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L’héritage de Masetti vit toujours dans la voix de ceux qui, aujourd’hui, continuent sa lutte

Par Maylín Vidal

Buenos Aires, 22 avril (Prensa Latina)Jorge Ricardo Masetti, le journaliste et révolutionnaire argentin qui, il y a 60 ans, fonda l’Agence d’Informations  Latino-Américaine Prensa Latina, est toujours vivant au travers de la voix de ceux qui continuent aujourd’hui son combat pour un journalisme engagé, « objectif mais non impartial ».

Cette devise, à laquelle il fit amplement honneur, grâce à sa plume audacieuse et à son engagement auprès des cause justes, est de nos jours défendue en Argentine et à Cuba  où toute une nouvelle génération de reporters, de photographes, de communicateurs de Prensa Latin se sont formés au sein même de l’agence et sont toujours fidèles à son héritage.

Il y a exactement 55 ans, disparaissait dans la jungle d’Oran, une ville de la province argentine de Salta, le « Commandante Segundo » ( le « Second-en-Chef »), celui qui, à la demande du Che Guevara et sur les instructions de Fidel Castro, fonda une agence latino-américaine dans un but bien défini: contrer les fausses informations données au public par les grands  médias monolithiques qui déformaient la réalité cubaine et donc donner au public des informations  exactes et objectives sur ce qu’il se passait en réalité.

Aujourd’hui, à une époque d’extension vertigineuse de l’empire de la communication et de manipulations médiatiques constantes sur les réseaux sociaux, la présence de Masetti se fait de plus en plus nécessaire sur le continent sud-américain et, en particulier, dans son pays natal, où « faire du journalisme » est une tâche dangereuse, et où  beaucoup de  reporters ont perdu leur emploi ces derniers mois lorsque de nombreux journaux ont mis la clef sous la porte.

L’un de ces médias, qui vient de se taire après 84 années de bons et loyaux services en laissant à la rue 60 employés, est justement Radio El Mundo, la radio qui, en 1958, envoya Masetti comme envoyé spécial dans la Sierra Maestra pour interviewer Fidel Castro et le Che, un reportage qui changea pour toujours le destin du jeune Masetti.

Que serait devenu Masetti dans l’Argentine d’aujourd’hui ? Que serait-il  devenu dans l’Amérique Latine actuelle? Que seraient Rodolfo Walsh et Rogelio García Lupo, deux autres grands noms du journalisme de ces terres australes, qui figurent également parmi les fondateurs de Prensa Latina? Ce sont les questions que se posent les jeunes journalistes qui s’accrochent aujourd’hui  à leur héritage pour faire, comme eux, un journalisme engagé, objectif, mais non impartial.

Car, comme le formula Masetti dans l’une de ses phrases devenues historiques: « On ne peut pas demeurer impartial devant le bien et devant le mal ».

« Pour tout journaliste qui se place sincèrement du côté du bien, pour tout journaliste désirant appartenir au monde des justes, qu’il ait été formé ou non par Prensa Latina, qu’il ait été en contact ou non avec la Révolution Cubaine, la figure de Masetti revient toujours à l’esprit chaque fois qu’il réfléchit à ce que doit être son métier ».

C’est ce que nous a déclaré le célèbre journaliste et professeur Victor Ego Ducrot, lui qui travailla à Prensa Latina pendant de nombreuses années et qui, aujourd’hui, participe encore,  par ses articles dans la rubrique  » Signatures Choisies », à notre Agence dont le siège est à Cuba et qui a presque 40 bureaux dans le monde entier.

En tant que professeur à  l’Université de La Plata, ce journaliste reconnu est fier d’avoir contribué à l’élaboration d’un modèle théorique pour la production et l’analyse des contenus médiatiques, modèle inspiré par les concepts si chers à Masetti d’ « objectivité non-impartiale », d’engagement auprès des luttes populaires, de combat pour l’indépendance, pour la libération et pour un monde sans exploiteurs.

Pour le petit-fils de Masetti, Santiago, la meilleure façon de rendre honneur à son grand’ père, et à d’autres grands noms du journalisme de son pays, comme Walsh, c’est de faire aujourd’hui encore un journalisme libérateur au service, comme ils le disaient, de ceux qui n’eurent jamais de voix.

Dans l’Argentine d’aujourd’hui, dans une Amérique Latine où les gouvernements de droite commencent à ressurgir, il est vital, nécessaire, urgent d’exercer ce type de journalisme, nous affirme ce jeune homme qui tient à rester fidèle aux préceptes de son grand-père dont il a repris le flambeau.

Il en est d’autres aussi qui défendent l’héritage de Masetti de leur chaire ou de leur bureau, comme, par exemple, Sebastián Salgado, reporter mais également professeur à la Faculté de Journalisme à l’Université de  La Plata « où nous sommes fermement convaincus que l’information, contrairement à ce que certains voudraient parfois nous faire croire, est l’un des droits de l’Homme », insiste Sebastián Salgado.

« Je crois que, d’une certaine manière, il s’agit-là d’un des principaux traits de l’héritage que Masetti nous a laissé , à nous, les journalistes argentins et à tous les habitants de la « Patria Grande » ( la « Grande Patrie »: le concept politique visant à fédérer les États de l’Amérique hispanique) », nous explique l’actuel correspondant de la chaine Hispan TV pour qui « Prensa Latina » a réussi à  faire comprendre  » à tous les journalistes exerçant aujourd’hui que « faire du journalisme » peut également coûter la vie ».

Juan Mascaro et Esequiel Gómez ont découvert Masetti  en lisant le prologue de Walsh pour le livre  « Ceux qui luttent et ceux qui pleurent »; ils étaient étudiants en  journalisme à l’époque; aujourd’hui, ils sont toujours  passionnés par le personnage et considèrent que de le connaitre a été l’un des grands privilèges de leur vie.

Mascaro, co-producteur avec Gómez et d’autres collègues d’un documentaire qui porte le même titre que le livre qui l’a tant marqué -« Ceux qui luttent et ceux qui pleurent »- nous a avoué que cette rencontre avec l’un des journalistes les plus marquants de son pays  et des pays proches a été une véritable révolution pour lui.

« Masetti faisait partie d’une génération qui s’engagea corps et âme pour tout changer, pour la Révolution », nous a affirmé ce jeune expert en communication pour qui la dimension humaine du personnage est essentielle. « Avoir pu travailler avec sa famille et avec ceux qui l’ont connu nous a montré la véritable grandeur de l’homme ».

« L’exemple de la lutte menée par Masetti a une importance capitale en  ces temps de luttes médiatiques où la communication est devenue beaucoup plus  hégémonique qu’à son époque », tient-il à souligner.

« C’est pour cette raison qu’il est chaque jour plus important de revenir au type de communication qu’il exerçait car, de nos jours, l’information est capable de décider du sort d’une élection  et même du destin de tout un continent » conclut-il.

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