Buenos Aires, 12 juillet (Prensa Latina) Le procès contre les génocidaires responsables de la disparition de centaines d’argentins, entre 1976 et 1978, dans l’ancien camp clandestin « Campo de Mayo », a repris mercredi à Buenos Aires avec les témoignages de parents et amis de plusieurs victimes.
Selon un communiqué de l’Association des Grands Mères de la Place de Mai, ce procès concerne pas moins de 175 affaires, comme celle de Mercedes Benz, du Collège Militaire, de l’Espace 400 et des Chemins de Fer, entre autres. Au total, il s’agit d’analyser et de juger les cas de 323 victimes.
Plusieurs des personnes impliquées dans les crimes perpétrés lors de ces jours sombres d’une dictature (1976-1983) qui a laissé de nombreuses plaies ouvertes dans le pays comparaîtront en audience devant les juges Daniel Omar Guttiérrez, Silvina Mayorga et Nada Flores Vega, du Tribunal Oral Fédéral Numéro 1 de San Martín.
Des parents des victimes qui furent séquestrées dans ce qui était alors le Centre Clandestin de Détention et d’Extermination du Camp de Mai ainsi que dans la Zone de Défense IV seront entendus comme témoins au cours de ce procès, et parmi eux, notamment, les parents de Myriam Coutada, disparue alors qu’elle était enceinte de huit mois et de son compagnon Alberto Lagrutta.
La sœur de Myriam, Mabel Coutada, et son époux, Juan Carlos Houlle, interviendront par vidéoconférence depuis la ville de Rosario, précise le communiqué des Grands Mères de la Place de Mai.
Ce communiqué signale également que 21 personnes seront assises sur le banc des accusés, 12 d’entre elles n’ayant jamais été condamnées auparavant et 9 l’ayant été pour d’autres délits.
« Notre Association a porté plainte contre huit membres de l’Armée, de la Police Fédérale et de la Gendarmerie Nationale, pour des crimes commis sur 46 victimes, 14 d’entre elles étant des femmes enceintes, 9 des parents d’enfants qui ont été ensuite séquestrés par les autorités de l’époque, et 23 autres cas divers », précise le communiqué.
Les Grands Mères de la place de Mai ajoutent que, dans ce procès géant, on a déjà pu retrouver cinq des enfants nés pendant la captivité de leur mère ou séquestrés avec leurs parents mais qu’il en reste encore 10 autres à découvrir.
Depuis presque deux mois, tous les mercredis, dans la localité de San Martín, ce procès se poursuit et on peut y écouter les divers témoignages concernant les cas qui y sont jugés.
En juin dernier, pendant ce procès sur les crimes commis au Camp de Mai et pour lequel plus d’une centaine d’enquêtes sont encore en cours, on a pu entendre le témoignage d’un ancien sergent, Nelson González, qui a déclaré avoir été témoin de ces crimes et a apporté des informations précieuses sur ce qu’on appelait « les vols de la mort » ainsi que sur le mécanisme des séquestrations, des tortures et des disparitions.
Par vidéoconférence, depuis la province de Neuquén, en Patagonie, González a affirmé qu’ « environ quatre mille personnes passèrent par le Camp de Mai avant d’être jetées, encore vivantes, à la mer ».
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