercutions judiciaires qu’elle pourrait entraîner ».
Ce communiqué rappelle à Bolsonaro que le soutien à des coups d’État de la part des autorités brésiliennes sera réprimé par la loi et qu’ « utiliser les institutions publiques pour défendre ou célébrer des crimes porte atteinte aux principes les plus fondamentaux de l’administration publique ».
Le document est signé des procureurs Deborah Duprat, Domingo Sávio da Silveira, Marlon Weichert et Eugenia Gonzaga. Il insiste sur le fait que « le coup d’État de 1964, sans l’ombre d’un doute et sans faire preuve d’aucune sorte de révisionnisme historique, fut une rupture violente et anti-démocratique de l’ordre constitutionnel ».
Le Ministère Public est bien conscient que le verbe « commémorer » peut avoir d’autres acceptions, mais que l’intention du Président Bolsonaro est claire : « il veut célébrer le renversement du Gouvernement de Joao Goulart le 1 er avril 1964 et l’instauration d’une dictature militaire ».
Si une telle interprétation devait s’avérer exacte, continue ce communiqué, « cette proposition du Président a des implications constitutionnelles extrêmement graves car elle défend ouvertement le manque de respect à l’État Démocratique de Droit ».
Pour conclure, le Ministère Public assure les Forces Armées de sa confiance pour qu’elles continuent à s’en tenir fermement à l’application de leur rôle constitutionnel qui est la défense de la démocratie.
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