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Europe: le danger d’ignorer l’ascension de l’extrême droite

Par Glenda Arcia*

La Havane, 4 juin (Prensa Latina) Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945) et la défaite du nazisme et du fascisme, l’Europe s’est engagée à ne plus jamais permettre la répétition de périodes aussi sombres et aussi tristes.

70 ans plus tard, le « Vieux Continent » observe avec inquiétude la montée de groupes extrémistes, adeptes de l’intolérance, de la xénophobie, de l’antisémitisme et du racisme parmi d’autres formes d’exclusion.

Bien que les actions de ces groupes d’extrême-droite ne puissent être comparées à la terreur semée par Adolph Hitler et Benito Mussolini, la progression constante de ces courants de pensée dans divers pays réveille les craintes de la communauté internationale qui tire la sonnette d’alarme sur le danger d’oublier un passé ténébreux où des millions de personnes innocentes furent torturées et assassinées.

À la suite des dernières élections au Parlement Européen, l’équipe sortante de l’Union Européenne a tenu à mettre en avant « le triomphe de la démocratie et de ceux qui veulent travailler pour l’Europe » et elle a insisté sur le fait que la forte progression de l’extrême-droite a été moins forte que prévue et qu’elle a été contenue.

Cependant, selon les premiers résultats, des organisations comme Le Rassemblement National (dirigé par la française Marine Le Pen), La Liga (de l’italien Matteo Salvini), Alternative pour l’Allemagne, et le Parti de la Liberté autrichien totalisent 73 sièges dans le nouveau Parlement Européen.

Et, en effet, si ces résultats sont en-dessous de ceux prévus par les sondages et restent insuffisants pour que l’extrême-droite joue un rôle décisif dans la prise de décisions, le score atteint n’en est pas moins inquiétant.

Les sympathisants de ces idées extrémistes sont en tête dans des pays comme la Hongrie, la Pologne, le Royaume-Uni, l’Italie et la France et le risque existe qu’ils forment un front uni pour défendre des mesures extrémistes et racistes contraires aux principes de l’UE.

En 2018, les tribunaux allemands ont eu à se prononcer sur mille 700 délits de nature xénophobe et mille 799 actes antisémites, des chiffres supérieurs à ceux de 2017, révèle un rapport du Ministère de l’Intérieur d’Allemagne.

Selon ce document, l’augmentation est de 20 pour cent par rapport aux chiffres de l’année précédente et 90 pour cent de ces agressions ont été commises par des groupes d’extrême-droite.

D’après Horst Seehofer, le ministre de l’Intérieur allemand, le Bureau Fédéral  d’Investigation Criminelle a relevé 36 mille 62 cas de délits à caractère politique dont 20 mille 431 sont attribués à des représentants de l’extrême-droite, ce qui a incité la chancelière fédérale, Angela Merkel, et le ministre des Affaires Étrangères, Heiko Maas, à exprimer leur inquiétude et à encourager les citoyens à combattre tous les types de violence.

En France, en 2018, on a enregistré plus de 540 actes antisémites et, au Royaume-Uni, mille 652. Et d’autres pays, comme les Pays-Bas et la Suède, n’échappent pas à ce type de violence.

Une enquête récente de L’Agence pour les Droits Fondamentaux de l’UE a conclu que 89 pour cent des citoyens la communauté européenne estiment que l’antisémitisme a augmenté durant ces cinq dernières années et plus d’un tiers des juifs résidant dans l’UE ont déjà envisagé d’émigrer parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité.

Pour reprendre les paroles d’Esteban Ibarra, le prédisent de l’ONG Mouvement contre l’Intolérance: « un tsunami déshumanisant est en train d’envahir le Vieux Continent et ses multiples facettes remettent en question les valeurs démocratiques sur lesquelles s’est construit l’édifice européen ».

« Les épisodes d’horreur du nazisme et du fascisme ne sont pas encore enterrés et voilà, qu’une nouvelle fois, l’extrême droite renaît de ses cendres. Elle fait résonner le bruit des bottes, les persécutions de gitans, les explosions de violence, l’intolérance xénophobe, les incendies de mosquées, les attaques contre les immigrants, le racisme, la négation du libre-choix d’orientation sexuelle, et, surtout, les crimes de haine et les assassinats alimentés par le refus de reconnaitre une quelconque dignité à la différence », insiste Esteban Ibarra.

Ces forces d’extrême-droite, met-il en garde, utilisent l’horreur semée par le terrorisme djihadiste pour fomenter la peur et les attaques contre les étrangers et les groupes religieux.

« C’est cette Europe de l’intolérance qui nous menace. Ces derniers résultats électoraux sont plus qu’inquiétants. Ils montrent clairement les progrès de l’extrême-droite. Certains s’obstinent à considérer les immigrants comme des délinquants, les musulmans comme des fanatiques terroristes et les juifs comme des criminels », s’inquiète-t-il.

« Ils s’opposent à toutes les idées qui ne sont pas les leurs et à toutes les religions – y compris la chrétienne. Leur haine s’exerce contre tout ce qui est différent, que ce soit la  nationalité, l’ethnie,  les croyances ou le choix de vie sexuelle », insiste-t-il.

Il ne s’agit pas d’un nouveau problème, estime-t-il, mais d’une véritable crise de valeurs qui est devenue de plus en plus aiguë au fil des ans et à laquelle l’UE n’a  pas trouvé de parade légale stricte et efficace.

Pour de nombreuses personnes, ce succès des organisations extrémistes est dû à la situation économique, à l’échec des politiques traditionnelles, à la crise migratoire et bien d’autres facteurs, mais rien ne peut justifier que l’on défende des idéologies s’opposant au respect de la vie humaine, de la tolérance et de la cohabitation pacifique.

La priorité de l’Union Européenne n’est pas l’élection de sa nouvelle direction et la défense du projet européen, mais bien d’empêcher l’ascension de ces organisations criminelles.

peo/arb/gas

*Journaliste de la Rédaction Europe de Prensa Latina.

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