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Brésil: l’eau sale de l’opération « Lava Jato »

Par Osvaldo Cardosa Samón

Brasilia, 11 juin (Prensa Latina) Le scandale de l’échange de messages entre l’ancien juge  Sérgio Moro et d’autres de ses collègues pour inculper l’ancien président du Brésil, Luis Inácio Lula da Silva, déshonore le système judiciaire brésilien et dévoile aujourd’hui que les mensonges de Sérgio Moro ont eu besoin de complices.

Le site « The Intercept » a publié dimanche en exclusivité une série de reportages basés sur des conversations privées, des e-mails et des enregistrements audio échangés entre fonctionnaires ayant participé à l’opération anti-corruption Lava Jato (en référence  au service de lavage de voitures, premier endroit perquisitionnées par les  enquêteurs en 2014).

La teneur extrêmement grave de ces révélations confirme le rôle politique de l’opération Lava Jato, ainsi que l’arbitraire de l’enquête ayant conduit Lula à la prison où, depuis le 7 avril 2018, il purge une condamnation pour de supposés actes de corruption.

Les révélations de « The Intercept » mettent à nu la manière par laquelle Moro, l’actuel ministre de la Justice dans le Gouvernement de Jair Bolsonaro, a orienté, mis au courant et encouragé le procureur Deltan Dallagnol, qui dirigeait l’enquête de Lava Jato, au cours des divers procès intentés contre l’ancien dirigeant ouvrier.

Le travail de recherche des journalistes de « The Intercept » montre bien que  Moro, Dallagnol et leurs complices ont agi de manière concertée pour créer une fausse affaire judiciaire et forger des accusations dans un but uniquement politique: empêcher la victoire presque assurée de Lula aux élections présidentielles d’octobre 2018.

Le contenu des informations publiées par l’équipe de journalistes dirigée par Gleen Greenwald, également responsable de la publication en 2013 des documents fournis par Edward Snowden (ancien agent de l’Agence pour la Sécurité Nationale (NSA) des États-Unis), prouvent que Lava Jato n’est pas le résultat d’une action juridique mais qu’il s’agit d’une opération politique conduite en dehors du cadre de la loi.

Il y a quelques semaines, une source anonyme a fait parvenir des enregistrements à « The Intercept ». Les reportages rendant compte de ces informations sont publiés dans une série d’articles intitulés : « Les messages secrets de Lava Jato ».

Le premier article a rendu publiques les motivations politiques qui ont guidé les actions de Lava Jato. Le second révèle comment Moro a donné des instructions à Dallagnol et a suggéré des changements dans les diverses phases de l’opération, en plus de lui fournir des pistes et des sources pour mener l’enquête, violant ainsi la neutralité qui devrait être celle des magistrats.

Un troisième reportage montre comment Lava Jato a menti au Tribunal Fédéral Suprême au sujet de l’affaire de l’appartement triplex se trouvant sur le littoral de Sao Paulo.

Cette dernière affaire a servi à faire condamner l’ancien syndicaliste accusé d’avoir supposément reçu cet appartement d’une entreprise de construction en échange de l’obtention de contrats avec l’entreprise Petrobras.

En publiant ces conversations entre Moro et Dallagnol, « The Intercept » montre clairement que Moro « a influencé le travail du Ministère Public -ce qui est interdit par la loi- et que ses interventions ont été utilisées de manière informelle comme si Moro était un auxiliaire de l’accusation », c’est-à-dire du procureur Dallagnol.

« The Intercept » précise que « l’action coordonnée entre le juge Moro et le Ministère Public en dehors des audiences et audits ( c’est-à-dire des réunions internes et des documents composant le procès proprement dit) est en infraction flagrante avec le principe d’impartialité prévu par la Constitution et le Code Éthique de la Magistrature.

De plus, ces nouvelles informations « s’inscrivent en faux contre l’affirmation des acteurs de l’opération Lava Jato lorsqu’ils assurent que les accusés et les accusateurs ont été traités de manière égale ».

Moro et Dallagnol ont toujours été accusés d’opérer de concert dans l’opération Lava Jato, mais, jusqu’à maintenant, il n’existait pas de preuves explicites de cette action conjointe, fait remarquer le site digital « The Intercept ».

À ce sujet, la défense de Lula rappelle que dans un communiqué présenté officiellement devant le Comité des Droits de l’Homme à l’ONU, en juillet 2016, il avait été démontré, avec de nombreuses preuves à l’appui, que, pendant l’opération Lava  Jato, il y avait eu une action concertée entre le Ministère  Public et Moro « poursuivant un objectif établi à l’avance et dont l’intention politique évidente était d’amener Lula devant les tribunaux, de le condamner et de lui enlever la liberté ».

L’avocat Cristiano Zanin dénonce le fait que les agissements concertés de Moro (chargé,  à l’époque, de juger cette affaire) et du Ministère Public étaient motivés par un objectif politique et qu’ils ont fait de Lula et de sa famille les victimes des actions les plus arbitraires de la part des institutions juridiques.

Le journal digital fait également remarquer que le rétablissement  de la pleine liberté pour l’ancien président est une mesure urgente qui doit être accompagnée d’une reconnaissance sans restrictions du fait qu’il ne s’est rendu coupable d’aucun des délits dont on l’accuse et qu’il est la victime d’une « lawfare », c’est-à-dire d’une guerre juridique où l’ennemi manipule les lois et la procédure à des fins de persécution politique.

Pour le moment, le Conseil National du Ministère Public du Brésil a annoncé qu’il procédera à une enquête au sujet de ces messages échangés entre Moro et les magistrats en charge de l’opération Lava Jato.

L’Ordre des Avocats du Brésil (OAB), de son côté, se dit « perplexe et inquiet » et recommande à Moro et à Dallagnol de renoncer à leurs charges respectives pendant la durée de cette enquête sur leurs actions illégales visant à incriminer Lula.

Pour jeter un peu plus d’essence sur le feu, Greenwald a fait savoir que « The Intercerpt » avait encore beaucoup de matériel à publier sur les actions illégales de l’équipe chargée de l’opération Lava Jato et de Moro, qui semble s’obstiner à tout faire pour que la vérité n’éclate pas.

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