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Colporteurs, marchands ambulants, vendeurs à la sauvette: une tradition qui se perpétue en Argentine

Par Maylin Vidal

Buenos Aires, 31 mai (Prensa  Latina) Un monsieur corpulent monte dans l’autobus public reliant la banlieue de Buenos Aires au centre-ville et, sans une seconde d’hésitation, il se lance dans un discours dans lequel il décrit l’Argentine contemporaine: « ici, la seule chose qui ne coûte pas cher, c’est le salaire ».

L’homme, âgé d’un peu plus de 50 ans et dont les traits indiquent que la vie n’a pas toujours été tendre avec lui, exécute, en moins de cinq minutes, toute une série  de virelangues pour essayer de vendre un instrument « magique » qui, dit-il, permet de passer plus facilement le fil dans le chas d’une aiguille et, comme si cela ne suffisait pas, il  offre un jeu d’aiguilles en prime.

Les passagers, impassibles, le regardent avec attention pendant qu’il exécute des tours de magie avec son passe-fil vert-criard en plastique.

« Le prix que je vous propose est bien plus bas que celui du marché », ajoute-t-il. « Moi, je vous le vends trois cent fois moins cher que son prix réel. Et, croyez-moi, maintenant que vous avez-vu cet objet, vous pouvez dire que vous avez les deux choses les moins chères de ce pays. La première étant, bien-sûr, les salaires ».

À ce même arrêt d’autobus, un autre vendeur ambulant est monté. Il est plus jeune et chargé de quatre cartons de friandises. Avec une voix presque de ténor, à tue-tête, il vend « les bonbons les plus acidulés que l’on puisse goûter, de ceux qui vous mettent l’eau à la bouche. Profitez-en. Il n’y en aura qu’aujourd’hui », ajoute-t-il, « ils ne coûtent pas cher et sont délicieux ».

Dans cette ville de Buenos Aires, où les prix n’arrêtent pas de grimper et gagner sa vie est une véritable gageure, le métier de vendeur ambulant est l’un des plus communs.

C’est un emploi qui ne date pas d’aujourd’hui dans ce pays; certaines des phrases employées par ces vendeurs  ambulants se sont transmises de génération en génération: « Qui veut de ma petite eau bien fraîche? », criait déjà, en 1810, le porteur d’eau.

Le métier de porteur existe encore aujourd’hui, seulement, il s’est modernisé et les divers porteurs d’eau et de soda offrant ce service se déplacent dans les entreprises, et parfois même chez des personnes privées, pour transporter leur marchandise dans des bidons spéciaux portant de belles étiquettes.

Mais dans l’Argentine d’aujourd’hui, réussir à vendre quelque chose dans la rue est toute une odyssée, et les personnes exerçant ce métier doivent faire preuve d’une imagination débordante.

Dans le « subte » (c’est le nom que l’on donne ici au « métro »), des milliers de personnes défilent quotidiennement dans tous les sens et, sur les six lignes de métro de Buenos Aires, on rencontre aussi toutes sortes de vendeurs ambulants. Les-uns vendent des friandises, d’autres du matériel pour les portables, des écouteurs, du matériel scolaire, des ciseaux, pour ne citer que quelques exemples.

Très tôt, dès le petit matin, sur une ligne comme la ligne D, on peut voir aussi bien une dame avec un grand panier en osier qui vend ses « chiapas » (sorte de pain fait avec de la farine de manioc, du fromage, du lait, des œufs, du beurre et du sel), ou un chanteur de tangos qui vend son disque « à bon prix et en exclusivité », dit-il.

Et ce ne sont là que quelques maigres exemples de tous ces gens qui sortent dès le lever du jour dans les rues de Buenos Aires pour rentrer, Dieu sait quand, après avoir -avec toute l’ingéniosité de leurs discours qui font parfois éclater de rire les passagers- essayé de vendre leur produits pour amener de quoi manger à la maison.

peo/mgt/may

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